Abolition de la peine de mort : un combat pour la civilisation

mercredi 12 octobre 2016.
 

10 octobre Journée mondiale contre la peine de mort

"Le mouvement ­abolitionniste va certes dans le sens de l’Histoire, mais il a encore un difficile travail de conviction à mener auprès des opinions publiques pour faire reculer l’assassinat légal. Ce combat vaut d’être mené. En France, on guillotinait jusqu’en 1981. Cela semble une éternité."

Quelques jours seulement après que le pape François eut lancé, à la tribune du Congrès des États-Unis, un appel à une abolition totale de la peine de mort, une femme de 47 ans était exécutée par injection létale dans une prison de Géorgie. Le souverain pontife était même intervenu pour que la sentence qui frappait Kelly Gissendaner soit commuée «  en une peine traduisant à la fois la justice et la pitié  ». L’acharnement des juges de l’État et de la Cour suprême fédérale qui ont passé outre toutes les invitations à la clémence montre combien le combat humaniste est loin d’avoir partie gagnée contre le droit à la barbarie que défendent jalousement de trop nombreux États. La manière dont se rend la justice est un reflet de l’état de la société. Toute persistance dans le Code pénal de recours à la mise à mort d’un homme ou d’une femme comme expiation d’un acte criminel réel ou supposé ressort de la vendetta et de la loi du talion, et non de la sanction et de la réhabilitation. Les définitions des crimes selon les législations ou les coutumes n’ont rien d’universel  ; c’est ainsi qu’en Arabie saoudite, une monarchie dans les meilleurs termes avec les autorités de notre République, un jeune homme de 21 ans, Mohammad Al Nimr, risque d’un jour à l’autre d’être décapité et crucifié pour avoir manifesté contre le gouvernement.

Le 10 octobre est la journée mondiale contre la peine de mort. Son abolition est réclamée dans un vote du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, acquis à une majorité modeste (26 voix sur 47). Le mouvement ­abolitionniste va certes dans le sens de l’Histoire, mais il a encore un difficile travail de conviction à mener auprès des opinions publiques pour faire reculer l’assassinat légal. Chine, États-Unis, Arabie saoudite, Iran, forment le peloton de tête, mais des dizaines d’autres États érigent des gibets, aménagent des champs de tir. Ce combat vaut d’être mené. En France, on guillotinait jusqu’en 1981. Cela semble une éternité.

Jean-Paul Pierrot, L’Humanité


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