Tribune de Pascale Le Néouannic, parue dans l’hebdo des socialistes
La « mondialisation » est-elle un processus bénéfique spontané politiquement neutre qui contribuerait de façon irréversible à la croissance économique mondiale ? Ou bien est-ce un modèle particulier d’accumulation capitaliste, politiquement produit, qui accroît les inégalités au sein des pays et entre eux, menace l’emploi et le niveau de vie. Ce débat traverse le Parti socialiste... et certains proposent de « changer le logiciel », considérant que ce système est finalement le meilleur pour la création de richesse...Ils souhaitent que le PS accepte cette « mondialisation » et se concentre sur l’élaboration d’un programme « qui organiserait l’encadrement du capitalisme ».
Je pense que cette analyse est basée sur une critique incomplète de ce qu’est le nouvel âge du capitalisme et des raisons qui ont mis en impasse toutes les stratégies social-démocrates dans le cadre national. Loin d’être un phénomène naturel, la libéralisation des mouvements de capitaux a contribué à « l’accumulation » sans lien avec la production réelle. Cette financiarisation de l’économie, cette tendance irréductible à tout transformer en marchandises est quelque chose qui ne remet pas seulement en cause notre modèle économique mais qui cherche à s’imposer comme modèle unique d’organisation. Ce capitalisme est irréductiblement hostile aux formes de régulation collectives : pour fonctionner, il doit éliminer la régulation et par conséquent celle qui est à l’origine de toutes les autres, la régulation citoyenne.
C’est pourquoi ce nouveau modèle d’accumulation, cette mondialisation percute de plein fouet l’identité Républicaine de la France. Elle ne s’imposera en France qu’au prix d’une véritable destruction des fondamentaux du pays. C’est ce que veut accomplir le gouvernement Sarkozy en tentant de faire accepter dans les têtes des mesures de remises en cause d’acquis sociaux, sous couvert de mutations obligées... La réforme des régimes spéciaux de retraite en est un bon exemple. L’analyse du nouvel âge du capitalisme est donc un enjeu pour toute stratégie de transformation sociale. Nous ne réglerons rien si nous acceptons de nous fondre dans ce système. Jaurès disait quand on arrive pas à changer les choses, on change les mots... Ne serait-ce pas ce que nous ne sommes en train de faire ?
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