Bolivie : Evo Morales nationalise pétrole et téléphonie

samedi 3 mai 2008.
 

La Bolivie sera l’actionnaire majoritaire de quatre compagnies pétrolières et de Entel, jusqu’à hier Euro Telecom.

Avec Repsol (Andina), il y a eu négociation, mais avec le reste des entreprises étrangères -Chaco, Transredes et la Compagnie Logistique d’Hydrocarbures Boliviènne-, cela a été fait par décrets.

Le gouvernement bolivien a acheté des actions pour devenir l’actionnaire majoritaire des compagnies pétrolières Andina, Chaco, Transredes et la Compañia Logistica Hidrocarburífera Boliviana, auparavant aux mains de capitaux argentins, péruviens, espagnols, anglais, hollandais et allemands. Il a aussi récupéré l’Entreprise Nationale de Télécommunications (Entel), jusqu’à hier administrée par l’Italienne Euro Telecom Internacional (ETI). Le président Evo Morales en a fait l’annonce devant des milliers de personnes qui célébraient le Jour du Travailleur sur la place Murillo à La Paz.

"Nous voulons des associés, pas des propriétaires de nos ressources naturelles", a-t-il soutenu le président bolivien depuis la tribune. Et il en a profité pour répondre au gouvernement des États-Unis, qui dans un rapport du Département d’État signalent la Bolivie comme "un possible lieu pour des activités terroristes" en raison de ses liens avec le gouvernement de l’Iran.

Avec Repsol-YPF, de capitaux argentins et espagnols, le gouvernement est arrivé à un accord. Avec le reste des entreprises, il a du utiliser des décrets. Dans la ville de Santa Cruz de la Sierra, l’édifice de Transredes -de la britannique Ashmore et de l’anglo-hollandaise Shell- était sous vigilance policière pour que personne n’y retire de documents. Dans la ville cruceña de Camiri, il se passe la même chose devant le siège de l’entreprise Chaco, administré par le groupe British Petroleum. Tomás García Blanco, représentant de Repsol-YPF, a signé dans le Palacio Quemado la vente d’actions à l’État pour 6 millions de dollars. Ensuite, il a exprimé "la satisfaction de s’être acquitté du désir du peuple bolivien de récupérer la majorité des actions dans les compagnies capitalisées (privatisées)". Et il s’est engagé à "continuer de travailler de manière coordonnée avec YPFB (Yacimientos Petrolíferos Fiscales de Bolivia) pour montrer un exemple modèle entre une entreprise étatique et une privée".

Quant à lui, Morales a soutenu que "le pays a réellement besoin d’investissements. Le gouvernement bolivien garantira aux entreprises qui respectent les normes boliviennes qu’elles puissent investir comme associés et de cette façon continuer d’explorer et d’exploiter les hydrocarbures".

A travers le Décret Suprême 29.544, le gouvernement a aussi nationalisé l’entreprise de télécommunications Entel. Morales a garanti la stabilité des travailleurs au moyen d’un autre décret. Et il a indiqué : "Si nous avons tardé plus de deux ans (pour étatiser Entel), cela n’a pas été par faiblesse, cela n’a pas été par négligence. Nous avons essayé de dialoguer, de négocier avec Euro Telecom, les ministres ont fait des efforts, mais lamentablement il n’y a pas eu de volonté de la part de l’entreprise".

Entel, qui était en litige avec la Bolivie devant le centre d’arbitrages internationaux Ciadi de la Banque Mondiale, "a une dette de 200 millions de boliviens (25,6 millions de dollars)", selon le bureau des Impôts. La demande auprès de tribunal avait donné lieu à ce que dans les premiers jours de mai le gouvernement bolivien annonce son retrait du Ciadi.

Du côté du gouvernement, on indique que la nationalisation d’Entel découle "de l’inaccomplissement de contrats, de mauvaise gestion administrative et de manque de transparence". Sur la place Murillo, Morales a argumenté que "les services de base sont des droits de l’Homme".

Evo s’est aussi rapporté au rapport publié mercredi par le Département d’État des Etats-Unis, dans lequel il est écrit : "l’instabilité politique, un cadre légal faible et fluctuant, la croissante culture de feuille de coca et l’ouverture de relations diplomatiques avec l’Iran montrent la Bolivie avec un nouveau potentiel comme lieu possible d’activités terroristes".

Le bolivien a dit : "Avec beaucoup de respect, je demande au gouvernement des Etats-Unis de retirer ses troupes d’Irak, ainsi nous pourrons le croire quand il dit qu’il lutte contre le terrorisme". Et il a précisé que "pour un système sauvage et inhumain comme le capitalisme, les luttes sociales pour l’égalité sont du ’terrorisme’. Le capitalisme doit comprendre que s’il n’y a pas d’égalité il n’y aura jamais de paix. Peu importe qu’ils continuent de m’accuser parce que ce chemin de changement est sans retour. Quelques secteurs oppositeurs parlent de ’renverser l’Indien’ (pour lui). Ils pourront renverser l’Indien, mais jamais le peuple bolivien".

Sebastián Ochoa, Pagina/12, 02 mai 2008.

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr


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