Depuis une dizaine d’années maintenant je crois que les profs sont dans le viseur des tenants de la « rigueur »financière et du défaitisme culturel.

Il n’est plus question,lorsque nos décideurs s’expriment à propos de l’éducation que de diminutions, réductions, suppressions, révisions à la baisse, simplifications, démantèlements, rabaissements, nivellements, dégraissage-en termes de postes, classes, salaires, établissements, filières, options..etc. La France de Jules Ferry et de Jean Zay devrait se résoudre à n’être plus que la France de l’Ecole au rabais.

Quand l’éducation est négligée les profs sont dans l’insécurité,y compris physiquement( !),les jeunes générations sont méprisées et la population tend à être moins bien éduquée(comme le rappellent tristement la récente banderole insultant violemment les « Ch’tis »,les profanations tous cimetières confondus en passant par des crimes odieux qui ont légitimement soulevé l’indignation de l’opinion).

Je l’avoue je suis prof et j’en suis même un peu fier(secrètement),je trouve que mon métier est difficile mais qu’il a du sens.Apprendre à des jeunes que la mémoire des civilisations passées et actuelles est nécessaire pour que l’aventure humaine se poursuive,pour tisser du lien social par-delà nos différences et notre commune appartenance au genre humain ....et bien ça vaut de l’or.

Inculquer à des enfants,des adolescents,de jeunes adultes(de toutes origines,de toutes confessions)les rudiments de la citoyenneté,de la civilisation française,des cultures du monde ça n’a pas de prix.

Ouvrir un peu les fenêtres du monde à des milliers de jeunes qui trop souvent se contentent de l’entresoi c’est non seulement précieux mais c’est vital dans une société de plus en plus intolérante,brutale,injuste et cloisonnée(en dépit de l’internet et du téléphone portable !).

Les chemins de l’émancipation par la connaissance et l’esprit critique ne sont pas les plus aisément praticables(en apparence du moins).Il n’en demeure pas moins vrai qu’une jeunesse méprisée,livrée à elle-même parfois même abandonnée obère dangereusement l’avenir de notre nation qui rappelons-le sans fausse modestie,est une grande nation.

Par-delà les dogmes de la rigueur budgétaire(qui consistent soit dit en passant à offrir des milliards à ceux qui n’ont besoin de rien et à faire les poches des pauvres) il convient maintenant de se poser sérieusement la question :quelle société voulons-nous ?

* Celle du show permanent de puissants inintéressants et gavés de fric(au point de le jouer en bourse comme d’autres jouent au casino,de le claquer,de le flamber jusqu’à la nausée)se donnant en spectacle sans aucune pudeur,sans aucune vergogne quand d’autres peinent à se loger décemment,à occuper un emploi assorti de droits dignes d’êtres humains,à se hisser au-dessus du seuil de pauvreté,à se soigner tout simplement ?

* Ou bien une société dans laquelle régnerait une justice sociale minimale,où le travail signifierait effort certes mais aussi reconnaissance sociale,droits élémentaires respectés(qualifications,conditions salariales,horaires,protection sociale), vie digne et pourquoi pas fierté. Si en plus c’était dans la bonne humeur alors.... !

Nous sommes en 2008, pas au temps de la féodalité triomphante, la France est un grand pays démocratique,tout le monde n’est pas encore amnésique ou complètement « gogo ». Alors il semble que le temps va venir de le faire savoir clairement à nos dirigeants.C’est probablement un problème de communication.C’est certainement de nos vies qu’il est question.

Surmely