« Elus et travailleurs sociaux doivent élaborer des travaux en commun" (Paulette Guinchard, responsable PS au travail social)

mercredi 28 juin 2006.
 

Paulette Guinchard, responsable nationale du PS aux politiques sociales, a proposé à l’Assemblée nationale, une rencontre avec les professionnels, les usagers et les responsables politiques du secteur social. Sur le thème « formation et travail social », les socialistes ont voulu prolonger le dialogue avec certains organisateurs du collectif « 7, 8, 9, vers les états généraux du social ». Paulette Guinchard estime qu’il est essentiel d’établir des rencontres régulières pour réfléchir, notamment, aux liens entre élus politiques locaux et travailleurs sociaux, aujourd’hui assez conflictuel en raison de la décentralisation d’une grande partie de l’action sociale, en France.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux en France ?

Ils sont confrontés à des évolutions profondes. On peut penser, en particulier, à la problématique des travailleurs pauvres. C’est une première chose en termes de problèmes de société. Par ailleurs, ils sont aussi confrontés à des évolutions très lourdes dans leur travail. La décentralisation les a amenés à travailler de manière tout à fait différente, en particulier à cause de la décentralisation en direction des conseils généraux. On a donc à construire tous ensemble une nouvelle façon de travailler avec des élus et des travailleurs sociaux.

Ils sont enfin confrontés à des questions de violence dues à l’organisation. En effet, on a individualisé l’accompagnement, car les situations de difficulté ne sont jamais les mêmes. Mais, ainsi, on rend les gens fragiles seuls responsables de leurs difficultés, on les culpabilise. Les travailleurs sociaux disent très souvent qu’ils ont en face d’eux des gens qui ne sont pas forcément là pour faire un travail d’ensemble, mais uniquement pour essayer d’avoir accès à des dispositifs.

Cependant, l’Etat a créé des dispositifs très encadrés, très contrôlés pour chacune des situations : mères seules, personnes avec un très faible revenu,...On a à gérer un certain nombre de dispositifs séparés, mais qui, en fin de compte, mériteraient un travail d’une plus grande souplesse. Il faut donc retravailler, avec les organisations professionnelles de travailleurs sociaux, les questions de l’organisation du travail social et de l’action sociale. Il faut mener un travail de fond avec les travailleurs sociaux à mettre à l’intérieur du projet socialiste pour 2007. Cela passe par la formation, l’évolution de leurs conditions de travail dans le cadre de la décentralisation, et les dispositifs de recherche au niveau national.

Comment faire évoluer la formation des travailleurs sociaux ?

L’une des questions les plus importantes auxquelles sont confrontés les travailleurs sociaux, c’est la question du doute, comme pour beaucoup de professions qui travaillent dans l’humain. Du coup, les réponses ne sont pas forcément des réponses uniques. Les réponses doivent être à la fois individuelles et inter-disciplinaires. Nos formations doivent pouvoir prendre en compte ces deux méthodes de travail. Enfin, il nous faut réfléchir à la place de la personne accueillie : comment faire le cheminement avec la personne ?

Vous avez évoqué, lors des états généraux du projet socialiste, à Rennes, la solution des états généraux du travail social. En quoi cela consisterait ?

Il s’agit justement d’accompagner ce travail de fond nécessaire au niveau national et local. Il faut relancer la dynamique de la réflexion. Il n’y a pas uniquement la solution de la sécurité, il n’y a pas uniquement la question de la justice, on sait maintenant que là on l’on manque de travailleurs sociaux, la violence se développe de façon plus importante. Il faut donc que les travailleurs sociaux se sentent à nouveau très fortement entendus. Elus et travailleurs sociaux doivent élaborer des travaux en commun. Il ne faut pas les opposer.


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