Victoire du communiste Demetris Christofias à Chypre

lundi 25 février 2008.
Source : AFP
 

Le candidat communiste Demetris Christofias , partisan d’une reprise des pourparlers sur la division de Chypre, dont la partie nord est occupée par la Turquie depuis 1974, a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle devant son rival conservateur.

Le chef du parti communiste Akel, 61 ans, a recueilli 53,36% des voix contre 46,64% à l’ancien ministre conservateur des Affaires étrangères Ioannis Kasoulides, 59 ans, selon les résultats officiels définitifs.

Le taux de participation a dépassé les 90%.

Dans les rues de Nicosie, des concerts de klaxons ininterrompus ont salué la victoire du candidat communiste, qui devient ainsi le sixième président de l’ancienne colonie britannique indépendante depuis 1960, une semaine après la défaite du sortant Tassos Papadopoulos, 74 ans.

Devant le quartier général du parti communiste à Nicosie, une foule de partisans de Christofias fêtaient leur nouveau président, favori de l’élection, en agitant des drapeaux chypriotes arborant le slogan "une société juste" ainsi que les drapeaux rouges du parti et des portraits de Che Guevara. "Demain est un nouveau jour et nous aurons devant nous de nombreuses difficultés, a lancé le nouveau président. Nous devons rassembler nos forces pour parvenir à la réunification de notre patrie".

"Je veux adresser un message d’amitié aux Chypriotes-turcs, le message d’un combat commun pour réunifier notre patrie, pour que nous gérions nos affaires sans intervention étrangère", avait déclaré le vainqueur après avoir déposé son bulletin dans l’urne.

Président du Parlement sortant, Christofias, distancé de 980 voix au premier tour par Kasoulides, était soutenu par les sociaux-démocrates (Edek) et le parti Diko (centre-droit) de Papadopoulos.

Premier dirigeant du Parti communiste chypriote candidat à une présidentielle, Christofias devient le seul chef d’Etat communiste dans un système présidentiel au sein de l’Union européenne.

Kasoulides, partisan comme son rival d’une reprise des négociations de paix et d’une rupture avec la position intransigeante adoptée par Papadopoulos, a concédé sa défaite peu avant l’annonce des résultats définitifs.

"J’ai félicité Christofias et l’ai assuré que je serai à ses côtés dans les efforts pour résoudre le +problème chypriote+, a-t-il déclaré. Ce fut une campagne difficile (...). Nous avons évoqué des questions qui n’avaient pas été discutées jusqu’alors".

Kasoulides, soutenu par le principal parti de droite (Disy), avait reçu l’appui de la puissante Eglise orthodoxe de Chypre et n’avait cessé de mettre en avant son expérience de député européen et ses bonnes relations avec les capitales européennes.

"Je laisse derrière moi un pays démocratique au coeur de l’Europe, plus fort que jamais", avait déclaré pour sa part Papadopoulos, après avoir voté. Le mandat de ce vétéran de la politique chypriote aura été marqué par l’entrée de l’île dans l’UE en mai 2004, puis par l’adoption de l’euro le 1er janvier dernier.

Au total, 516.000 électeurs étaient appelés aux urnes entre 07H00 et 17H00 (05H00 et 15H00 GMT) dans les 1.159 bureaux de vote de l’île.

Pour la première fois, quelque 400 Chypriotes-turcs résidant au sud de l’île ont été autorisés à voter lors de cette présidentielle. Les habitants de la partie nord de l’île, autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN) en 1983, n’ont pas le droit de vote.

Chypre est divisée depuis l’invasion turque de 1974, déclenchée en réponse à un coup d’Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui voulaient l’unification de l’île à la Grèce.

Depuis cette date, la Turquie déploie des troupes en RTCN, dont le gouvernement n’a été reconnu que par Ankara.


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