Municipales : Vis à vis des listes de gauche, Lutte Ouvrière enterre la hache de guerre

mardi 26 février 2008.
 

Union . Pour la première fois, le parti d’Arlette Laguiller tend la main à la gauche aux municipales, reconnaissant l’union comme un moyen efficace de s’opposer à la droite.

Un vent de révolution souffle à Lutte ouvrière. Ses militants font l’apprentissage de l’union avec les autres forces de gauche aux élections municipales. Cela devrait se traduire par la présence de représentants de LO sur une soixantaine de listes d’union. Dans environ 80 autres villes, LO se présentera seule, invoquant « le refus du PC, du PS, ou de ces deux partis » qui aurait « rendu tout accord impossible ». Et dans « les cas où le PS se présente contre les maires communistes sortants », LO penche « en règle générale » pour le PCF, explique Georges Kaldy, dirigeant de l’organisation.

Une donne inédite depuis 1974 et la première candidature d’Arlette Laguiller à la présidentielle. Jusqu’alors, LO s’est limitée à appeler à voter, au mieux, à gauche au second tour de la présidentielle (pour François Mitterrand en 1981 et pour Ségolène Royal en 2007) et, au pire, pour aucun candidat en lice (en 1988, 1995 et 2002). Pour Georges Kaldy, la situation a changé : « Lors des municipales de 2001, la gauche était au gouvernement, et nous ne voulions pas cautionner sa politique. Aujourd’hui, cela fait plus de cinq ans que la droite est au pouvoir », s’est aperçu le dirigeant, qui « entend la volonté des travailleurs de tout faire pour s’opposer à cette droite ». Cela passe donc par des accords pour éviter les « listes de division ». Pour Colette Cordat, candidate à Bourges sur la liste de la gauche unie, ce rapprochement est « naturel », après « avoir combattu ensemble, dans l’opposition municipale depuis 2001, la politique du maire de droite ». Un pas aisé à franchir aussi pour Philippe Julien, élu sortant à Saint-Denis et candidat sur la liste de Didier Paillard (PCF), qui dit « avoir voté en six ans à 80 % avec la majorité municipale ». Lui ne voit « pas de divergences suffisantes » à gauche pour justifier la liste dissidente du PS.

Pour d’autres, la pilule est plus dure à avaler. À Nantes, Hélène Defrance, tête de liste LO, n’a pas pris contact avec la gauche rassemblée derrière Jean-Marc Ayrault (PS). « De toute façon, on aurait essuyé un refus », argumente la candidate, qui mènera une liste d’« opposition de gauche » au maire sortant, tout en reconnaissant des qualités certaines à sa gestion. À Wattrelos (Nord), des querelles internes ont éclaté, ayant conduit à la mise sur la touche des élus sortants LO opposés à l’union. À Agen, les militants trotskistes pourraient se présenter sur des listes séparées. « Pourquoi reprendre l’argument de nos adversaires qui nous accusent de diviser la gauche en nous présentant ? », s’agace Michelle Verdier, adhérente de la « fraction » minoritaire de LO, récemment « suspendue », et qui militait pour un accord électoral avec la LCR. Elle dénonce « un revirement à 180 degrés dicté par le choix opportuniste de conserver des élus », dans un contexte où LO craint une descente aux enfers électorale après son revers à la présidentielle (1,3 % en 2007, contre 5,7 % en 2002). Reste l’ascendant pris par la LCR à l’extrême gauche face à sa rivale pour expliquer le nouveau choix de LO. La direction le nie, parlant d’« affabulations » de journalistes. Mais selon ses opposants, « cela a bien sûr pesé. Et c’est absurde, vu la fragilité des scores d’un scrutin à l’autre ».

De : Sébastien Crépel mercredi 20 février 2008


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