Le sexe des femmes n’est pas un produit marchand !

vendredi 23 juin 2006.
 

Dès son intitulé, l’article « Contre le proxénétisme, mais pas de condamnation morale de la prostitution » paru dans Respublica montre l’ignorance totale de la position de la France et des textes internationaux que nous défendons contre les lobbies proxénètes et pour la fin de cet esclavage, « incompatible avec la dignité et la valeur de la personne humaine ».

Les conventions internationales ne jugent pas les prostituées et ne les pénalisent pas. Il aurait suffi de consulter le site de la CATW pour connaître les combats menés depuis le milieu du XIX° siècle, ici et ailleurs.

Mais est-il nécessaire de consulter pour réaliser que la prostitution est une exploitation inadmissible de la pauvreté, de la détresse, de l’ignorance, de la misère, financière ou sexuelle, humaine. Comment ignorer la violence de l’acte sexuel marchand ?

Comment pouvez-vous accepter la marchandisation du corps humain par ceux qui ont les moyens financiers d’acheter un autre être humain pour la satisfaction d’irrépressibles « besoins sexuels » grâce à ceux qui en tirent d’immenses profits ?

Comment pouvez-vous être dupe du discours de certaines personnes prostituées qui se répandent dans les médias pour légitimer leur asservissement volontaire, en détournant le droit à disposer de son corps ?

On connaît depuis Hegel, la dialectique du maître et de l’esclave, Albert Camus la rappela entre victimes et bourreaux. Condorcet écrivait « Ou tous les individus ont les mêmes droits ou aucun individu de l’espèce humaine n’a de véritables droits. ».

Puisque cela semble nécessaire, voici quelques rappels, d’évidence, sur le système prostitutionnel :

1° les prostitué(e)s sont des victimes.

En tant que personnes exploitées, dans leur pays ou transplantées, elles ont droit à protection et sécurité. La loi Sarkozy sur le racolage est contraire à tous les engagements internationaux de la France. C’est réintroduire la notion de comportement ou d’attitude de la victime qui pourrait justifier ce qu’elle a subi. Nous ne vous avons pas entendu dans ce combat.

2° Les clients, la demande sont les responsables.

L’achat de sexe doit être clairement interdit. L’argument selon lequel il perdurerait de manière camouflé ne tient pas. Ou alors il faudrait revenir sur toutes les lois. L’interdit de tuer figure dans la loi, puisqu’il y a des homicides pourquoi garder la loi ?

Plus sérieusement, si l’on est autorisé à acheter des rapports sexuels, cela signifie que toute personne est achetable, à condition d’y mettre le prix. Puisqu’on paye le produit marchand, l’objet sexuel, toutes les exigences doivent être satisfaites : on peut imposer l’absence de préservatifs, l’âge, toutes les violences et toutes les perversités.

Quand l’interdit est posé, les violences diminuent, comme en Suède où l’amende pour l’acheteur est indexée à ses revenus ! Les trafics maffieux n’ont plus de profits, donc abandonnent cette exploitation.

Faut-il rappeler Victor Schoelcher « Si on ne peut cultiver les Antilles qu’avec des esclaves, il faut renoncer aux Antilles ». ?

3° Le proxénétisme doit être combattu.

Les réseaux maffieux proxénètes se transforment en « industriels du sexe » avec des profits énormes (5% du PNB des Pays-Bas). Ils rapportent plus que la drogue et les armes, avec des risques moindres. Grâce à la manipulation financière ou mentale, les dénoncer serait ringard !

La légalisation de l’ouverture des maisons accroît les violences envers les prostitué-e-s, leur insécurité et la prostitution clandestine.

Michèle Vianès


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