Cette nuit, intervention violente des CRS contre les grévistes de Carrefour Marseille

samedi 16 février 2008.
 

1) Carrefour Marseille : CRS contre salariés

Les salariés de l’hypermarché Carrefour de Marseille sont en grève depuis 15 jours pour demander une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Les grévistes ont été contraints par la justice de laisser libre l’accès au centre commercial Grand Littoral qui reste cependant très affecté par le mouvement. Vendredi soir, les CRS ont chargé pour permettre à des camions de livraison de passer.

L’hypermarché est bien ouvert mais les clients sont rares : une centaine de salariés du magasin Carrefour de Marseille, sur les 571 du site, sont en grève depuis 15 jours pour réclamer une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Ils ont en fait débuté leur mouvement au moment de la mobilisation nationale et inédite dans le secteur de la grande distribution début février et ne se sont pas arrêtés depuis. Vendredi soir, les CRS sont intervenus pour déloger des salariés et permettre aux camions de livraison de passer. Une femme enceinte a été blessée et hospitalisée.

Les grévistes ont reçu le soutien du maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin et de son adversaire socialiste aux municipales Jean-Noël Guérini. Mais ce mouvement qui dure inquiète désormais aussi les exploitants de la galerie commerciale voisine de l’hypermarché privés de fait d’une grande partie de leur clientèle habituelle. Si le tribunal de grande instance de Marseille a ordonné à tous les salariés “participant au mouvement de grève de laisser libres de toute entrave les accès au centre commercial Grand Littoral et au magasin Carrefour“, sous peine d’astreinte de 1.000 euros par infraction constatée, les clients ne sont pas revenus.

Du côté des négociations chez Carrefour, les grévistes demandent une revalorisation à 4,50 euros de leur ticket restaurant de 3 euros et une prime exceptionnelle ainsi qu’une fermeture du magasin à 21H00 en hiver au lieu de 22H00. Avec le prolongement du mouvement, ils ont ajouté à leurs revendications le paiement de la moitié des jours de grève. La direction de Carrefour propose elle une augmentation du nombre d’heures de certains temps partiels, l’étalement des retenues pour les jours de grève et une subvention supplémentaire de 45.000 euros pour le comité d’entreprise (équivalent de 80 euros annuel par salarié en bons d’achat).

http://communisme.wordpress.com

2) Article du Monde

http://www.lemonde.fr/

Quinze jours de grève, avec piquet devant les entrées, deux procès, un gagné et un perdu, et pas grand-chose à se mettre sous la dent...

Délégué syndical CFDT, "bac + 2, 13 ans d’ancienneté et 1 050 euros net à la fin du mois", Smaïl Aït Atmane reprendrait même le travail en refusant "par fierté" les concessions de la direction. Le bénéfice tiré de ce conflit paraît en effet bien maigre aux yeux des grévistes de base, qui ont souvent poussé leurs représentants à poursuivre l’action.

Ils n’ont pas obtenu les 150 euros supplémentaires demandés sur des salaires que les syndicats situent plus près de 900 euros que de 1 000. Rien non plus sur les tickets repas, qu’ils voulaient à 5 euros au lieu de 3,05 euros. "Ils savaient que les discussions sur les rémunérations se font au niveau national", explique Jean-Pierre Guillot, directeur général de Carrefour en Provence, qui conteste les montants avancés par les syndicats. "Les salaires sont supérieurs à ceux des autres enseignes, 26 % au-dessus du smic pour une caissière après 6 mois de présence", précise-t-il, "sans compter l’intéressement, 1 123 euros cette année, par exemple".

"DAVID CONTRE GOLIATH"

L’essentiel des revendications ayant été renvoyé aux négociations nationales du 18 février, quelques améliorations locales ont été obtenues. Les grévistes - une petite centaine de salariés sur les 570 employés de l’hypermarché - voulaient que le magasin ferme durant l’hiver à 21 heures au lieu de 22 heures. La direction a tranché : ce sera 21 h 30.

Les temps partiels (9 heures par semaine seulement pour certains ; jusqu’à 24 heures pour d’autres) devraient être choisis plutôt que contraints - et en tout cas augmentés. Enfin, une subvention supplémentaire de 45 000 euros sera versée au comité d’entreprise pour ses activités culturelles ou de loisir, ce qui représente 80 euros par personne. Quant aux jours de grève, un sur 10 devrait être payé quand les grévistes en demandaient cinq.

Pour M. Aït Atmane, ce combat "c’est David contre Goliath : on se bat avec nos petits moyens contre des milliardaires, le 3e (groupe) du CAC 40".

Ce conflit a au moins permis aux candidats aux municipales de se faire entendre. Le vice-président de l’UMP, Jean-Claude Gaudin, s’est déclaré "solidaire des salariés". La socialiste Samia Ghali est venue leur dire : "Quand on voit que la France a les patrons les mieux payés d’Europe et que des caissières se battent pour une revalorisation de leur ticket restaurant de 1,50 euro, on se dit que quelque chose ne va pas." De maigres consolations...

Michel Samson


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