RESISTER

vendredi 8 février 2008.
 

Ce matin j’ai participé à une conférence de presse du Réseau RESF au Sénat. Retour à l’autre réalité de ce que signifie la politique de Nicolas Sarkozy. Les parents d’élèves sans papier ne sont pas des chauffeurs de taxis. La droite ne leur cèdera rien, sauf à coups de bâtons. Nous ne sommes pas en état d’en donner. Mais des gens magnifiques sauvent l’honneur en accueillant, cachant, protégeant des malheureux sans autre défense. Ce sont les "justes" de ce temps.

Ce matin c’était des cas inouïs de brutalités administrativo-policières qui étaient exposés et présentés sous les traits de deux malheureux et de leurs familles. J’écoutais. Je regardais. Les visages des professeurs présents, ceux des citoyens actifs du réseau. Leur tranquille gravité sans mélo me remuait. Je me dis : et toi que fais-tu ? Voila dix fois que ma camarade Danielle Simonet maire adjoint du 20 ème m’a interpellé pour que je participe aux actions qu’elle accompagne sur ce terrain. Je l’ai rejointe une ou deux fois. Je ne peux pas être sur tous les fronts. C’est sûr. Mais quand même...

Ma conscience me demande des comptes. Si j’évoque les problèmes sur un mode aussi personnel c’est parce que, à cette heure, dans ce quasi minuit du socialisme euro-dissolu, les lignes de résistance de la gauche, la vraie, celle qui est collée au sol, est dans la capacité de résistance de chacun, dans l’aptitude personnelle à résister et agir réellement. Demain sera mieux. Moins moche. Mais pour que cela soit possible il faut commencer par résister soi-même concrètement. Bien sur je n’oublie pas les bulletins de vote des prochaines élections. Mais ceux-ci ne doivent pas faire oublier l’urgence de la lutte à laquelle ils doivent contribuer davantage qu’ils ne doivent s’en servir.

Dans le journal « Le Monde » du jeudi 7 février, j’ai lu le papier en page deux, signé Michel Noblecourt et intitulé « PS : le rêve italien et le spectre allemand ». Un cas particulier ce Noblecourt, isolé dans cette profession, dans la mesure où il lit les textes socialistes, les comprends, les cite et les compare. Evidemment c’est plus dur à suivre que les albums à colorier que servent sur le même sujet la presse people et ses suppléments audio visuels. Au cas particulier de cet article, Je ne peux pas dire que je dirai les choses comme il les écrit, bien sur. Mais j’aimerai bien que mes lecteurs en aient connaissance. Allez lire ça, s’il vous plait. Ici je recopie le dernier paragraphe. Vous allez voir pourquoi. Je lirai vos commentaires avec soin.

"UN "ENSEMBLE GÉLATINEUX"

"A sa droite, le PS se retrouve face à un MoDem qui a bien du mal à exister. Sa stratégie municipale à géométrie variable - tantôt avec l’UMP, tantôt avec le PS, tantôt autonome, souvent éclaté - ne facilite pas la clarification nécessaire pour que la question d’une alliance avec le centre, à laquelle une majorité de responsables socialistes, au-delà des amis de Laurent Fabius, semblent actuellement opposés, soit posée au prochain congrès. Au niveau européen, le Parti socialiste européen (PSE), qui rassemble 32 partis, encourage pourtant de telles alliances, en se déclarant ouvert aux "socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes et démocrates progressistes". Mais même la Marguerite se refuse toujours à rejoindre le PSE.

Si, à son prochain congrès, le PS se convertissait au rêve italien d’une alliance au centre, le spectre allemand d’une scission ne manquerait pas de resurgir. En Allemagne, Die Linke est née, le 16 juin 2007, d’une fusion entre l’aile gauche du SPD, dirigée par Oskar Lafontaine qui avait quitté le parti qu’il avait présidé suite à son désaccord avec l’orientation "sociale-libérale" de Gerhard Schröder, et les anciens communistes de l’Est du PDS. Sénateur socialiste de l’Essonne et ancien ministre, Jean-Luc Mélenchon anime déjà un club, Pour la République sociale (PRS), qui recrute au-delà du PS. Dans son livre En quête de gauche (Balland, 2007), il dresse un réquisitoire contre "le naufrage social-démocrate" et voit dans le modèle italien - cet "ensemble gélatineux" - "l’alliance sur le moins-disant centriste au nom du rassemblement le plus large".

Partisan d’un "nouveau Front populaire", une union à gauche, voire à l’extrême gauche prête à gouverner, "incompatible avec l’alliance au centre", M. Mélenchon, un des animateurs du camp des "nonistes" de gauche au référendum européen de 2005, suivra-t-il le chemin de M. Lafontaine ? S’il refuse tout "modèle prêt-à-porter" que "l’on n’aurait plus qu’à recopier", il voit dans l’exemple allemand la "preuve qu’il est possible de rompre le cercle vicieux du chantage social-démocrate sur le reste de la gauche et donc de redonner la victoire à la gauche". Et il prête à Mme Royal l’objectif de "démolir le Parti socialiste tel qu’il est". Les élections municipales, les prochaines élections générales en Italie, le positionnement futur du MoDem pèseront lourd dans la recomposition de la gauche qui s’esquisse.


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