Echos de la grève du 24 janvier 2007 (2 articles)

samedi 26 janvier 2008.
 

1) "Certains jeunes fonctionnaires dorment dans leurs voitures"

Des fins de mois de plus en plus difficiles, des cadences de travail infernales, un manque de moyen pesant. Les fonctionnaires étaient des milliers à Paris à battre le pavé, jeudi, pour exprimer leur "ras le bol" au gouvernement. Entre petits tracas quotidiens et grosses angoisses.

Danielle, 58 ans, agent départemental à Champigny (Seine et Marne) : "Vous avez entendu que le prix des œufs et du poulet allaient encore augmenter ? Dire que je serai bientôt en retraite avec une pension misérable. Maintenant il faut se priver pour tout, la nourriture, les cadeaux. Même les soldes, ça ne marche plus tellement".

Gérard, 50 ans, infirmier au centre hospitalier interdépartemental de Clermont (Oise) : "Nous sommes de plus en plus seuls, et de plus en plus confrontés à l’agressivité des malades. La situation se dégrade, c’est de plus en plus stressant et cela fait 20 ans que j’exerce".

Eric Plée, élu PC à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) : « L’Etat instaure un service minimum pour accueillir les élèves les jours de grève, mais nous ce qu’on veut, c’est un service maximum au quotidien. Dans nos banlieues, il n’y a pratiquement plus de remplaçants. Quand un prof est malade, les élèves n’ont pas cours plusieurs jours de suite, ça ne se passe pas comme ça partout ! ».

Anne, 33 ans, professeur d’économie à Montreuil (Seine-Saint-Denis) : « J’ai fait 4 ans d’études, j’ai une formation d’ingénieurs et après 6 ans de travail je ne gagne que 1.800 euros net. Dans le privé je gagnerais le double. En plus je n’ai pas l’impression que socialement ma profession soit reconnue ou même valorisante ».

« On veut du Gucci, du Armani »

Marie, 59 ans, assistante sociale à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris : « Je manifeste presque jamais mais là avec Sarko c’est trop ! Au quotidien, il nous demande de faire du chiffre, ce qui compte c’est de faire vite, de faire du nombre.Vous imaginez en psychiatrie ce que ça donne. Pour le personnel, c’est très déprimant de travailler comme ça ».

Robert, secrétaire de la FSU dans les Hauts de Seine : « Je vois arriver des jeunes dans mon département qui viennent d’être mutés. Ils ne peuvent pas se loger. Et d’une manière globale, je remarque que les fonctionnaires ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Et pour ceux qui sont par exemple secrétaires administratifs, c’est une situation de précarité encore pire ».

Un jeune homme, une vingtaine d’années, un haut parleur à la main : « On veut du Gucci, du Armani, on en a marre d’être habillé bon marché ! »

Christine, 51 ans, infirmière à l’hôpital sainte Anne, à Paris : « C’est de pire en pire, c’est le service minimum au quotidien. La nuit c’est vraiment l’angoisse, parfois on n’est même pas deux infirmiers dans le service. Il y a plein de vacataires pommés qui ne connaissent pas nos méthodes. C’est aussi ennuyeux pour nos patients. Par ailleurs il faut qu’on obtienne des moyens et des emplois pour assurer un vrai suivi psychiatrique avant que l’hospitalisation ne soit nécessaire ».

Dany, 68 ans, enseignante à la retraite : « Je viens surtout par solidarité envers les plus jeunes. C’est aberrant de dire que les fonctionnaires sont des nantis. Certains jeunes fonctionnaires dorment dans leurs voitures ».

Une lycéenne, tenant une banderole : « Si j’avais le compte en banque de Sarkozy, je partagerais avec tous mes petits amis... »

http://www.20minutes.fr/article/208...

2)La grève dans l’éducation mobilise au-delà des syndicats de gauche (Le Monde)

Dans l’éducation, même le Syndicat national des lycées et collèges (Snalc), organisation classée à droite mais qui préfère se déclarer "apolitique", est dans l’action. "Nous avons l’impression, explique au Monde son président, Bernard Kuntz, que les fonctionnaires en général et les profs en particulier sont devenus la bête à abattre de ce gouvernement. Ça suffit !"

Ce syndicat, qui compte dans ses rangs nombre d’électeurs de Nicolas Sarkozy, a appelé ses adhérents à suivre le mot d’ordre de grève du jeudi 24 janvier dans la fonction publique, lancé par la quasi-totalité des fédérations syndicales. Le Snalc n’avait pas appelé à la précédente journée d’action, le 20 novembre 2007. Il "pèse" environ 10 % des professeurs des collèges et des lycées.

Sa présence lors d’une mobilisation est généralement un signal que la température monte. Motivée par la défense du pouvoir d’achat et le refus des suppressions de postes, la nouvelle grève n’est pas seulement "un rituel", comme l’a déclaré mercredi 23 janvier le ministre de l’éducation, Xavier Darcos.

"ESCROQUERIE"

Mobilisé prioritairement sur les salaires, le Snalc juge que l’idée du gouvernement d’un "rattrapage" des pertes individuelles de pouvoir d’achat des fonctionnaires relève de "l’escroquerie", consistant à "prétexter des progressions de carrière pour écarter les nécessaires augmentations indiciaires".

Concernant l’emploi, le Snalc "admet qu’augmenter indéfiniment les moyens n’est pas une solution. Mais, là, ce qui nous est demandé, c’est de faire de plus en plus de choses avec de moins en moins de gens, de moins en moins bien payés", souligne M. Kuntz.

Autre motif de frustration, la réforme des contenus d’enseignement. Le syndicat "ne voit rien bouger" sur le collège unique, dont il réclame l’abandon. Quant à la commission pour l’évolution du métier d’enseignant, qui doit rendre ses conclusions à la fin du mois, elle lui paraît "inféodée au prêt-à-penser pédagogiquement correct".

"A force de vouloir plaire à ceux qui veulent abandonner les exigences et dénaturer le métier d’enseignant, on risque de créer, à la base, les conditions d’une alliance explosive entre le Snalc et le SNES-FSU [classé à gauche]", souligne M. Kuntz. Cette alliance a naguère terrassé Claude Allègre et a, en 2007, concouru aux déboires de Gilles de Robien.

Luc Cédelle


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