DÉCLARATION COMMUNE DES REPRÉSENTANTS DE LA GAUCHE SOCIALISTE ET DU CERCLE DE FRANCFORT (GAUCHE DU SPD) le 15 mai 1999

dimanche 11 février 2018.
 

Pour la République sociale européenne

1. En Europe, le siècle semble vouloir finir comme il a commencé : dans les Balkans brûle de nouveau le brasier du nationalisme. Ce danger n’est pas limité à cette région du continent européen. L’incendie nationaliste trouve un terrain favorable jusque dans les démocraties les plus confirmées où l’on voit les partis d’extrême droite, racistes et xénophobes, conquérir une véritable audience.

2. En même temps, nous savons que nous disposons des moyens pour que l’avenir soit tout autre. Ainsi, la construction de l’Union Européenne peut fournir une formidable opportunité pour bâtir un ensemble continental pacifique’ démocratique et progressiste qui offre au monde une référence alternative.

3. Mais qu’il s’agisse de lutter contre le délire criminel du national-ethnicisme ou qu’il s’agisse de faire naître la République européenne, nous voyons que le mouvement socialiste et social démocrate a une responsabilité essentielle. Car c’est la question sociale qui est à l’origine des difficultés et des périls que nous affrontons. En effet, en relais des impératifs du Capitalisme financier transnational, les libéraux imposent à tous nos peuples des reculs sociaux considérables alors même que nos pays n’ont jamais été aussi riches. En Europe spécialement, ils ont mis à profit la construction de l’Union européenne pour imposer les reculs sociaux et la confiscation de la souveraineté populaire. Ainsi nourrissent-ils la méfiance et le chauvinisme qui alimentent les partis nationaux ethnicistes. Nous exprimons la volonté que les partis socialistes et sociaux démocrates rompent avec cette logique et offrent une alternative sociale à cette situation.

4. Dans ce contexte, la catastrophe actuelle dans les Balkans est une situation qui concerne très directement tous les peuples du vieux continent. Nous affirmons notre désaccord total avec la méthode et les moyens choisis pour intervenir sur cette région. Et comme les moyens préfigurent toujours les fins, ainsi que nous l’enseigne l’histoire, nous affirmons qu’il faut au plus vite changer de méthode dans les Balkans pour sortir de l’impasse ou nous nous trouvons.

11. Dans le contexte de la crise que fait naître la montée du national-ethnicisme d’une part et la pression de la mondialisation libérale sur les acquis sociaux et démocratiques de nos peuples d’autre part, nous voyons que le mouvement socialiste peine à définir une stratégie offensive efficace. Nous voyons aussi s’affirmer dans nos partis une nette tendance à se contenter d’une politique d’accompagnement social des exigences du libéralisme. Nous voyons des prises de position qui, sous prétexte de modernisme, anticipent les diktats de ce libéralisme.

12. Dès lors, nous voulons offrir une alternative intellectuelle et pratique a ces tendances. Nous voulons le faire dans le cadre naturel de ce débat et de la confrontation des points de vue que doit devenir le PSE. Nous nous sentons d’autant plus invités à le faire que le mouvement socialiste et social démocrate exerce des responsabilités gouvernementales dans 13 pays sur 15 dans l’Union européenne. Les socialistes et sociaux-démocrates sont onc directement responsables de l’issue que connaîtra cette période. C’est notre devoir d’agir et de proposer.

13. Nous décidons donc de nous constituer en club socialiste européen pour préparer et formuler ensemble nos propositions.

Nous nous regroupons pour mener ouvertement la bataille pour la République Sociale Européenne.

D’ores et déjà, nous décidons de mener ensemble des campagnes dans nos pays pour ouvrir une alternative, par exemple :

* contre l’AMI

* pour la taxe Tobin

* pour un traité social européen

* pour le salaire minimum européen

* pour la réduction du temps de travail - pour une réforme fiscale européenne - pour la république européenne

Enfin, nous décidons de nous adresser à l’ensemble des groupes et responsables socialistes et sociaux démocrates qui se reconnaissent dans les préoccupations que nous exprimons pour qu’ils s’associent à notre travail. Pour cela nous créons ensemble un club européen que nous nommons "La République sociale européenne".

PARIS, le 15 mai 1999

Les premiers signataires : Konrad GILGES (député SPD), Uwe HIKSCH (député SPD), Detlev VON LARCHER (député SPD, animateur du cercle de Francfort), Christine LUCYGA (députée, SPD), Andréa NAHLES (députée, ex-présidente des JUSOS et membre du BN du SPD).

Daniel ASSOULINE (CN du PS), Harlem DESIR (BN du PS), julien DRAY (député PS), Gérard FILOCHE (CN du PS), Marie Noëlle LIENEMANN (parlementaire européen, BN du PS), Pascale LE NEOUANNIC (BN du PS), Bernard PIGNEROL (membre de la CNC), Jean-Luc MELENCHON (sénateur, BN du PS) Jean-Jacques CHAVIGNE, Jean-Yves LALANNE, Raymond VACHERON, Eric THOUZEAU (syndicalistes).

Benjamin MILFELD (président des jeunesses socialistes et BN du SPD), Tanja BREUER (vice-présidente jeunesses socialistes), Barbara GERSMANN (vice-présidente jeunesses socialistes). Eric BENZEKRI, Magali ESCOT et Emmanuel REICH, (BN du MJS).


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