L’Iran a pendu Makwan Moloudzadeh, jeune Kurde, coupable d’homosexualité à l’âge de 13 ans

lundi 24 décembre 2007.
 

L’exécution de Makwan Moloudzadeh, le 5 décembre dernier, est passée presque inaperçue, ici.

En Iran, 6000 personnes ont rendu hommage à ce jeune Kurde exécuté...

En France : quasi rien... L’État Français a condamné l’exécution de Makwan, le 7 décembre... Ce communiqué, nous l’avons lu jusqu’à l’épuisement, à la recherche d’un mot. Nous n’y avons trouvé nulle part le mobile de ce crime d’État : l’homosexualité.

Que Makwan ait eu des relations homosexuelles : cela ne doit pas être dit. Qu’un pédé n’a pas à être persécuté pour motif d’homosexualité nulle part, qu’il soit majeur ou mineur : cela ne doit pas être dit. L’État Français se scandalise : Makwan était trop jeune au moment des faits pour être condamné.

L’État Français aime les enfants. Mais l’État Français n’aime pas les pédés.

L’État Français aime surtout les « Droits de l’Homme ». Enfin : ça dépend quels droits et ça dépend de quel(le) homme.

Il faut faire éclater le cynisme, l’arrogance et le racisme de l’idéologie des « Droits de l’Homme » (riche, blanc, straight, chrétien, séronegatif, etc.)

Car le discours de Sarkozy sur les « Droits de l’Homme » n’est pas qu’une simple et obscène opération de communication. Il véhicule, en outre, une conception du monde détestable.

Pour lui, en effet, il y a « nous, membres des nations éclairées » et « eux, englués dans les ténèbres ». Il y a « nous, qui en savons un rayon sur les droits de l’Homme » et « eux, qui sont totalement à la ramasse ».

Cette vision du monde ne sert qu’à légitimer et entretenir la fiction intéressée du « choc des civilisations ».

Dans cette optique, il y aurait la France, l’Iran, etc... À prendre en bloc, en gros, en lourd. Des pays uniformes, taillés dans une unique glaise, sans contradictions, ni conflits.

Dans ces conditions, on efface les peuples et les résistances : y a eux et nous, et nous c’est mieux.

Ce partage du monde n’est pas le nôtre. Nous re-découpons le monde à notre manière, à la recherche de ses failles : il y a toujours « eux et nous », mais la ligne de fracture n’est plus la même. Elle est entre nous et ceux qui n’ont aucun intérêt à l’émancipation des peuples et des personnes.

De l’Iran, nous connaissons, par des ami(e)s, les résistances du peuple. Les résistances des femmes, des militantEs progressistes, des personnes LGBT. Résistances opiniâtres, difficiles. Notre tâche est de les soutenir, inconditionnellement. De là où on peut. Et là où on peut, pour nous, c’est ici. C’est peser de toutes nos forces sur l’État Français. Et l’obliger. L’obliger, par exemple, à accueillir toute personne migrante qui en fait la demande. L’obliger à s’engager pour la dépénalisation partout des homosexualités.

Mais voilà : un monde sépare les intérêts des un(e)s des revendications des autres.

Nous connaissons le racisme qui anime la politique d’immigration de l’État Français. Nous connaissons l’homophobie de Vanneste, Boutin et de leurs ami(e)s. Et nous savons comment ils/elles sont aujourd’hui soutenu(e)s par Sarkozy.

Nos deux revendications (minimales), droit d’asile et dépénalisation des homosexualités, nous ne les obtiendrons donc que par l’instauration de rapports de force conséquents.

Nous voulions signifier, ce samedi, devant un Palais des Droits de l’Homme désert, que la mort de Makwan était un événement politique : un crime, plus précisément. Et qu’un crime politique appelle une réponse politique. Une réponse qu’il nous reste à construire si nous voulons que la mort de Makwan soit la dernière.

Le 15 décembre 2007


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