Un déluge de tirs dans le dos nous est promis (JL Mélenchon)

jeudi 6 février 2025.
 

Un signe de la dégradation des relations à gauche est la façon avec laquelle toute divergence est personnalisée, psychologisée et devient aussitôt méprisante et injurieuse. On le voit encore quand François Hollande me qualifie de « madame Irma », croyant me flétrir en féminisant son attaque. Et d’autres plus misérables encore dans la bouche de ce pauvre Olivier Faure ou Fabien Roussel, sous la ceinture. Cela réjouit évidemment tout ce que la droite éditoriale (pléonasme !) compte de gens pour qui c’est une aubaine de voir fracturer le NFP à la veille de combats frontaux avec la droite, le macronisme et le Président lui-même. Leur espoir : que nous nous taisions, comme l’a hurlé Hollande dès son retour dans les fourgons législatifs du PS. Ce déluge ne va pas cesser de sitôt. Évidemment les nouveaux « ex-amis » d’hier se sentent pousser des ailes. Un déluge de tirs dans le dos nous est donc promis.

L’épisode en cours, c’est le vote du budget de l’État. Le PS s’apprête à le voter si l’on en croit les déclarations de Faure au journal Le Parisien. Je cite : « il souligne que « la discussion ne fait que commencer » et que « du fait de la procédure parlementaire, il faudra, au-delà du PLF et du PLFSS (projet de loi de finances et projet de loi de financement de la Sécurité sociale), un troisième texte pour pouvoir introduire des mesures nouvelles. C’est sur cet ensemble qu’il faudra juger ». C’est clair : Faure laissera passer le budget pour pouvoir « examiner » un troisième texte et estimer l’ensemble. Comme Hollande a annoncé que le PS maîtrisait le calendrier « jusqu’à 2027 » et que Macron devait pouvoir « finir son mandat », tout cela est donc désormais établi. Tout n’est pas perdu pour autant.

La méthode Faure, c’est le glissement progressif. Il avait évoqué l’idée en discussion de « passer à un autre système » pour les retraites. La mobilisation le fit reculer. Ici c’est de même. Il est possible que le groupe parlementaire socialiste n’approuve pas l’idée de laisser passer le budget. Les députés devinent ce qui les attend sur le terrain. Et l’état d’esprit du gouvernement Bayrou est bien à l’entourloupe. On a vu comment le PS se vante d’avoir fait annuler les trois jours de carence pour les fonctionnaires. Mais au Sénat le gouvernement a présenté un amendement pour diminuer de 10 % les salaires pendant les arrêts maladie. Cela lui permet 900 millions d’économies ! Soit trois fois plus que les trois jours de carence. Il est peu probable de voir les fonctionnaires en arrêt maladie remercier les responsables de la diminution de leur salaire quand ils sont malades. Idem pour l’abandon de la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale. À supposer qu’ils n’aient pas déjà disparu avant le vote du budget, puisque des milliards de crédits ne sont pas reportés depuis le budget 2024. En tout cas, la droite sénatoriale a vengé l’offense en votant les amendements du gouvernement Bayrou supprimant les millions à la pelle dans le budget de l’éducation. Finalement, la ministre du Budget, Amélie de Montchalin, s’est elle-même glorifiée de présenter le budget le plus austéritaire depuis 25 ans.

Les Insoumis feront connaître dans le détail l’ampleur des forfaitures de la « négociation ». Les élus socialistes ne sont souvent pas d’accord pour ce type de coups tordus. Ils ont voté dans un passé récent contre tout ce qui y ressemblait. Ils ne sont pas prêts à devoir affronter la colère des bases populaires concernées pour favoriser le retour de François Hollande ou les surenchères de la bataille entre ce dernier et Olivier Faure. Déjà, le refus de la censure a été acquis par 36 voix contre 30. De justesse. La presse, qui écoute aux portes d’habitude, a gardé pour elle le vote des PS les plus célèbres. Le réseau Hollande dans les milieux médiatiques n’est pas rien. Et puis les parlementaires PS viennent de découvrir aussi comment leur « camarade » François Hollande a organisé une double négociation avec Bayrou dont il ne les tenait pas informés.

La catastrophe de la « négociation » du PS avec Bayrou est désormais démontrée par débat au Sénat et la nature des amendements du gouvernement. Si les députés macronistes ont salué par une « standing ovation » Bayrou pour avoir réussi « à rallier le PS », c’est bien qu’ils ont savouré la manœuvre.

Sur 23 mesures dont le PS se glorifie, tous les observateurs sont d’accord pour dire que 19 étaient déjà soit dans le budget Barnier, soit dans des engagements que Barnier avait pris. Quant au reste, tous voient comment en contrepartie de ce qui a été cédé, le gouvernement Bayrou se paie sur la bête en faisant voter des mesures plus rentables pour son plan d’économies supplémentaires. Comme la suppression des jours de carence pour les fonctionnaires, compensée par une diminution de 10 % de leur salaire pendant l’arrêt maladie qui rapporte trois fois plus d’économies (presque un milliard contre trois cents millions pour les jours de carence).

« Voilà ce que nous promet le gouvernement Bayrou et ce sur quoi nous devrons trancher début février, lorsque le texte reviendra à l’Assemblée », déclare le président de la commission des Finances, Éric Coquerel. Personne n’échappera au vote du budget. Sur lui se concentre tout le poids du moment. Réuni en « conseil national » des groupes parlementaires et de la coordination nationale, les insoumis ont adopté un texte après discussion et synthèse.


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