Le Larzac d’aujourd’hui

mardi 12 février 2008.
 

L’histoire du Larzac est encombrante pour les uns, et porteuse pour les autres. Mais elle est à la base d’un quotidien qui veut réconcilier culture et politique, individuel et collectif, conflictuel et consensuel, qui se construit sur une volonté de ses habitants de "prendre leurs affaires en mains".

Pendant les dix années de résistance à l’État, les paysans ont créé des structures collectives pour maintenir un espace agricole. A partir de 1981, la période "post-conflit" s’est dynamisée autour de trois axes : le foncier (que faire des terres rétrocédées par l’Etat, quel type de gestion mettre en place ?), le culturel (une pratique que la lutte a révélée et amplifiée, qui, à partir de 1981, ne se résume plus à des actions ponctuelles de résistance, mais devient volonté de choisir, de se projeter dans l’avenir), le politique (les Paysans du Larzac revendiquaient la légitimité contre la légalité, la non-violence contre la passivité ; les actions pour répondre aux problèmes d’aujourd’hui s’inspirent toujours de cette démarche). Des associations se sont créées, se sont transformées, pour répondre à ces projets :

• Les "comités Larzac", coordinations locales d’organisations militantes (syndicats, partis politiques, mouvements régionalistes, militants chrétiens, non-violents, anti-militaristes, etc.), répandues dans toute la France, se réunissaient chaque mois jusqu’en 1981 sur le plateau, pour organiser la solidarité nationale. Ils se dissolvent dès la fin de la lutte.

• L’Association de Sauvegarde du Larzac et de son environnement, créée dès 1971, devient l’Association pour la Promotion de l’Agriculture sur le Larzac (APAL) en 1972, puis l’Association pour l’Aménagement du Larzac (APAL) en 1982. Aujourd’hui, l’APAL joue un rôle d’animateur de la vie sociale (diffusion d’informations locales, organisation de soirées-débats) et culturelle (organisation d’expositions et de journées "portes ouvertes") du Larzac. Elle cherche par ailleurs à promouvoir des projets novateurs pour le développement du plateau.

• Les Groupements Fonciers Agricoles (GFA) du Larzac constituent d’abord un outil stratégique d’achat de terres convoitées par l’armée (1973 à 1981), puis se transforment en outil d’installation et de pérennisation d’exploitations agricoles (à partir de 1982).

• Larzac-Université, créée en 1975 pour des échanges entre les savoirs universitaire et populaire, se scinde par la suite en deux associations : le Centre d’Initiatives Rurales, pour la formation les agriculteurs et la maîtrise du développement rural, et l’Association des Vétérinaires et Eleveurs du Millavois (AVEM) pour la formation des agriculteurs, le suivi sanitaire et des échanges sur leurs pratiques.

• Gardarem Lo Larzac, créé en 1975, journal des "comités Larzac", reste aujourd’hui encore le bi-mensuel d’information du Larzac.

• Le Cun, centre de formation à la non-violence créé en 1975 par quatre objecteurs de conscience, se restructure en 2001, en scindant ses activités de formation professionnelle (association "Conflit-Culture-Coopération"), d’hébergement et d’animation (association l’Eolienne).

• La Fondation Larzac, créé en 1982 pour travailler "en retour de solidarité", devient Larzac-Solidarités en 1999. Association de dimension nationale et internationale, elle permet de maintenir et de développer des liens avec d’autres luttes populaires à travers le monde.

• La Société Civile des Terres du Larzac (SCTL), créée en 1985, seul office foncier de France et donc véritable laboratoire, gère aujourd’hui encore collectivement les 6.300 hectares de terres rétrocédées par le ministère de la Défense à celui de l’Agriculture.


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