D’Alstom à Doliprane, comment Emmanuel Macron a bradé la souveraineté industrielle de la France

mercredi 13 novembre 2024.
 

Le Doliprane bradé à un fond d’investissement nord-américain. C’est un fleuron industriel vendu comme d’autres et sans justification, un secteur dépecé comme tant d’autres sans que l’Etat ne bloque la cession ni ne réfléchisse à la nationalisation du groupe, ou de la filiale pour stopper le dépeçage. Le responsable ? Emmanuel Macron dans ses différents habits.

Dans un premier temps secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis ministre de l’Économie et enfin président de la République, Emmanuel Macron a passé les dix dernières années à traiter les grands dossiers industriels. Son bilan est très net : en dix ans, l’économie française a perdu plus d’un million d’emplois industriels. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 20 % à 10 %. L’occasion de faire un long retour sur la politique (dé)industrielle de Macron et ses effets dévastateurs pour le pays. Notre article.

La politique industrielle de Macron : la grande braderie

Dans un premier temps secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis ministre de l’Économie et enfin président de la République, Emmanuel Macron a passé les dix dernières années à traiter les grands dossiers industriels. Son bilan est très net : en dix ans, l’économie française a perdu plus d’un million d’emplois industriels. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 20 % à 10 %.

Nos fleurons de l’industrie ont été bradés à l’international, les usines, délocalisées, les machines, détruites. Seul le silence perdure dans ces territoires frappés par la désindustrialisation. À Saint-Claude, dans le Jura, la fermeture de l’usine MBF en 2021 est un coup de grâce. Elle fait suite à la fermeture de la maternité de l’hôpital et la suppression de la ligne ferroviaire. Le centre des impôts n’accueille plus de public, les écoles fusionnent, les commerces ferment.

Un ancien employé témoigne : « Il y a beaucoup de choses que j’ai enterrées au fond de moi. Je pense que j’en avais besoin… Il y a eu beaucoup de fatigue. Jusqu’au bout, on a cru à une intervention de l’État et à celle d’un repreneur. ». Aucune aide ne viendra. C’est le destin de ces villes et villages vidés de leurs forces vives par la politique néolibérale de Macron.

Le résultat des années Macron au niveau national est tout aussi alarmant : la France s’est rendue dépendante du reste du monde pour produire ses biens vitaux. Son industrie est soumise à une concurrence déloyale, ce qui pousse à baisser les salaires et diminuer les droits sociaux. La France perd des savoirs-faire, et la base industrielle nécessaire au plein emploi ; mais aussi à la bifurcation écologique et à la souveraineté française.

Pour aller plus loin : Les 3 gros mensonges de Macron sur la réindustrialisation https://linsoumission.fr/2023/05/16...

Quand l’argent public finance la vente du Doliprane

Cette politique a touché récemment le médicament le plus vendu de France, le Doliprane, qui menace toujours de passer sous contrôle du fonds d’investissement nord-américain CD&R. Le groupe pharmaceutique Sanofi veut lui céder 51 % de sa filiale Opella, productrice du Doliprane. C’est pourtant bien l’État français qui finance Sanofi, à hauteur de 1 milliard d’euros en dix ans, via le Crédit d’impôt Recherche (le faeux CICE mis en place par François Hollande). Il est inadmissible qu’une entreprise gavée d’argent public, reversant des milliards de dividendes à ses actionnaires, brade ainsi un médicament français, si ce n’est le plus connu de tous.

Cela fait déjà une quinzaine d’année que CD&R investit en France, par exemple dans But et Conforama. Il s’agit cette fois d’une opération de toute autre ampleur, notamment par ses conséquences. Par exemple, si, au plus grand des hasards, survenait une pandémie mondiale, et que la maladie ne pouvait être traitée qu’avec du paracétamol ; les nord-étasuniens, soucieux de leur santé, pourraient choisir de réserver la diffusion du Doliprane aux États-Unis. Le rapport de force instauré par les 51 % de CD&R ne nous permettraient aucune contestation. Heureusement, ce genre de pandémie n’arrive jamais !

Quand un braquage industriel met à mal la production de masque en France Il serait donc tout aussi inutile de s’inquiéter de la fermeture du site Honeywell de Plaintel. En 2018, le groupe multinational nord-américain prend la décision de fermer l’usine de Plaintel, dans les Cotes d’Armor. Cela entraine le licenciement de 38 salariés ; et, surtout, cela met fin à sa production. Production de… Masques chirurgicaux ! Le site en fournissait 200 millions par ans, fabriqués avec des machines de haute pointe.

Pendant l’épidémie de grippe H1N1, le site avait produit des centaines de millions de masques, poussant ses effectifs à 250. C’est même à Plaintel qu’a été créé le masque FFP2 pliable, qui nous manquait tant pendant la pandémie de COVID.

Pourtant, après son rachat de l’usine en 2010, Honeywell enchaine les plans sociaux. Lorsque qu’une entreprise licencie plus de dix personnes, elle doit prévoir un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE), pour favoriser le reclassement des salariés. Ces dispositifs peuvent par exemple prendre la forme de congé de reconversion, ou de la création de nouvelles activités. Or, l’état prend en partie en charge ses dépenses, même lorsque la société fait des bénéfices. L’État a donc contribué à la lente agonie du site de production de Plaintel, jusqu’à sa fermeture en 2018 ; pendant qu’Honeywell continuait son pillage technologique.

Comble du comble, les machines du site de Plaintel ont été détruites, concassées à la déchetterie de Châtelet à Ploufragan ! En mars 2020, le maire de Plaintel reconnait ! « Quand je vois le nombre d’appels téléphoniques de chefs d’entreprise qui, ces derniers jours, me demandent si je sais où se trouvent les machines de l’usine Giffard, je mesure l’importance de la perte de cet outil dans le contexte actuel ». Un peu tard pour réaliser…

L’explosion du français Alstom par le nord-américain General Electric

Autre exemple : en 2014, Macron autorise la vente d’Alstom à General Electric. Cette décision cause une casse sociale immense, puisqu’elle provoque alors 5 000 suppressions de postes. C’est aussi une casse du savoir-faire français : transferts de brevets en Suisse, transfert partiel des activités réseaux électriques aux États-Unis, recours croissant à des sous-ensembles chinois pour la fabrication d’éoliennes. Le tout, avec la bénédiction d’Emmanuel Macron. Après tout, n’est-ce pas là la simple exploitation des avantages comparatifs de chacun ? Libre échange ou pillage, au fond, quelle différence ?

Cette histoire est d’autant plus symptomatique des méthodes du président qu’elle est entachée d’affaires judiciaires. Hugh Bailey, devenu directeur général de General Electric, était en effet conseiller d’Emmanuel Macron lors de la vente. Une enquête pour prise illégale d’intérêt a été ouverte. On peut aussi évoquer les cabinets de conseil et d’avocats qui ont accompagné cette vente et se sont vu devenir (en échange ?) les plus gros donateurs de la campagne du candidat Macron en 2017. Le Parquet national financier a été saisi pour corruption.

Soutenir les travailleurs, sauver l’industrie : le plan de la France insoumise Emmanuel Macron met donc en péril la souveraineté de l’industrie française en menant une politique néolibérale ; espérant naïvement que la main invisible du marché sauvera l’emploi. Problème : la main en question est inefficace et dévastatrice. Comme l’affirme Jean-Luc Mélenchon dans le plan de l’avenir en commun pour produire ce dont la France a besoin, « le marché, c’est le chaos ».

C’est pourquoi le fondateur de la France insoumise est allé soutenir les salariés de l’usine MA France, bientôt liquidée. 280 salariés y combattent pour obtenir prime et aide au reclassement. Tandis que le propriétaire de l’usine, le groupe italien CLN, reste silencieux, Stellantis, le principal client, a mis fin aux négociations. Un bel exemple des réponses fournies par le marché aux inquiétudes des travailleurs. Cet été, l’un d’entre eux avait tenté de s’immoler par le feu. Pas de réponse de la main, décidément bien invisible, du marché.

Face à cette situation, la France insoumise propose un plan pour produire ce dont la France a besoin. Il s’agit de mettre en place un protectionnisme écologique et solidaire pour développer les industries et productions locales. Dès lors, la protection des travailleuses et travailleurs français permettra une hausse des salaires et des droits sociaux. Par l’établissement de plans de relocalisation, nous rééquilibrerons nos échanges commerciaux internationaux. L’état a les moyens de mettre en place les conditions nécessaires pour les entreprises puissent produire en France, innover et nourrir la bifurcation écologique et sociale du pays.

Il est donc possible de sortir de l’impasse dans laquelle nous a conduit Emmanuel Macron en vendant l’industrie du pays au plus offrant ; mais il faut pour cela accepter d’investir pour protéger notre pays.


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