Paul Hudson, britannique, a fait carrière dans la Big Pharma passant d’un groupe à l’autre : GlaxoSmithKline, Schering-Plough, AstraZeneca, Novartis et depuis 2019 Sanofi. En 2022, il est l’un des 5 patrons les mieux payés de France. Sa rémunération annuelle est estimée à 9 millions d’euros, soit 607 années de SMIC.
Paul Hudson, britannique, a fait carrière dans la Big Pharma passant d’un groupe à l’autre : GlaxoSmithKline, Schering-Plough, AstraZeneca, Novartis et depuis 2019 Sanofi. En 2022, il est l’un des 5 patrons les mieux payés de France. Sa rémunération annuelle est estimée à 9 millions d’euros, soit 607 années de SMIC. Entre 2009 et 2018, le taux de redistribution des bénéfices aux actionnaires de Sanofi est passé de 55 à 112 %, plus de 48 milliards d’euros leur ont été versés en 9 ans.
Aujourd’hui, son entreprise menace de délocaliser la production médicament le plus connu en France, le Doliprane, après avoir accumulé 1 milliard d’argent public en 10 ans. Notre article.
Ces profiteurs de crise, ils ont des noms, ils ont des adresses. L’insoumission travaille à les démasquer. 20ᵉ épisode de notre série sur les assistés d’en haut : Paul Hudson. Portrait.
Sanofi bénéficie a minima de 130 à 150 millions d’euros de réductions fiscales annuelles liées au crédit impôt recherche pour financer ses activités de R & D, soit 1 milliard d’euros en 10 ans. Le CIR est une niche fiscale qui permet aux entreprises de déduire de leur impôt sur les sociétés 30 % de dépenses menées au titre de la recherche et développement. Différents organismes dont la Cour des comptes montrent qu’il n’a aucun effet ni sur l’emploi ni sur l’investissement en R&D. Au contraire, il prive de financement la recherche publique et l’université.
Dans le scandale du médicament Dépakine, causant des malformations congénitales, en 2022, le tribunal judiciaire de Paris a reconnu la responsabilité de Sanofi dans le cadre de l’action de groupe initiée en 2017 par l’Apesac, l’Association d’aide aux parents d’enfants victimes. Plus de 4 000 dossiers ont été déposés auprès de l’office National d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), qui a versé 65 millions d’euros en substitution de Sanofi, qui refuse de participer.
Dès son arrivée, Paul Hudson a imposé un plan d’économies de deux milliards d’euros entre 2019 et 2022, avec comme maître mot compétitivité. Plan social après plan social, Sanofi licencie. En 2019, 256 postes sont supprimés chez les commerciaux. Un accord de rupture conventionnelle collective sur 600 postes de fonctions support est signé. La comptabilité, l’administration de la paie et des ventes délocalisées sur une plate-forme à Budapest, en Hongrie (salaire moyen : 730 euros en 2019). Sans oublier la fermeture du site de Vitry Alfortville (94), entrainant la suppression de 124 emplois et 142 transferts inter-sites.
En 2021, le site de Strasbourg est fermé. Les recherches en neurologie sont arrêtées. 363 postes en recherche et développement sont concernés. Cette année, 275 salariés ont changé d’employer du fait du transfer à DHL Supply Chain de la logistique des trois sites Amilly (45), CroissyBeaubourg (77) et Saint-Loubès (33).
Pour l’année qui vient, le tableau ne s’éclaircit pas, bien au contraire. 330 suppressions d’emplois ont été annoncées au sein de la branche Recherche & Développement. 135 postes sur les sites d’Aramon (30) et de Sisteon (04) vont être supprimés. 13 principes actifs de médicaments ne seront plus produits en Frnce. Une commission d’enquête sénatoriale interroge : « Prouvez-vous nous garantir que les décisions que vous avez prises ne peuvent pas engendrer de pénuries ? ». Réponse de Sanofi : « Je ne peux pas garantir à 100 % qu’il n’y aura pas de rupture en transférant nos produits à un tiers. Mais tout est mis en œuvre pour les éviter ».
Pour rappel, le groupe Sanofi a reçu 1 milliard de subventions publiques en France en 10 ans, sans contreparties. Voilà le résultat, tandis que le patron général de Sanofi se gave de son salaire mirobolant.
LBO pour Opella En octobre 2024, Sanofi annonce céder au fonds d’investissement CD&R 50 % d’Opella, sa filiale de médicaments sans ordonnance, vitamines et compléments alimentaires qui détient 115 marques, dont le Doliprane. Le rachat d’Opella, valorisée à 16 milliards d’euros, se fait par « Leverage Buy-Out » (littéralement achat à effet de levier), c’est-à-dire en recourant à un fort endettement bancaire, pour se rembourser plus tard en revendant l’entreprise avec une plus-value. Dès son rachat, Opella se trouve déstabilisée financièrement, et mise sous pression de ses actionnaires pour dégager des marges hors norme pour payer ses actionnaires et se racheter. Pour cela, il faudra restructurer et certainement encore supprimer des postes.
L’observatoire des multinationales pointe que si Sanofi revende Opella à un fonds d’investissement, c’est pour disposer rapidement de beaucoup de liquidités : « Les milliards d’euros promis par CD&R serviront à ce qui est maintenant le cœur du métier du groupe comme de toutes les autres multinationales du médicament : spéculer sur les molécules les plus prometteuses acquises auprès de start-ups et grâce auxquelles elles pourront extorquer les prix les plus exorbitants possibles aux patients et aux systèmes d’assurance maladie. »
Par Sandrine Cheikh
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