Budget 2025 : le tournant de la rigueur (pour sauver les riches)

mardi 22 octobre 2024.
 

On savait le macronisme enclin à favoriser les plus riches, le voilà désormais fossoyeur de l’État pour faire payer l’addition aux Français.

Ce budget 2025 ressemble étrangement à une bouée de sauvetage à la hauteur des conséquences de sept années de politique économique macroniste. Surpris ? Pas le moins du monde. À peine fut-il nommé à Matignon que Michel Barnier découvrait, bouleversé, l’état des finances du pays. Le déficit est monstre – 6,1% du PIB en 2024. Pour y faire face, l’exécutif a détaillé, ce jeudi 10 octobre, sa feuille de route. Elle porte un nom et un prénom : rigueur et austérité.

60 milliards d’euros (40 d’économies et 20 de nouvelles recettes ou, comme le souligne l’économiste David Cayla sur X, « l’équivalent du plan d’austérité grec de 2010 »). Voilà ce que cherche Michel Barnier. Pour cela, lui et ses ministres ont quelques pistes : désindexation des retraites sur l’inflation : baisse du taux de remboursement par la Sécurité sociale des consultations chez le médecin ; suppression de postes dans la fonction publique (on parle de 4000 profs en moins en maternelle et élémentaire) ; baisse des dotations aux collectivités territoriales ; impôt exceptionnel sur les très hauts revenus.

Ça taille de partout : au ministère du travail, à la santé, à la justice, à l’aide au développement, à l’écologie – par contre, l’armée verrait son budget augmenter de 3,3 milliards d’euros ; celui de la police également augmenterait de près de 700 millions (+3,4%). Dans ces arbitrages se dessine une vision politique, un projet de société.

Le gouvernement envisage bien une « contribution exceptionnelle » des 400 plus grandes entreprises et des 65 000 contribuables les plus aisés. Gains prévus : 8 et 2 milliards. Cet impôt exceptionnel (promis, un ou deux ans, pas plus !) sur les plus fortunés rapportera deux fois moins que ce que rapportait l’ISF supprimé par Macron… En cinq ans, le patrimoine des plus riches est passé de 200 milliards à 1200 milliards. À votre bon cœur !

Dans ce qui s’annonce comme un nouvel épisode de la crise politique entamée par la dissolution, chacun joue sa partition. Les macronistes s’accrochent à leurs deniers tel Picsou à son sou : pas de hausse d’impôts, surtout pas concernant les plus riches des Français, pas touche aux grandes entreprises et sus aux chômeurs !

Ce matin sur France Inter, Marine Tondelier a bien résumé « l’amateurisme » du gouvernement. La patronne des écolos voit un exécutif ciblant les retraités, les malades et les enfants, « en train de raboter tous les derniers remparts à la crise environnementale, à la crise sociale », soulignant que 60% du fonds vert pour la transition écologique va être scalpé.

Marine Le Pen et l’extrême droite s’offusquent et menacent le gouvernement de censure. Michel Barnier leur prépare une nouvelle victoire politique retentissante : sous la pression de l’opinion (80% des Français hostile à cette mesure de report de la hausse des retraites), de la gauche et du RN, le gouvernement devra reculer sur la désindexation des retraites… que tout le monde mettra sur la compte de la fermeté du RN, sauveur des petites retraites !

Michel Barnier prépare déjà l’Assemblée nationale à une adoption du budget à grands coups de 49.3. Un premier ministre issu d’un des plus grands perdants des législatives qui use des articles de la Constitution pour passer en force un plan d’austérité, pas de doute, le macronisme n’est pas mort.

Loïc Le Clerc


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