Budget. Bercy a diffusé les premiers chiffres du projet de loi de finances pour 2025 lequel sera présenté ce soir à 18 heures en conseil des ministres. L’annonce principale est déjà connue : 60 milliards de saignées budgétaires ont été mises à l’ordre du jour par Michel Barnier, Premier ministre par usurpation. Avec les gels de crédit déjà prévus, le montant total d’économies à réaliser s’élèvera à 80 milliards d’euros, comme l’avait déjà analysé Jean-Luc Mélenchon en 2022. Le leader de LFI avait alors été accusé de « complotisme » par Bruno Le Maire.
En 2024, ce chiffre est pourtant bien à l’ordre du jour, sous surveillance de Bruxelles et sous la bienveillance du RN ayant refusé de voter la censure du Gouvernement Barnier. En juin dernier, la Commission européenne a activé la « procédure déficit excessif », une « mise en garde » de Bruxelles que ses laquais français suivent à la lettre pour satisfaire aux règles budgétaires européennes absurdes. Un déficit provoqué par la baisse de 69,6 milliards d’euros des recettes fiscales par an, depuis 2017, par une série de cadeaux aux plus aisées.
Résultat ? Les 2 millions de retraités vivant sous le seuil de pauvreté ne bénéficieront pas dès janvier de l’indexation des retraites sur l’inflation. Elles sont déclarées gelées, soit un manque à gagner de 150 euros. Les collectivités devront quant à elles subir 5 milliards d’euros de coupes budgétaires qui se répercuteront sur un détricotage des services publics locaux. Autre cible du Gouvernement : les 13 millions de patients en affections longues durées. La prise en charge à 100 % pourrait être revue, comme déjà annoncé en février 2024 par le Gouvernement. Notre article.
Ces 60 milliards d’euros seront obtenus via deux leviers : hausse des recettes, réduction des dépenses.
Le gouvernement assure que la hausse des recettes sera financée à hauteur de 20 milliards d’euros par les grandes entreprises et les ménages les plus fortunés. En réalité, la « contribution » demandée aux Français est loin de ne concerner que les plus riches. Par exemple, la date d’indexation des pensions de retraite sur l’inflation sera décalée du 1ᵉʳ janvier au 1ᵉʳ juillet. Les retraités, quel que soit leur revenu, seront donc touchés par la mesure. Si le gouvernement se réjouit des 4 milliards d’euros ainsi obtenus, c’est aux dépens des retraités, dont deux millions vivent déjà sous le seuil de pauvreté.
Quant à la réduction des dépenses, la ligne est claire : tout casser. Le gouvernement place son objectif à 40 milliards d’euros économisés. On parle de 5 milliards d’euros en moins pour les collectivités locales ; de plafonner les indemnités journalières ; de baisser le taux de prise en charge des consultations médicales ; de réduire de 20 milliards d’euros le budget des ministères. L’« effort » historique demandé aux services publics est en réalité une saignée de secteurs souvent déjà en crise.
Dans les hôpitaux, on craint les coupes budgétaires à venir. Les personnels soignants sont déjà à bout : charge de travail impossible, horaires assassins, manque de moyens criant. Carole Palus, aide-soignante et représentante du personnel du syndicat CGT à l’hôpital de Libourne, dénonce le « sous-sous-sous-effectif » et la marchandisation de la santé qui pousse à aborder le soin « comme dans une usine de voitures ».
En janvier dernier, le personnel des urgences de Meulan-Les Mureaux a dû entamer une grève illimitée pour créer un poste d’infirmière de nuit, pourtant nécessaire au soin des patients. Même ambiance en juin, lorsque la CGT Santé Action Sociale et Sud Santé Sociaux lancent un préavis de grève contre les fermetures de lits et de services. Le secteur est en crise et redoute les politiques meurtrières de Bercy ; mais le gouvernement reste sourd à ses appels à l’aide.
Du côté de la justice, le ministre en personne tire la sonnette d’alarme. Le garde des Sceaux Didier Migaud annonce mardi soir devant la commission des Lois de l’Assemblée que le budget de la justice « ne sera pas satisfaisant ». Le gouvernement lui-même se divise sur la question du budget. « En même temps », la justice est déjà en crise. Tant de dossiers attendent d’être traités que certains concernent les temps de traitement en question.
En 2021, des avocats du Syndicat des avocats de France avaient plaidé un dossier un peu particulier. Une vingtaine de clients demandaient des indemnisations en tant que victimes des lenteurs de la justice. L’une d’entre elle avait saisi les prud’hommes en 2013 pour contester son licenciement. Elle avait obtenu justice… en 2018 ! Avec les politiques d’austérité menées par Barnier et son gouvernement, ces délais pourraient encore s’allonger.
Enfin, pour l’éducation nationale, les coupes budgétaires deviennent habituelles. En 2022, la France était le deuxième pays d’Europe en termes d’effectifs par professeur ; avec 18,2 enfants par classe en moyenne à l’école primaire. À la rentrée 2024, près de 3 200 postes d’enseignant sont restés vacants.
En mars dernier, le compte Tiktok du lycée Blaise Cendrars, à Servan, explose. Des élèves et des professeurs exposent leur situation : « Je suis une élève à Blaise Cendrars dans le 93, évidemment qu’on n’a pas de plafond dans les toilettes » ; « Je suis professeur dans le 93, évidemment que quand je suis tombée enceinte mes élèves n’ont pas eu cours pendant six mois ». Une vidéo humoristique pour dénoncer l’état lugubre de l’éducation nationale en France.
Ainsi, le budget de 2025 annonce une saignée de services publics déjà délabrés. Éric Coquerel, député insoumis et président de la commission des finances, décrit cette « austérité historique » comme susceptible d’entraîner des « conséquences absolument dramatiques ». Pourtant, si Barnier et ses compères cherchent de l’argent, il y en a !
Le déficit a explosé sous Macron pour une bonne raison : ses réformes fiscales coûtent 70 milliards d’euros par an à l’État. Parmi celles-ci, on compte la suppression de l’ISF, qui coûte 3,2 milliards par an, la suppression de la taxe d’habitation, 18,5 milliards par an ; mais aussi les petits cadeaux de Macron aux entreprises, puisque la baisse du taux d’impôt sur les sociétés coûte 11,5 milliards par an. On comprend bien qu’on ait besoin de demander aux retraités de se serrer la ceinture !
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