Immigration, racisme, islamophobie : le « grand danger » du nouveau gouvernement Barnier

mercredi 2 octobre 2024.
 

Le choix de ministres comme Bruno Retailleau, Othman Nasrou, Astrid Panosyan-Bouvet ou Patrick Hetzel démontre combien la banalisation de la haine de l’autre a cheminé ces dernières années, jusqu’à être consacrée par Emmanuel Macron.

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« Je« Je ne dis pas que le racisme et l’homophobie n’existent pas. Mais ils sont l’apanage d’une infime minorité. » Pour un secrétaire d’État chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations, la citation de 2013 a de quoi embarrasser. Othman Nasrou a pris soin de la faire disparaître de son compte officiel X (ex-Twitter) avant de rejoindre le nouveau gouvernement de Michel Barnier.

L’annonce du nouvel exécutif samedi n’a fait que confirmer ce que les premier·es concerné·es savaient déjà : le premier ministre a constitué un gouvernement de droite dure, de tendance Manif pour Tous, dont de nombreux membres se sont illustrés dans la répression des personnes racisées, musulmanes et immigrées.

« Avec ce nouveau gouvernement, nous faisons face à un déni de démocratie qui s’inscrit dans une continuité de ce que nous avions déjà vécu auparavant, en tant qu’association et plus largement en tant que femmes musulmanes », proteste Lallab, association féministe et antiraciste de défense des droits des femmes musulmanes, auprès de Mediapart. Pour l’organisation, qui ne cesse « depuis 8 ans de dénoncer les manœuvres politiciennes qui font que l’islamophobie, le racisme et le sexisme s’expriment à toutes les échelles de l’institution », la menace est aujourd’hui « sans précédent pour les musulmans et notamment les femmes musulmanes en France. »

Mathieu Pastor, membre de la Marche des solidarités, pointe une « situation catastrophique ». « On voit tout cela comme un grand danger. On s’est battus contre la loi Darmanin, qui marquait déjà les prémices d’une association des macronistes avec les fascistes du Rassemblement national (RN), qui ont voté ensemble cette loi. Aujourd’hui, l’architecte du durcissement d’une loi déjà difficile à durcir a été nommé à l’intérieur. »

Instrumentaliser l’immigration

Déjà peu réceptif à l’idée d’accueillir des personnes migrantes et étrangères – Michel Barnier s’était prononcé en faveur d’un moratoire sur l’immigration, comme il le clamait dans Le Figaro en 2021, regrettant alors une « immigration subie » –, le premier ministre a choisi de nommer plusieurs ministres dont les déclarations sur ce sujet ont pu, à juste titre, heurter. Comme pour Bruno Retailleau, dont la nomination au ministère de l’intérieur sonne symboliquement comme une récompense à tous les colporteurs de haine anti-immigrés.

Car cette figure des Républicains n’a pas hésité à marcher dans les pas du RN, en adoptant par exemple l’expression « Français de papiers », créant ainsi une sous-catégorie de Français dans laquelle seraient rangées toutes les personnes issues de l’immigration, pourtant bien nées en France, qui n’auraient la nationalité française que pour « profiter » des documents d’identité français et des avantages sociaux.

L’ancien patron des Républicains au Sénat s’était aussi targué d’avoir considérablement durci le projet de loi asile et immigration, porté par l’ancien ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, lors du passage du texte au Sénat. Entre fin de l’automaticité du droit du sol, déchéance de nationalité pour certains binationaux, ou suppression de l’aide médicale d’État, il avait alors affirmé que « le texte de Gérald Darmanin n’existait plus ».


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