Et d’Hiroshima à la Cisjordanie. Ou comment une commémoration de crimes de guerre (le lâcher en août 1945 de bombes atomiques sur ces deux villes japonaises) entre en résonance avec d’autres crimes de guerre, ceux que subissent les habitants de Gaza et de Cisjordanie en 2024 et crée une « tempête diplomatique ».
Le 6 août 1945 ; les Etats-Unis larguaient la première bombe atomique sur la ville d’Hiroshima, causant au moins 140 000 morts. Puis le 9 août, c’était au tour de Nagasaki avec 74 000 morts.
Chaque année, ces deux villes organisent une commémoration, contre les armements nucléaires et plus largement pour la paix et contre les crimes de guerre. Chaque année, des délégations de la plupart des pays participent sur invitation à ces journées, y compris les Etats-Unis.
Depuis 2006, les représentants de tous les pays reconnus par Tokyo sont invités à cet événement.
Depuis 2022, Les représentants de la Russie et de la Biélorussie n’y sont plus les bienvenus depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
En ce mois d’août 2024, une polémique a eu lieu.
Les faits : la ville d’Hiroshima a invité l’ambassadeur israélien tout en l’invitant « à faire un pas vers la paix » et jugeant « profondément regrettables les nombreuses pertes humaines ». De fait, Mr Gilad Cohen, ambassadeur d’Israël,a participé à cette commémoration d’Hiroshima.
Par contre, la ville de Nagasaki « n’a pas souhaité sa venue », officiellement pour des raisons de sécurité. Nous voulons que la cérémonie se déroule sans heurts, dans un environnement pacifique et solennel », a déclaré M. Shiro Suzuki, maire de Nagasaki, à la presse, ajoutant : « Tenant compte de la crise humanitaire à Gaza et de l’opinion publique internationale à ce sujet, il y a des risques qu’un problème incongru se produise lors de l’événement, un risque qu’on ne veut pas prendre ».
Il faut dire qu’il existe un mouvement antimilitariste actif dans cette ville et qui n’est pas indifférent à la tragédie que subit le peuple de Gaza, avec d’importantes manifestations de solidarité.
Le rapport de forces a penché pour la non-invitation de l’ambassadeur israélien, pas content évidemment, d’autant plus qu’un représentant de l’Autorité palestinienne était officiellement invité (Selon Le Monde , « Nagasaki a dans le même temps invité l’Autorité palestinienne, qui « n’est pas partie prenante du conflit » entre Israël et le Hamas »).
L’affaire n’en resterait pas là. Mécontents aussi les alliés d’Israël, les Etats-Unis en premier évidemment, mais aussi la Grande-Bretagne et la France, notre pays "patrie des Droits de l’Homme".
Selon une dépêche de l’AFP, « l’Australie, l’Italie, le Canada, l’Union européenne, l’Allemagne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient prévenu qu’il leur serait « difficile d’avoir une participation de haut niveau à cet événement si Israël en était exclu ».
Je cite la même dépêche : « l’ambassade de France a annoncé qu’un proche de l’ambassadeur serait présent, précisant que la décision de ne pas inviter le représentant d’Israël est regrettable et contestable ».
De fait, les représentations de 6 pays occidentaux plus celle de l’Union européenne ont boycotté cette commémoration en solidarité avec l’ambassadeur israélien. Selon le journal Le Monde, « déplorant une "politisation" de la cérémonie, les pays du G7 et l’Union européenne, ont renoncé à y envoyer leurs ambassadeurs ».
Quelle hypocrisie de la part de ces pays qui « déplorent une politisation » !
Bon sang, mais évidemment que c’est politique, ce qu’il s’est passé à Hiroshima et Nagasaki en 1945, ce qu’il se passe aujourd’hui en Palestine, en Ukraine et ailleurs !
Le boycott devrait concerner l’Etat israélien, jusqu’à ce que cesse l’oppression du peuple palestinien, ce qui fut le cas pour l’Afrique du Sud de l’apartheid. Mais non ! Ils préfèrent boycotter cette cérémonie pacifiste.
Le « campisme » caractérise le plus souvent des opinions soutenant « certains mouvements ou certaines politiques d’Etats considérés comme « anti-impérialistes » au nom de leur résistance supposée à l’impérialisme hégémonique états-unien et occidental ».https://blogs.mediapart.fr/jean-mar...
En fait, nous avons ici à faire à un véritable « campisme » à l’occidentale, les pays du G7 rassemblés dans le déni complet des crimes commis contre le peuple palestinien. Le déni (ces pays considérant Israël comme le poste avancé des « démocraties occidentales » au Proche-Orient), mais surtout une véritable complicité !
Aucun de ces pays du G7 n’a de leçon à donner en matière de crimes de guerre.
Sources :
AFP :
https://www.mediapart.fr/journal/fi...
https://www.lemonde.fr/internationa...
https://www.lemonde.fr/internationa...
Le Monde :
https://www.lemonde.fr/internationa...
https://www.lemonde.fr/internationa...
https://www.lemonde.fr/internationa...
Courrier international :
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