On fait quoi maintenant, nous, territoires, actrices, acteurs et publics de la culture ?
On fait quoi alors que le front républicain a permis de faire barrage à l’extrême droite mais qu’elle continue sa progression et que le pays s’est fracturé ?
On fait quoi maintenant pour lutter contre sa vision identitaire, univoque et fantasmée de notre pays, laissant libre cours aux attaques qu’elle mène déjà contre toutes celles et tous ceux qui portent une voix dissonante ?
On fait quoi, face au sentiment puissant d’abandon ressenti dans les catégories populaires, qu’elles viennent des campagnes ou des quartiers ?
On fait quoi, même si des digues résistent encore, face au constat de notre impuissance à lutter contre le sentiment que « l’autre » est un problème ? Notre conviction partagée est celle du rôle politique et émancipateur de l’art et de la culture, contre toutes les mises au ban et tentatives d’assignations. Elle dépasse largement la défense de nos métiers ou de nos institutions, en s’inscrivant résolument dans la préservation d’espaces de pensée, de contre-récits, d’échange et de dialogue, de mise en danger de nos certitudes mais aussi d’émotions partagées et qui nous réunissent. Car c’est sans doute à partir de ces espaces que nous pourrons recréer du commun. Plus que jamais, il nous faut les faire vivre.
« L’extrême droite déteste toutes les formes contemporaines de culture » Alors, chacune et chacun depuis la place que nous occupons dans le corps social, artistes, politiques, responsables culturels et associatifs, citoyens et citoyennes nous prenons acte et nous engageons :
Nous ne négocierons jamais la liberté de création, qui questionne, conteste, voire choque, mais qui rassemble aussi autour d’imaginaires autres que ceux imposés par les industries médiatiques.
Nous ne renoncerons jamais à faire des lieux de culture les acteurs de la liberté d’expression, laissant la parole à celles et ceux qui ne pourraient être entendus autrement.
Nous ferons des lieux de culture les laboratoires d’une nouvelle modernité, faite d’hybridations des formes, des acteurs et des publics, parce que nous avons la conviction que c’est dans la rencontre de l’autre que se trouve l’avenir de nos sociétés.
Nous continuerons de faire vivre l’éducation artistique et culturelle, dès le plus jeune âge, comme un levier de construction de soi à travers la découverte de l’autre, et de développement de l’esprit critique.
Nous poursuivrons notre chemin vers celles et ceux dont nous nous sommes le plus éloignés, en favorisant des démarches itinérantes ou dans l’espace public.
Et nous ferons une place plus grande à celles et ceux qui se sentent relégués, pas seulement pour « conquérir des publics », mais pour en faire des acteurs de nos lieux et de nos projets.
Nous ne céderons pas à celles et ceux qui voudraient trier les citoyens en fonction de leur nationalité, de leur origine ou de leur couleur de peau, et ferons des lieux de culture des espaces d’hospitalité pour chacune et chacun, en revendiquant des relations fondées sur la rencontre, le partage et l’altérité.
Face aux discours dominants de stigmatisation et d’exclusion, nous nous mobiliserons pour construire des démarches artistiques et culturelles qui permettent de construire d’autres récits, pour raconter la France dans sa richesse et sa diversité, dans ses contradictions et ses tensions, dans sa complexité et son potentiel. Et construirons ensemble des moments de célébration de l’interculturalité, pour montrer non seulement qu’une autre France est possible mais qu’elle est déjà là.
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