Mensonges et diffamations de la macronie à deux jours des élections législatives

mercredi 3 juillet 2024.
 

Macronie. Pour Gabriel Attal et Emmanuel Macron, la panique est palpable à trois jours du scrutin. Lors du débat entre les représentants des trois principales coalitions de ces élections législatives hier soir sur France 2, le Premier ministre en sursis Gabriel Attal a annoncé le lancement d’un simulateur en ligne sur Internet, permettant disait-il de « tester » les effets sur les pensions de retraite de la réforme de la CSG présentée dans le programme du Nouveau Front Populaire.

Quel est le problème ? Ce site et sa méthode de calcul sont truffés de mensonges. À tel point que la France insoumise a annoncé engager une procédure d’urgence pour diffusion de fausses informations. Notre brève.

Un simulateur mensonger

Ce simulateur se base sur un amendement déposé par un député PS, rejeté à l’Assemblée nationale lors d’un débat sur le budget. Cet amendement proposait de remplacer la Contribution sociale généralisée (CSG), actuellement fixée à 8,3 % sur les toutes les pensions de retraites quels que soient leurs montants, par un taux progressif, c’est-à-dire un taux croissant selon le revenu. Une mesure juste de redistribution.

Première tromperie : le simulateur de Renaissance le prend en compte comme un impôt nouveau, s’additionnant au taux actuel. Ainsi, pour une petite pension de retraite de 500 euros, l’amendement prévoyait de remplacer le taux actuel de 8,3 % par un taux de 3,5 %. Le site simule pour cette retraite une perte de revenus de… 3,5 %. À l’opposé, donc, de l’effet réel de cette mesure.

Deuxièmement, le site fait comme si le taux s’appliquait au montant total. Or, comme tous les impôts, il s’applique uniquement au-delà du seuil, pour éviter les effets de seuil. Contrairement à ce qu’affirme le site, l’amendement ne propose pas de prélever 3,8% aux revenus en dessous de 410 euros, mais uniquement aux revenus au-dessus.

Prenons un exemple : dans sa réforme de l’impôt sur le revenu en 14 tranches d’impôts, LFI propose de taxer les revenus au-delà de 411.683 euros à 90 %. Cela ne signifie pas qu’une personne gagnant ce montant verra tous ses revenus taxés à 90 %, mais que tous ses revenus au-delà de ce seuil seront taxés à cette hauteur. L’imposition sur le montant total sera donc moins élevée. La personne ayant codé ce site, soit ne comprend pas le fonctionnement de l’impôt, soit a délibérément menti sur son fonctionnement afin de tromper les électeurs. L’Insoumission penche davantage pour la seconde option. La macronie décrépie tente de se maintenir par tous les moyens, y compris le mensonge le plus éhonté.

Autre manipulation des équipes du camp présidentiel : l’information demandée est la retraite mensuelle, mais la différence présentée est… annuelle. Une multiplication par douze des résultats, pour effrayer davantage.

Enfin et surtout, ce site omet de mentionner l’une des principales mesures contenues dans le programme du Nouveau Front populaire. Celui-ci prévoit en effet d’« augmenter le minimum contributif (pension de retraite pour une carrière complète) au niveau du SMIC et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté ».

LFI engage une procédure contre la macronie

Suite à cette tentative manifeste d’influencer les résultats de l’élection par une tromperie de la part du parti présidentiel, le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard a publié un communiqué de presse dans lequel il annonce engager une « procédure d’urgence pour diffusion de fausses informations contre Renaissance ».

« Ce simulateur est mensonger : il s’appuie sur des modes de calculs qui ne figurent pas dans le programme du Nouveau Front Populaire et donne des résultats complètement incohérents pouvant induire en erreur les électrices et les électeurs » dénonce ce communiqué.

Les mauvais calculs de Maretraitenupes.fr, le simulateur utilisé par Gabriel Attal pour critiquer la gauche (Le Monde, extrait)

La séquence était préparée minutieusement par Gabriel Attal. Lors du débat politique diffusé, jeudi 27 juin, sur France 2, le premier ministre a attaqué le Nouveau Front populaire (NFP) sur les hausses d’impôts que celui-ci envisage pour financer les dépenses sociales de son programme. « Vous proposez d’augmenter la CSG [cotisation sociale généralisée] sur les retraites de 1 200 euros », a-t-il critiqué, appelant les téléspectateurs à consulter le site Maretraitenupes.fr, créé par Ensemble, la coalition présidentielle, pour évaluer les conséquences d’une telle mesure. « Tous les Français qui nous regardent, qu’ils soient retraités, enfants, petits-enfants de retraités, peuvent se connecter sur le site, a affirmé M. Attal. Vous mettez votre montant de retraite et vous voyez de combien votre CSG va augmenter et combien cela vous fera en moins de retraite. »

Dans les minutes qui suivent, le site a été partagé par de nombreuses figures de Renaissance, comme le député du Val-de-Marne Mathieu Lefèvre ou le compte X de Gabriel Attal pendant le débat sur France 2. Aucun n’a précisé que le site avait été créé par Renaissance.

Trompeur, le nom de domaine Maretraitenupes.fr peut laisser penser qu’il s’agit d’un site de campagne piloté par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, ou Nupes, nom de l’alliance de gauche pour les législatives de 2022, qui regroupe la plupart des partis actuellement au sein du NFP.

Le site a été créé jeudi 27 juin, le jour même du débat entre Gabriel Attal, Jordan Bardella et Olivier Faure. A son apparition, il ne contenait pas de mentions légales indiquant clairement qui en était l’auteur. Ce n’est que dans la matinée de vendredi, après de nombreuses critiques en ligne, qu’un nouveau lien est apparu pour renvoyer vers le site de Renaissance. Des cadres du parti ont confirmé au Monde avoir créé ce site le jour du débat, mais se défendent de toute volonté de semer la confusion.

A en croire ce simulateur, le projet du NFP induit des pertes de pensions de retraite importantes, en particulier pour des pensions modestes. Selon l’exemple partagé par le compte de Gabriel Attal sur X pendant le débat, pour une pension nette mensuelle de 1 300 euros, la perte est évaluée à 858 euros par an.

Des calculs trompeurs

Ces calculs posent pourtant plusieurs problèmes. L’examen de la calculette met en évidence deux grands biais dans sa conception. Tout d’abord, elle ne demande aux retraités que le montant de leur pension de retraite. Or, le calcul de la CSG sur la pension de retraite, dans le système actuel comme dans celui envisagé par la gauche, dépend aussi du revenu fiscal de l’ensemble du foyer, et du nombre de parts fiscales de celui-ci.

Un retraité touchant une pension de 1 200 euros ne s’acquitte pas du même montant de CSG selon qu’il vit seul ou avec un conjoint qui perçoit une retraite élevée. Mais le site Maretraitenupes.fr ne prend en compte que le cas de figure d’une personne seule.

En cherchant à reproduire les calculs tels qu’Ensemble les a détaillés, Le Monde n’est pas parvenu aux mêmes chiffres, le simulateur ayant tendance à surestimer les pertes et à ignorer les situations où la réforme serait au contraire favorable aux retraités.

Dans tous les cas, plusieurs membres du NFP ont assuré vendredi que leur réforme ne serait pas exactement celle proposée par les socialistes en 2023. « Notre programme commun fixe le principe d’une CSG progressive, pour plus de justice fiscale, mais on n’a pas encore arbitré la question du barème », explique Arthur Delaporte, député socialiste sortant et candidat du NFP dans la 2e circonscription du Calvados. Si elle obtenait la majorité à l’issue des législatives, la gauche compte arbitrer le débat sur le barème dans l’Hémicycle, confirme Hadrien Clouet, député sortant La France insoumise et candidat du NFP en Haute-Garonne : « L’impôt est une chose sérieuse qui se discute à l’Assemblée nationale, n’en déplaise à M. Attal. »


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