Le « taré » du bloc bourgeois

lundi 24 juin 2024.
 

Depuis maintenant une décennie qu’il est au pouvoir Emmanuel Macron a eu le temps de se montrer sous son vrai jour : « un taré ». Rien n’aura été épargné aux citoyens et la liste est longue, très longue. C’est vertigineux.

Le mot est lâché, à une heure de grande écoute, par un député, sur une chaîne d’info en continue. Ce mot là, chose rare alors qu’il vient d’un élu LFI, ne suscite aucune réaction. Personne ne s’indigne, personne ne crie à la honte, au blasphème, rien. Le silence.

Il faut dire que l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale par le « taré » en question a fait l’effet d’une bombe, et que son souffle emporte tout sur son passage, les indignations grotesques, les colères malsaines, les anathèmes aléatoires.

Comme si, finalement, le temps d’une soirée, François Ruffin, un député LFI, donc honni par tous les médias de « l’arc républicain », avait trouvé le mot le plus juste. Celui qui qualifiait le mieux le pensionnaire de l’Elysée : « un taré ».

Et pour cause, si l’on remonte un peu dans le temps, toute la folie, le néant intellectuel et les combines crasses étaient déjà là.

Depuis maintenant presque 10 ans qu’Emmanuel Macron règne sur la politique Française tout y est passé. Tout est documenté ; des pires traîtrises aux sombres magouilles politiques et financières en passant par des revirements en pagaille (nucléaire, Covid, vente d’Alstom etc.), des accointances terribles des mensonges, des fausses promesses, on aura tout vu, avec la morgue et l’assurance qu’on lui connaît.

Rien n’aura été épargné aux citoyens et la liste est longue, très longue. C’est vertigineux.

On en viendrait presque à se demander comment est-il possible dès lors que cet homme n’ait pas été stoppé, comment se fait-il qu’il soit encore là, intouchable, insubmersible. ?

Quelle autre personnalité politique a déjà autant bénéficié d’une telle mansuétude de la part de tous les éditorialistes, commentateurs et journalistes de la vie politique ? Même De Gaulle en son temps avait fini par être désavoué par les médias (pourtant moins libres à cette époque, en théorie). Alors ?

2024 > 1984

Alors, c’est simple : le produit Macron est là pour défendre des intérêts. L’ancien banquier est au service des bourgeois, il défend sa classe sociale, de toute ses forces et du mieux qu’il peut. Et cela passe évidemment par le démantèlement systématique du tissu social, de la solidarité, des services publics, de la confiance démocratique et des lois liberticides.

Ce n’est pas faute d’avoir réagi : nuit debout, gilet jaune, manifestation, casserolades, pétitions, tribunes... beaucoup de choses ont été faites, la société civile dans sa grande majorité a pris position. Chaque fois la violence et le mépris comme réponse.

Certains prérequis pour que la démocratie fonctionne (le fameux peuple souverain) ce sont des relais, des organes indépendants, une presse libre… Tout, absolument tout (et tous), aura été abîmé, dégradé, criminalisé, les lanceurs d’alertes, les corps intermédiaires, les journalistes, les humoristes, les chômeurs, les immigrés…

Il n’y a qu’une seule gagnante : la bourgeoisie et ses grands patrons.

Il ne serait pourtant pas très compliqué de demander des comptes à ceux qui sont aux responsabilités depuis 2017 et deux mandats, eux qui occupent l’espace médiatique en permanence, donnent des interviews, des conférences de presse, des grands débats…

On peut s’étonner, alors même qu’il est censé lutter contre le Rassemblement National, que lors d’une immense et pompeuse conférence de presse Emmanuel Macron associe encore et toujours insécurité et immigration (à 2min) pourtant vieille marotte xénophobe portée par l’extrême droite ? Pourquoi aucune question ? Pourquoi devant de tels mensonges aucune réaction ?

Là aussi il ne faut pas chercher bien loin, tout est documenté : la plupart des grands éditorialistes sont eux mêmes des bourgeois, des réactionnaires ou tout simplement des personnes proches du pouvoir, acquis par conviction ou connivence à cette politique mortifère. L’espace médiatique dans son ensemble est gangrené par cette idée : Le Pen ou Macron et rien d’autre. Considérant que ce sont les seuls qui leur permettront de garder leurs privilèges.

Dès lors rien d’étonnant à voir apparaître une novlangue, un ersatz de discours ou tout se vaut, tout se transforme. Le langage devient outil au service du confusionnisme, "islamo-gauchisme", "wokisme", "éco-terrorisme"... Autant de néologismes qui brouillent, perturbent, discréditent toute opposition. Et tant pis si ça ne veut rien dire.

Du côté des réseaux sociaux rien de mieux, les algorithmes favorisent sciemment la violence, les contenus clivants, choquants et polarisants. L’un de leur patron, Elon Musk, est même un complotiste reconnu et assumé.

Si certains médias indépendants essayent de survivre1 la puissance financière des grands groupes est aujourd’hui un horizon indépassable. Tout cela mène à l’affaiblissement et à l’extinction du 4ème pouvoir, la mainmise des grands médias est toujours plus forte et de plus en plus concentrée dans les mains de quelques grands bourgeois.

Du côté du service public, si le constat est le même on y voit en plus une mise au pas forcée qui s’opère depuis quelques années, tant et si bien qu’on ne s’étonne même plus d’y voir un débat G.Attal – J.Bardella qui foule au pied toutes les règles de pluralisme et d’équité, on ne s’indigne même plus d’y voir un premier ministre débarquer au milieu d’une interview, le tout au milieu d’une réforme de l’audiovisuel public qui sonnerait définitivement le glas de son indépendance vis-à-vis du pouvoir.

« Mille fois Le Pen que le marxisme »1

Parce que Macron avance, il n’est redevable de rien, et peu importe si derrière lui la terre brûle, qu’il ne reste plus qu’un champs de ruine. Il est ange de désolation.

Le camouflet des Européennes ? « On a tous une responsabilité ». Le rejet de sa politique ultra-libérale ? « On a mal expliqué ». L’opposition de gauche ? « Coupable d’antisémite, [de] communautarisme, d’antiparlementarisme ». Le rejet de son bilan et de sa personne ? « Tout va bien, on continue ». la montée de l’extrême droite (qu’il était censé combattre) ? « Pas de sa faute ».

Le "taré" est ivre de lui même. Il a raison, même quand il a tort. D’ailleurs si il a tort, c’est que les autres se trompent. Pas lui, jamais. Impossible.

Et ce, alors que des membres du parti quittent le navire depuis son lancement, occasionnant une véritable hémorragie qui secoue LREM depuis maintenant presque 8 ans. Ceux qui s’affranchissent et retrouvent une liberté de parole dénoncent la verticalité du pouvoir, l’absence de démocratie et le culte de la personne, rien que ça.

Cela devrait nous alerter, et sans doute suffire. Mais non, l’impayable continu, d’ailleurs ce n’est pas une erreur cette dissolution puisqu’il s’en remet au peuple et « qu’on ne se trompe jamais quand on demande au peuple » quand bien-même il aurait pu le faire à un autre moment que celui, le pire, ou le RN a le vent en poupe et vient de réaliser son meilleur score à des élections. D’ailleurs, et alors même que leur parti est exsangue et réduit au strict minimum, ils sont nombreux à plastronner et inviter à des coalitions avec qui le voudrait bien, continuant à faire les fiers à bras alors qu’ils n’ont plus rien à proposer.

À tous ceux qui s’inquiètent on s’empresse de répondre qu’ « il ne faut pas voir le mal partout », qu’ « on est pas en 33 non plus », que « Macron n’a rien d’un dictateur », et qu « ’il a été élu quand même »...

Beaucoup de penseurs, Johann Chapoutot et Michaël Fœssel pour ne citer qu’eux, s’évertuent pourtant à rappeler la dangerosité de notre époque qui ressemble de plus en plus à une autre, pas si lointaine, et dont on fêtait le dénouement heureux le même jour que les élections. Incroyable timing...

Il y a un double danger qui pèse sur notre société, le premier celui de voir arriver au pouvoir le 7 juillet un parti fondé par un Waffen-SS, en cas de victoire du RN. Mais également de voir une société sombrer dans l’illibéralisme, vidée des principes fondateurs de la démocratie, en cas de victoire du camp autoproclamé « progressiste ».

Ce camp qui a trahi tous ses engagements républicains, qui fait des blagues racistes, utilise la violence symbolique et économique, se montre avec les pires complotistes, défend des violeurs, parle d’ensauvagement, de sécurité, de décivilisation, qui a des pulsions liberticides, autoritaires et n’hésite plus à se cacher derrière la police et l’armée pour mettre au pas la société civile qui aurait l’outrecuidance de s’opposer.

Le travail a déjà commencé, il n’y a aucune raison pour qu’il s’arrête, le programme économique du Rassemblement Nationale étant sensiblement le même que la politique appliquée par la majorité. Le bloc bourgeois n’a pas grand chose à perdre de la montée du RN, au contraire, il serait gagnant, comme il l’a toujours été lorsque l’extrême droite, partout, est arrivée au pouvoir.

Face je gagne, pile tu perds

Après tout Macron est trop intelligent, il est une sorte de surhomme, rappelez vous il n’est quand même rien d’autre que (dans le désordre) Jupiter, le maître des horloges, capable de pensée complexe et disruptive, comparé à Louis XIV, Jésus, De Gaulle, n’ayons pas peur des comparaisons. Ni même des hyperboles (ou amphigourisme) : « son regard bleu sur lequel glissaient des éclats métalliques, comme un lac accablé de soleil dont il aurait été impossible, sous le scintillement des reflets, de percer la surface », merci Bruno.

Et donc, nécessairement, il a déjà prévu l’après, il ne fait qu’un « coup » politique que des médias, décidément objectifs, sont déjà en train de saluer…

Et c’est peut-être là la clef de cette dissolution, ivre de son hubris il tente un coup, et tant pis si ce n’est rien de moins que la démocratie et l’avenir de nos ami.es, nos proches et nos voisin.es qui est en jeu. Cela lui importe peu car il n’en sera, lui, jamais comptable ou victime.

Essayons un instant de nous projeter et de faire de la politique fiction.

À la vue des forces en présence il existe trois cas de figure ; Le cas le plus probable est la victoire du RN, cette situation permettrait à Macron de poursuivre sa politique xénophobe, réactionnaire et liberticide en s’exemptant des responsabilités. L’histoire montre pourtant que lorsque l’extrême droite arrive au pouvoir elle n’est jamais simple à faire partir.

Une victoire de Renaissance aux législatives, qui ne serait rien d’autre qu’un vote barrage et non d’adhésion, sonnera pourtant, dans leur bouche, comme un plébiscite du pouvoir en place et donc une invitation à continuer de plus belle.

La situation la plus terrible pour Macron serait finalement une victoire de la coalition de gauche. Il ne mâche d’ailleurs pas ses mots contre elle et ne retient pas ses coups. Bien que celle-ci pourrait le ralentir dans sa politique néo-libérale, cela permettrait quand même à Macron de jouer au bon perdant, à celui qui a anticipé un sursaut républicain. Il aurait même l’occasion de leur savonner la planche pendant 3 ans puisque cette gauche au pouvoir deviendrait, de fait, comptable de la politique menée ces dernières années.

Prêt à tout pour continuer sa politique Macron fait donc un pari, et nous en sommes l’enjeu, nous tous, ceux qui ne sont ni blanc, ni homme, ni riche. Ni plus ni moins. Emmanuel Macron défend ses intérêts et ceux de sa classe bourgeoise au risque de plonger le pays dans des années noires, terribles et violentes.

La peste brune est à nos portes et le taré vient de lui en donner les clefs.

Florian Blondy


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