Gaza 26 au 27 mai : un « grand nombre » de victimes après une frappe israélienne à Rafah

samedi 1er juin 2024.
 

Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé dimanche qu’une frappe israélienne avait fait un « grand nombre » de morts et de blessés dans une zone humanitaire désignée près de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. L’armée israélienne a évoqué une frappe « contre des cibles légitimes ».

1) Des dizaines de morts signalés à Rafah, de très nombreux blessés

27 mai (Article de Nidal al-Mughrabi Reuters) - Des frappes aériennes menées par l’armée israélienne ont tué au moins 45 Palestiniens et blessé des dizaines d’autres dans une zone destinée aux déplacés dans la ville de Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, ont déclaré lundi les autorités sanitaires locales et les services de secours.

Tsahal a dit dans un communiqué avoir frappé un bâtiment du Hamas avec "des munitions de précision" sur la base de "renseignements précis".

Ces frappes aériennes ont permis d’abattre le secrétaire général du Hamas pour la Cisjordanie occupée et un autre haut représentant du groupe palestinien, a-t-elle ajouté.

L’armée israélienne est "informée de compte-rendus indiquant que plusieurs civils de la zone ont été blessés dans un incendie" provoqué par l’attaque, est-il écrit dans le communiqué. "L’incident est en cours d’examen".

Trente-cinq personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées dans l’attaque israélienne, a déclaré un porte-parole du ministère gazaoui de la Santé, contrôlé par le Hamas, précisant qu’il s’agissait majoritairement de femmes et d’enfants.

L’avocate-générale de l’armée israélienne, Yifat Tomer Yerushalmi, a qualifié lundi l’incident de "très grave" et assuré que "les forces de défense israéliennes regrettent que des non-combattants aient été blessés pendant la guerre".

Vidéo associée : Rafah : au moins 45 morts dans un camp de déplacés bombardé par Israël (Dailymotion)

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Rafah, ville frontalière de l’Egypte, était considérée comme l’ultime refuge relatif pour les civils de la bande de Gaza déplacés par les combats depuis le début du siège total de l’enclave décrété par Israël en réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier.

Des gouvernements internationaux, les Nations unies et des ONG ont prévenu par le passé du risque de catastrophe humanitaire en cas d’assaut à Rafah. La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné vendredi à Israël de stopper "immédiatement" son offensive, une décision dont l’Etat hébreu a fait fi, poursuivant ses opérations au cours du week-end.

"LES TENTES BRÛLENT, LES CORPS AVEC"

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a qualifié lundi d’"horribles" les informations sur des attaques contre des familles à Rafah.

"Des rapports font état de nombreuses victimes, dont des enfants et des femmes. Gaza est un enfer sur terre. Les images de la nuit dernière en témoignent une fois de plus", a écrit l’organisation sur X.

Alors qu’environ la moitié des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza s’étaient déplacés vers Rafah à mesure des avancées de l’armée israélienne dans l’enclave, des dizaines de milliers de personnes ont fui la région depuis qu’Israël a massé début mai ses chars d’assaut aux portes de la ville puis entamé des opérations militaires terrestres.

Les frappes aériennes signalées en fin de soirée dimanche ont été menées dans le quartier de Tel al-Sultan, dans l’ouest de Rafah, où des milliers de personnes vivaient entassées dans des tentes après avoir, pour nombre d’entre elles, quitté l’est de la ville face aux avancées de Tsahal.

Le Comité international de la Croix-Rouge a déclaré que son hôpital de campagne à Rafah faisait face à un afflux de blessés et que d’autres hôpitaux soignaient aussi un nombre important de patients.

Un haut représentant du Hamas, Sami Abou Zouhri, a qualifié l’attaque de "massacre", ajoutant tenir les Etats-Unis pour responsables pour les aides militaires et financières qu’ils fournissent à Israël.

"Les frappes aériennes ont brûlé les tentes, les tentes fondent et avec elles, les corps des gens avec aussi", a déclaré un habitant à son arrivée à l’hôpital koweïtien de Rafah.

Lundi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell,

a indiqué

que l’Union européenne (UE) était prête à relancer sa mission d’assistance à la frontière (EUBAM) à Rafah, abandonnée depuis 2007 et la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas.

Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un cessez-le-feu et la libération des otages sont dans l’impasse, les deux camps s’accusant mutuellement d’avoir des demandes trop importantes.

Le ministère des Affaires étrangères du Qatar, qui fait office de médiateur dans le conflit, a dit lundi que les dernières frappes aériennes d’Israël sur Rafah étaient susceptibles d’entraver les efforts de médiation.

2) Camp de réfugiés bombardé : Benyamin Netanyahou déclare que la frappe sur Rafah est « un accident tragique »

Benyamin Netanyahou a déclaré ce lundi devant des familles d’otages détenus dans la bande de Gaza que la frappe israélienne sur Rafah la veille était « un accident tragique ».

Dimanche, une frappe aérienne israélienne a provoqué un incendie dans un camp de déplacé du sud de la bande de Gaza, entraînant, selon les autorités de ce territoire, la mort d’au moins 45 personnes.

« À Rafah, nous avons évacué un million de résidents qui ne sont pas impliqués et, malgré tous les efforts déployés, un incident tragique s’est produit hier. Nous enquêtons sur ce qui s’est passé et nous en tirerons les conclusions », a déclaré Benyamin Netanyahou au Parlement.

Plus tôt ce lundi, l’armée israélienne a dit enquêter sur la mort de civils dans un camp de Rafah après une de ses opérations qui a fait au moins 45 morts au cours de la nuit de dimanche à lundi dans cette ville de l’extrême sud de la bande de Gaza.

3) Massacre dans le camp de tentes de Tal Al-Sultan, au nord-ouest de Rafah

« Les équipes d’ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien transportent un grand nombre de martyrs et de blessés après que l’occupation (Israël) a ciblé les tentes des personnes déplacées près du siège des Nations unies, au nord-ouest de Rafah », a déclaré le Croissant-Rouge sur X, ajoutant que « ce lieu avait été désigné par l’occupation israélienne comme une zone humanitaire ». La frappe s’est produite selon le Croissant-Rouge dans un camp de Tal Al-Sultan, au nord-ouest de Rafah. Des images prises sur place par l’agence de presse Reuters montraient une zone dévastée par les flammes.

Le ministère de la Santé du Hamas et le comité d’urgence du gouvernorat de Rafah ont également fait état d’une frappe sur un centre de déplacés près de Rafah, qui a fait selon eux des dizaines de morts et de blessés. Le bureau des médias du gouvernement du Hamas a indiqué qu’au moins 35 personnes avaient été tuées et des dizaines d’autres blessées.

La Défense civile de Gaza a confirmé des frappes israéliennes sur cette zone, où selon elle vivent quelque 100 000 déplacés. Selon la Défense civile, 50 personnes ont été tuées ou blessées.

L’ONG Médecins sans frontières a indiqué pour sa part que « plus de 15 morts » et « des dizaines de blessés » avaient été amenés dans un point de stabilisation des traumatismes qu’elle soutient. « Nous sommes horrifiés par cet événement meurtrier, qui montre une fois de plus qu’aucun endroit n’est sûr », a-t-elle ajouté sur X.

« L’incident est en cours d’examen », selon Tsahal L’armée israélienne a affirmé dans la soirée avoir frappé « un complexe du Hamas à Rafah », où opéraient « d’importants terroristes » de l’organisation islamiste palestinienne. Deux hauts responsables du Hamas en Cisjordanie occupée ont été tués dans cette frappe, qui a ciblé la zone de Tal Al-Sultan, a-t-elle précisé.

« La frappe a été menée contre des cibles légitimes au regard du droit international, en utilisant des munitions précises et sur la base de renseignements précis », a assuré sur Telegram l’armée, qui ajoute avoir « connaissance de rapports indiquant qu’à la suite de la frappe et de l’incendie qui a suivi, plusieurs civils de la zone ont été blessés ». « L’incident est en cours d’examen », a assuré Tsahal.

« Cet atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales sur la légitimité », a réagi la présidence palestinienne dans un communiqué, accusant Israël d’avoir « délibérément visé » un campement de personnes déplacées.

« À la lumière de l’horrible massacre sioniste commis ce soir par l’armée d’occupation criminelle contre les tentes des personnes déplacées, nous appelons les masses de notre peuple en Cisjordanie, à Jérusalem, dans les territoires occupés et à l’étranger à se lever et à marcher avec colère », a pour sa part écrit le Hamas dans un communiqué.

Malgré un concert de réprobations internationales, l’armée israélienne avait lancé le 7 mai des opérations dans cette ville du sud de la bande de Gaza pour détruire les derniers bataillons du Hamas, contre qui elle est en guerre depuis bientôt huit mois.

La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné vendredi à Israël d’arrêter immédiatement ses opérations dans cette ville, où 1,5 million de personnes avaient trouvé refuge. Des centaines de milliers d’entre elles ont été contraintes de fuir à nouveau avec le début des opérations israéliennes, le 7 mai.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’était dit, plus tôt dans la journée, ce dimanche, « fermement opposé » à la fin de la guerre.

4) Guerre à Gaza : victimes, zone ciblée… ce que l’on sait de la frappe meurtrière d’Israël à Rafah (AFP)

Des centaines de milliers de civils fuyant les combats depuis l’incursion israélienne dans la bande de Gaza, fin octobre, s’étaient réfugiés dans cette zone. Si l’armée israélienne clame avoir visé « un complexe du Hamas » sans enfreindre le droit international, y éliminant même deux cadres du Hamas, le Croissant-Rouge palestinien et la présidence palestinienne assurent que c’est un camp de réfugiés qui a été ciblé par Tsahal. Que s’est-il passé ?

Israël a admis qu’un de ses avions avait « frappé un complexe du Hamas à Rafah dans lequel opéraient d’importants terroristes », dont deux responsables du mouvement en Cisjordanie, Yacine Rabia et Khaled Nagar. Tsahal a indiqué avoir « éliminé le chef d’état-major du Hamas en Judée-Samarie ainsi qu’un autre haut responsable du Hamas ».

« La frappe a été menée contre des cibles légitimes au regard du droit international, grâce à l’utilisation de munitions précises et sur la base de renseignements précis indiquant l’utilisation de la zone par le Hamas », a-t-elle dit dans un communiqué.

De son côté, la présidence palestinienne et le Hamas ont accusé Israël d’avoir commis un « massacre » en visant un centre pour personnes déplacées près de Rafah. « Cet atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales », a écrit la présidence palestinienne dans un communiqué, accusant Israël d’avoir « délibérément visé » le camp de personnes déplacées de Barkasat, géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) au nord-ouest de Rafah.

« À la lumière de l’horrible massacre sioniste commis ce soir par l’armée d’occupation criminelle contre les tentes des personnes déplacées, nous appelons les masses de notre peuple en Cisjordanie, à Jérusalem, dans les territoires occupés et à l’étranger à se lever et à marcher avec colère », a de son côté écrit le mouvement islamiste du Hamas dans un communiqué.

Quel est le bilan ? Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que ses ambulances avaient transporté « un grand nombre » de personnes tuées ou blessées lors de l’attaque. Selon l’ONG, cette frappe « a ciblé les tentes des personnes déplacées près du siège des Nations unies », où se trouvaient donc de nombreux civils.

L’ONG a précisé que « ce lieu avait été désigné par l’occupation israélienne comme une zone humanitaire ». La frappe a été dévastatrice. Les images diffusées montraient des tentes en feu. La frappe et les incendies qui ont suivi auraient pu faire plusieurs dizaines de morts. Des photos et vidéos montraient des corps au sol, certains brûlés par les flammes.

L’organisation Médecins sans frontière a indiqué, dans un communiqué publié sur X, autour de 23h30 dimanche soir, que « des dizaines de blessés et plus de 15 morts » avaient été présentés dans leurs services.

Des frappes dans d’autres zones de Rafah ont également été signalées dimanche en fin de journée. L’Hôpital Koweïtien a dit avoir reçu les corps de trois personnes, dont celui d’une femme enceinte.


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