Si ce n’est pas un génocide à Gaza, alors qu’est-ce que c’est ?

vendredi 26 janvier 2024.
 

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Supposons que la position d’Israël à La Haye soit juste et équitable et qu’Israël n’ait pas commis de génocide ou quoi que ce soit qui s’en rapproche. De quoi s’agit-il alors ? Comment appelez-vous le massacre, qui se poursuit alors même que ces lignes sont écrites, sans discrimination, sans retenue, à une échelle difficilement imaginable ?

Comment appeler les enfants mourants dans les hôpitaux, dont certains n’ont plus personne au monde, et les civils âgés affamés qui fuient pour sauver leur vie la menace incessante des bombes ? La définition juridique changera-t-elle leur sort ? Israël poussera un soupir de soulagement si le tribunal rejette l’accusation. En ce qui le concerne, s’il ne s’agit pas d’un génocide, sa conscience sera à nouveau tranquille. Si La Haye dit « pas de génocide », nous serons à nouveau les plus moraux du monde.

Ce week-end, les médias israéliens et les médias sociaux ont débordé d’admiration et d’éloges à l’égard de l’équipe juridique qui nous a représentés à La Haye. Quel anglais élégant et quels arguments convaincants ! La veille, les médias ont à peine rapporté la position de l’Afrique du Sud, qui était présentée dans un anglais encore meilleur que celui des Israéliens et qui était bien plus ancrée dans les faits et moins dans la propagande, prouvant une fois de plus que dans cette guerre, les médias israéliens ont atteint un nadir historique. Ils considèrent qu’il est de leur devoir de renforcer la position israélienne et d’annuler la position du « bras juridique du Hamas ». Regardez l’honneur juridique que ces experts nous ont apporté.

Supposons que nous parlions d’un pays jugé pour les violations les plus graves du droit international. Ceux qui portaient des robes noires et des perruques blanches et ceux qui n’en portaient pas ont présenté les arguments habituels d’Israël, dont certains sont justes, comme les descriptions de l’atrocité du 7 octobre.

Dans d’autres parties, les experts ont fait preuve d’un grand respect pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales.

A d’autres moments, il était difficile de savoir s’il fallait rire ou pleurer. Comme l’argument selon lequel le Hamas est le seul à blâmer pour les conditions dans la bande de Gaza [1]. Israël n’y est pour rien. Dire cela à une institution internationale prestigieuse, c’est mettre en doute et insulter l’intelligence de ses juges.

Et que penser des propos du chef de l’équipe de défense israélienne, le professeur Malcolm Shaw : « Les actions d’Israël sont proportionnées et ne visent que les forces armées » ? Mais qu’en est-il de la vérité ? Proportionnées à une telle destruction ? Si c’est à cela que ressemble la proportionnalité, à quoi ressemble la disproportion ? Hiroshima ?

« Seulement contre les forces armées », avec des multitudes d’enfants morts ? De quoi parle-t-il ? « Passer des appels téléphoniques pour évacuer les personnes non impliquées » ; qui a encore un téléphone en état de marche à Gaza et où exactement sont-ils censés évacuer dans cet enfer où il ne reste plus une seule parcelle de terrain sûr ? Et le comble : « Même si les soldats ont violé les lois régissant la guerre, cela sera traité par le système juridique israélien. »

Shaw n’a apparemment pas entendu parler du système juridique israélien et encore moins de ce qu’on appelle le système juridique militaire. Il n’a pas entendu dire qu’après l’opération Plomb durci, le conflit de 2008-2009 avec Gaza, seuls quatre soldats ont été inculpés pour des infractions pénales et qu’un seul d’entre eux a été envoyé en prison pour le délit de vol d’une carte de crédit (!). Tous les autres qui ont lancé des obus et des bombes sur des innocents ne seront jamais inculpés.

Et que dire des remarques du Dr Galit Rejwan, la découverte du week-end qui sera sans doute choisie pour allumer la torche de cette année lors de la cérémonie du Jour de l’Indépendance sur le Mont Herzl : "L’armée israélienne déplace les hôpitaux vers un endroit plus sûr. Shifa sera-t-il déplacé à Sheba ? Rantisi à Soroka ? De quels lieux sûrs à Gaza parle-t-elle et quels hôpitaux Tsahal déplacera-t-il ?

Bien entendu, rien de tout cela ne prouve qu’Israël a commis un génocide. Le tribunal en décidera. Mais se réjouir de tels arguments pour la défense ? Se sentir bien après La Haye ? De se sentir bien après Gaza ?

Gideon Levy

• Traduit pour ESSF par Pierre Rousset avec DeepL pro.

Source : Haaretz. Jan 14, 2024 1:33 am IST :

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