La loi Pécresse ne passera pas !

vendredi 2 novembre 2007.
 

Comme vous le savez sans doute déjà chers lecteurs, au mois d’août dernier était votée la loi dite « libertés et responsabilité des universités » également appelée « loi d’autonomie des universités ». Le premier ministre François Fillon s’était déjà obligeamment chargé de nous avertir que cette réforme serait sans doute « la plus importante » de son mandat. Quels sont alors les changements apportés par cette loi au modèle universitaire actuel ? Deux axes principaux se dégagent le financement des universités et leur « gouvernance ».

Pour le financement, il ne se fera plus de manière planifiée et récurrente par rapport aux besoins exprimés par les universités et les populations mais suivant une logique de contrat entre l’université et l’État visant à valoriser une recherche plus compétitive. Cette logique contractuelle est déjà en soi une remise en cause des missions du service public d’enseignement supérieur : assurer à chaque citoyen le développement d’un esprit critique et l’acquisition de qualifications reconnues lui permettant de faire valoir ses droits face au patronat. Le gouvernement va cependant plus loin dans l’abandon du service public puisqu’il confie aux universités de nouvelles compétences, notamment la gestion de leur patrimoine mobilier et immobilier, le tout sans donner de moyens supplémentaires. Comment les universités vont elles pouvoir financer leur activité avec ces dépenses supplémentaires ? Le gouvernement Fillon a la solution les partenariats privés. Les universités pourront donc se financer directement par le biais des entreprises sans réel contrôle.

Quant à la « gouvernance », les universités seront désormais dirigées par un nombre restreint de personnes regroupées au sein d’un Conseil d’Administration comprenant une grande proportion (jusqu’à 40%) de « personnalités extérieures », représentantes du « monde économique ». De plus, cette loi instaure une grande concentration de pouvoirs entre les seules mains du président véritable P-DG tout puissant. Cerise sur le gâteau, ce président omnipotent n’est plus obligé d’être enseignant/chercheur et peu donc tout a fait être l’un des chefs d’entreprise partenaire de l’université. Pour parachever le tout, le gouvernement met également en place une barrière sélective à l’entrée de l’université par le biais de « l’orientation active », dispositif visant à décourager certains bacheliers de s’inscrire à l’université.

La boucle de la liquidation du service public est ainsi bouclée : par le biais des financements les entreprises contraignent les universités à orienter leur recherche et leurs enseignements dans un sens qui leur profite, par le biais du CA où elles ont la main haute elles font acter leur volonté par la direction politique de ces mêmes universités. Ce système aboutit donc à l’émergence d’une université à deux vitesses avec, d’un côté des universités surfinancées offrant des formations de qualité aux étudiants qui auront pu passer la barrière de « l’orientation active », de l’autre des universités sous-dotées, offrant des formations courtes, non reconnues sur le marché du travail pour les étudiants défavorisés. La bourgeoisie caricaturale au pouvoir met donc tout en place pour réserver à sa progéniture l’accès aux études supérieures, cherchant à empêcher toute ascension sociale afin de conserver le pouvoir économique entre ses seules mains.

Parce que chacun de ses articles est en opposition frontale avec l’intérêt des jeunes et des travailleurs et avec le projet d’une société socialiste où la collectivité donne à chacun les moyens de vivre et de s’émanciper de toute tutelle familiale, religieuse ou économique nous ne pouvons que nous prononcer pour l’abrogation de la loi « relative aux libertés et responsabilités des universités ». ∎

Martin Crouzet


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