28 février 1921 : les marins de Cronstadt s’insurgent contre le pouvoir bolchevik

mercredi 22 janvier 2014.
 

Inquiets de la tournure autoritaire prise par le régime soviétique, les marins de Cronstadt organisent une réunion au cours de laquelle ils formulent 15 revendications à destination du gouvernement. Loin de mettre en cause la révolution d’octobre, ils exigent la fidélité à ses principes, et notamment l’exigence d’un réel pouvoir politique des travailleurs. Ils réclament ainsi l’élection de nouveaux soviets, à bulletins secrets, et avec la participation de tous les partis socialistes.

Bien que les marins de Cronstadt soient alors unanimement considérés comme des héros de la révolution d’Octobre, à laquelle ils ont pris une part active, les autorités soviétiques refusent de prendre en compte leurs revendications. La guerre civile est encore loin d’être achevée, et l’écrasement des contre-révolutionnaires est alors leur principale priorité.

Les bolcheviks ne prônent pourtant pas encore l’écrasement du soulèvement. Ce sont les marins eux-mêmes qui prennent les armes, inquiets des rumeurs d’une attaque du gouvernement. Dès lors, il deviendra impossible au gouvernement d’écouter les revendications des insurgés. Ils pensent en effet que la révolte est influencée par des agents des puissances capitalistes, et notamment de la France, hypothèse que les historiens contemporains n’ont pas encore pu totalement écarter. Certains anarchistes (comme Emma Goldman), proposent de servir de médiateurs entre Cronstadt et le gouvernement, mais les bolcheviks refusent leurs services en exigeant que les marins rendent les armes. La décision ne fait toutefois pas l’unanimité au sein du parti communiste, et engendre même l’apparition d’une opposition, fait rarissime.

Pour des raisons qui tiennent ainsi autant aux ambiguïtés de la situation révolutionnaire qu’à d’évidentes difficultés de communication, l’affrontement devient inévitable. Isolés et mal équipés, les insurgés n’ont aucune chance. Le 7 mars, Trotski, à la tête de l’armée rouge, lance l’assaut. Le 17 mars, les insurgés sont écrasés. Pendant les décennies qui suivent, la révolte de Cronstadt devient l’objet de conflits d’interprétation cruciaux entre libertaires et marxistes. Les passions apaisées, elle reste un moment essentiel pour comprendre les contradictions dans lesquelles peut se trouver prise l’action révolutionnaire.

Par Patrice Perdereau le mardi 28 février 2012


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