Appel contre la destruction du vivant ( 18 juin 2023)

lundi 26 juin 2023.
 

Alors que les scientifiques alertent sur le dérèglement climatique, la réponse des pouvoirs publics n’est toujours pas à la hauteur du danger existentiel posé à l’humanité. Sur une proposition de la campagne citoyenne Dernière Rénovation, des dizaines de personnalités politiques et de la société civile signent un appel à la résistance civile climatique.

La liste complète des signataires est accessible en cliquant sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).

Il y a 83 ans, un appel a résonné dans les foyers. Tout semblait perdu, pourtant. Les dirigeants avaient abdiqué devant la force de la destruction. Afin de préserver leur tranquillité et leur sécurité personnelle, ils condamnaient la population à l’étau du silence pour les plus chanceux, à l’enfer concentrationnaire et la mort pour les autres. Parmi ceux qui ne collaboraient pas à l’horreur, chacun et chacune faisait face à son destin funeste et aux souffrances innommables qui attendaient ses proches, ses voisins, et les inconnus pourtant familiers qui habitaient le pays, ses frères et soeurs d’humanité.

Aujourd’hui, un autre mal pèse sur nos vies. Ses blindés ne défilent pas à Paris, il ne décime pas tout un peuple pour sa religion. Au nom d’une croissance abstraite et de transactions financières dématérialisées, ce nouveau mal fait peser sur nous un danger bien réel. Les quelques personnes à qui cela profite ont du sang sur leurs mains. Ceux-là ont perdu toute commune mesure, et leur folie a une conséquence pour nous autres : la mort.

Le nier serait mentir. La destruction du vivant a atteint un point tel que chacun et chacune se retrouve au bord du précipice vers lequel nous envoient les décideurs de ce monde. Tant de vies ont déjà été détruites par le mépris pour les habitants des pays du Sud. Tant de souffrances évitables ont été traversées dans les sécheresses, les inondations, les guerres d’accès à l’eau ou à la nourriture, l’exil climatique. Si nous choisissons la passivité, ces tragédies seront généralisées à la planète entière. Elles sont déjà à nos portes, chaque catastrophe nous le rappelle.

La destruction du vivant a atteint un point tel que chacun et chacune se retrouve au bord du précipice.

C’est pourquoi nous résistons. Nous sommes des milliers à travers le monde à résister avec nos corps, avec nos voix. Nous résistons à l’anéantissement absurde, au pire qui pourrait advenir, et qui peut encore être évité. Souvent, nous résistons dans l’ombre, car la lumière jette aussitôt sur nous les foudres de la répression. Dans de nombreux pays, résister signifie risquer la mort. En Europe, les appareils judiciaires se renforcent contre nous. Les discours nous criminalisent, espérant préparer l’opinion à une répression suffisante pour nous faire taire. Les peines s’alourdissent malgré notre non-violence et la légitimité de notre colère. Les armes de guerre sont employées contre nous dans les rassemblements, mutilant nos corps.

Pendant ce temps, la complaisance politique n’a jamais été aussi grande pour les entreprises écocidaires, celles-là mêmes qui produisent tant de souffrances et compromettent les conditions de notre vie sur Terre. Nous le savons maintenant, notre espèce pourrait s’éteindre, emportant avec elle tant de formes de vies sacrifiées. Cette menace va grandissant, assombrissant l’avenir de toutes les générations futures. Ce danger ronge notre chair, sa mémoire et son devenir. Les auteurs de ce désastre sont des meurtriers, qui nous arrachent la vie elle-même, en nous et au-delà de nous. Là est la violence, la plus abjecte qui soit.

Il y a 83 ans, un appel a résonné, qui a changé le visage de notre pays. Il venait d’une situation qui semblait désespérée, comme peut le sembler la nôtre aujourd’hui. Il venait du bord de l’abîme. Si cet appel résonne encore dans nos mémoires, c’est parce qu’il a été entendu. Ce sont les centaines de personnes qui, transformant cet espoir en actes, ont changé notre pays. Ces femmes et ces hommes ordinaires ont choisi d’entrer en mouvement face à l’injustice et la violence. Ils l’ont fait car ils savaient que c’était la juste chose à faire. C’est ainsi que se façonne notre destin collectif.

Partout notre victoire est possible. Dans chaque ville, dans chaque département, des mains se tendent.

Aujourd’hui, nous appelons les femmes et les hommes ordinaires à résister avec nous. À la radio résonnera l’appel d’un de nos collectifs. Certains soulèvent les montagnes, d’autres font pression sur les décideurs politiques pour que les mesures nécessaires soient prises. Toutes et tous, nous organisons la lutte à venir avec solidarité, force, joie et courage. Partout, des groupes s’organisent contre le désastre et pour préserver une vie digne. Partout notre victoire est possible. Dans chaque ville, dans chaque département, des mains se tendent.

Quoiqu’il arrive, la flamme de la résistance civile ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. “Le destin du monde est là.”

Rejoignez-nous, il est l’heure de faire basculer l’histoire.


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