Réindustrialisation ? Emmanuel Macron entretient un rapport troublant avec le réel. Pour tenter de sortir le pays de la crise sociale, politique et démocratique dans laquelle il l’a plongé depuis 4 mois, le chef de l’État essaie d’ouvrir une nouvelle séquence politique : la « réindustrialisation » du pays. Son ministre de l’Économie, plus efficace à sortir des livres qu’à formuler un discours économique cohérent, affirme, très tranquillement, que la « France se réindustrialise ». Problème, cette affirmation est fausse. C’est même un très (très) gros mensonge.
Les chiffres de l’INSEE ne peuvent souffrir d’aucune contestation. Au premier trimestre 2023, la production manufacturière en France est inférieure de 1,35 % au niveau des trois premiers mois de 2017. En mars 2023, selon l’INSEE toujours, la production manufacturière française était à un niveau inférieur de 0,3 % à son niveau de mars 2015. Pas de « réindustrialisation » depuis qu’Emmanuel Macron est à la tête du pays. Sur le temps long, parler de « réindustrialisation » ressemble à une plaisanterie de très mauvais goût quand on connait les conséquences de la désindustrialisation sur des régions entières : entre le deuxième trimestre 1974 et le dernier trimestre 2022, la France a perdu 2,26 millions d’emplois privés dans l’industrie. Mais ce n’est pas le seul mensonge du camp présidentiel.
Lors de son déplacement dans une usine taïwanaise de fabrication de batteries électriques à Dunkerque, le chef de l’État a parlé de « gigafactory ». Pour décrire un site de… 3 000 salariés. Pour rappel, les « usines » pouvaient employer des dizaines de milliers de personnes. Les usines sidérurgiques lorraines ont ainsi employé jusqu’à 100 000 ouvriers, l’usine Renaud de Billancourt 35 000 salariés, l’usine Michelin de Clermont a employé 25 000 salariés, etc. Troisième mensonge, celui de la baisse du chômage. Mais cet homme, capable de saluer une foule imaginaire sur des champs Elysées qu’il a lui même bunkerisé, n’en est pas à son coup d’essaie. L’insoumission.fr avait déjà relevé 15 mensonges dans sa lettre aux syndicats en mars et 21 mensonges dans sa lettre aux Français lors de la présidentielle. Un président mythomane récidiviste.
« Trop de taxes », « les riches vont se barrer », « les riches créent de l’emploi », « pas d’argent magique », « 250 milliards passés du travail au capital »… L’insoumission.fr lance une nouvelle série : « Désintox économique ». L’objectif : apporter des outils à nos lecteurs pour participer à la bataille culturelle contre la propagande économique véhiculée tous les jours par les médias traditionnels. Notre but : vulgariser les débats économiques pour les rendre accessibles au plus grand nombre. L’adversaire : les milliardaires qui détruisent la planète et les humains, et qui possèdent les médias dominants. Nos alliés dans la bataille : nos économistes et vous, nos lectrices et lecteurs.
Onzième épisode de notre série Désintox économique : la « réindustrialisation ».
La réindustrialisation de la France ? Un gros mensonge. Non, la France ne se réindustrialise pas. Dans un brillant article pour Médiapart, le grand Romaric Godin démonte ce mythe point par point. La désindustrialisation est même le bilan noir du premier quinquennat Macron comme nous le soulignions dans nos colonnes pendant la campagne présidentielle. Il y a la communication politique d’un monarque présidentiel dégringolant de son trône qui tente d’inventer des branches auxquelles se raccrocher dans sa descente, et il y a les chiffres de l’INSEE. Emmanuel Macron va-t-il dissoudre l’INSEE ?
En mars 2023, selon l’INSEE, la production manufacturière française était à un niveau inférieur de 0,3 % à son niveau de mars 2015. Au premier trimestre 2023, la production manufacturière est inférieure de 1,35 % au niveau des trois premiers mois de 2017. Et sur l’année 2022, cette même production affiche un recul de 4,45 % par rapport à l’année de la victoire d’Emmanuel Macron. Ce que confirme la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée globale de l’économie. Au premier trimestre 2023, cette part était de 12,74 % contre 13,74 % au premier trimestre 2022, juste avant l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.
Sur le temps long, parler de « réindustrialisation » ressemble à une plaisanterie de très mauvais goût quand on connait les conséquences de la désindustrialisation sur des régions entières : entre le deuxième trimestre 1974 et le dernier trimestre 2022, la France a perdu 2,26 millions d’emplois privés dans l’industrie.
Ce vendredi, Emmanuel Macron, dans une grossière opération de communication politique, s’est rendu dans une usine taïwanaise de fabrication de batteries électriques à Dunkerque. Le chef de l’État a osé parler de « gigafactory ». Pour décrire un site de… 3 000 salariés.
Aujourd’hui, la plus grande usine du pays, le site toulousain d’Airbus, emploie 13 000 salariés. Mais à l’époque, ce que l’on appelait les « usines », employaient des dizaines de milliers d’emplois (sans compter les bassins de sous-traitants alimentés par les usines). Les usines sidérurgiques lorraines ont ainsi employé jusqu’à 100 000 ouvriers, l’usine Renaud de Billancourt 35 000 salariés, l’usine Michelin de Clermont a employé 25 000 salariés, etc.
Au delà de l’utilisation du terme mensonger de « gigafactory », il ne faut pas oublier la responsabilité d’Emmanuel Macron dans la désindustrialisation de nos fleurons : Alstom, pour l’exemple le plus connu. Mais aussi Ascoval, GM&S, Doux, Saint Louis Sucre, Roquette, Luxfer, Arjowiggins, La Chapelle Darblay, Bosch, Ferropem, les fonderies du Poitou, de MBF, les fonderies de Bretagne, la Société de métallurgie aveyronnaise… La chronique de cette destruction industrielle sans précédent s’est déclinée ces dernières années en une litanie sans fin. Plus de 100 usines ont été sacrifiées chaque année sous Emmanuel Macron, selon la journaliste Martine Orange de Médiapart. Que le chef de l’État ne vienne pas parler souveraineté industrielle, après avoir lui même saccagé notre industrie.
Pourquoi cette désindustrialisation ? Car Emmanuel Macron, depuis son arrivée au cœur de l’État en 2012, comme secrétaire général adjoint de l’Élysée du cabinet de François Hollande, et comme l’immense majorité des élites de ce pays avant lui, a vendu nos fleurons aux plus offrants, comme Alstom aux américains. Pourquoi ? Car ce néolibéral radicalisé considérait l’industrie comme appartenant au siècle passé, et prônait à l’époque la « start-up » nation, l’ubérisation de la société, un modèle économique tertiarisé et financiarisé dans laquelle l’essentiel des emplois créés le sont dans des services exploités, où le droit du travail a été férocement attaqué. Emmanuel Macron, depuis le quinquennat Hollande, porte donc une lourde responsabilité dans la désindustrialisation du pays.
« La France connaît son niveau de chômage le plus bas pour la deuxième fois depuis 40 ans » ose fanfaronner Élisabeth Borne. Grand classique, la Première ministre ignore l’ensemble des catégories de Pôle emploi. Ils font état de 3 millions de chômeurs de catégorie A et de 6,1 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues (A,B,C,D,E), hors Mayotte, au premier trimestre 2023. 6 millions de chômeurs, un chiffre stable. Si l’on tient compte des catégories A, B et C, les chômeurs sont 5,4 millions en décembre 2015 et décembre 2016, et 5,6 millions en décembre 2017, année d’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.
Selon Bertrand Martinot, économiste collaborateur de l’institut Montaigne, qu’on ne peut donc soupçonner de communisme, en ajoutant au nombre des chômeurs version Insee, le halo autour du chômage, les personnes en situation de sous-emploi et les travailleurs pauvres, « on arriverait à sept, huit millions de personnes qui sont en souffrance ».
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