La législative partielle en Ariège otage de la guerre interne au Parti socialiste

jeudi 6 avril 2023.
 

La députée sortante La France insoumise, Bénédicte Taurine, soutenue par le Parti socialiste, face à une candidate socialiste dissidente. C’est le tableau du second tour de la législative partielle qui a lieu dimanche, dans la première circonscription de l’Ariège. Un condensé des fractures de la Nupes.

Elue depuis 2017, la députée LFI Bénédicte Taurine doit affronter un nouveau scrutin dans sa circonscription d’Ariège, après l’invalidation de son élection de juin dernier. Mais le climat n’est plus le même. Largement élue l’été dernier, elle est arrivée avec moins de cinq points d’avance au premier tour, dimanche dernier, et fera face, ce dimanche, à une candidate socialiste que la direction du PS ne soutient pas, en vertu des accords de la Nupes… Mais que le courant de Nicolas Mayer-Rossignol, numéro 2 du parti, soutient ! Interview.

Paris Match. Sur le terrain, en Ariège, à 800 km de Paris, vous parle-t-on de la « guerre des gauches » que ce second tour symbolise ?

Bénédicte Taurine. J’étais cet après-midi à la manif contre la réforme des retraites, à Foix (la préfecture de l’Ariège), et franchement, les gens m’en ont peu parlé. Ce qu’ils disent en revanche, c’est qu’il faut être unis à gauche si on veut reprendre le pouvoir. Mais je n’ai pas les tenants et les aboutissants des divergences au Parti socialiste, je n’y suis pas. Et je pense que l’on a plus de choses qui nous rassemblent avec Madame Froger, la candidate socialiste, que de divergences. Au final, l’important c’est ce que nous avons construit, l’espoir sur un programme commun, pas les personnes.

Votre adversaire PS et ses soutiens se qualifient de « gauche de responsabilité, du réel, pas du populisme ». Vous êtes une populiste vivant dans l’irresponsabilité ?

J’ai fait un mandat à l’Assemblée nationale pendant lequel j’ai travaillé avec des socialistes, avec la députée de la majorité Pascale Boyer, sur le pastoralisme, aussi. Je ne suis pas une extrémiste ! Mais cette circonscription de l’Ariège a toujours été, depuis des décennies, détenue par le Parti socialiste, c’est une terre très ancrée avec un réseau PS très fort. Moi je ne suis pas une politique, je suis une syndicaliste, prof, avec une mère infirmière et un père ouvrier agricole ; je n’avais jamais été élue avant 2017. Il y a tant de haine depuis 2017, avec des messages super violents…

On a dit que vous étiez anti-passe sanitaire ; anti-vax…

Tout a été dit. J’étais simplement aux côtés des Gilets jaunes car il faut écouter les gens du peuple, écouter leur souffrance. Avec le groupe LFI, nous avons été opposés au passe sanitaire ; mais je ne suis pas « anti-vax », je suis vaccinée, et je n’ai d’ailleurs pas à me justifier là-dessus. Et je suis favorable à la réintégration du personnel soignant non-vacciné, car l’hôpital est déjà dans un tel état qu’on ne peut se passer d’eux.

L’élection est regardée de près mais n’a pas boosté la participation, au premier tour.

On a eu 40 % de participation, mais l’on s’attendait encore à moins. Le contexte national a joué, le 49-3 perçu comme un passage en force… On m’a dit sur le terrain que l’Assemblée nationale ne servait à rien. Les gens ne se sentent pas écoutés. D’autres ont cru que ce n’était pas la peine de se déplacer car j’avais été élue largement en juin… Et enfin, il y en a qui ne savaient pas qu’il y avait une élection.

Trois députés La France insoumise sont venus faire campagne avec moi. François Ruffin vient ce mercredi.

Bénédicte Taurine

Vous sentez-vous un peu « otage » de cette guéguerre au sein de la gauche ?

Je n’aime pas le mot d’otage mais disons que les enjeux me dépassent et dépassent les sujets de la circonscription. Je n’y suis pour rien ! Comme je n’y étais pour rien dans l’annulation de l’élection. J’avais été élue avec 4 000 voix d’avance (2 829, N.D.L.R.), c’est pour la deuxième place que c’était litigieux (Dans les bureaux de vote d’une commune, les bulletins au nom du candidat RN, arrivé troisième en juin, avaient été mêlés à ceux de la candidate RN d’une autre circonscription, N.D.L.R.). Mais aujourd’hui, le ton a changé. Les attaques n’étaient pas les mêmes en juin, c’est monté d’un cran, c’est très violent. Ce n’est pas à la hauteur de ce que veulent les gens, ce qu’ils attendent.

Ça a changé votre façon de faire campagne ?

On a des députés et des militants qui sont venus en renfort ! Trois députés La France insoumise sont venus faire campagne avec moi. François Ruffin vient ce mercredi. Et vendredi soir, une grande réunion est organisée à Foix, avec des figures nationales, Emmanuel Bompard (qui dirige LFI), Gérard Filoche (ancien du PS) et d’autres noms dont j’attends la confirmation.


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