En Ariège, Bénédicte Taurine (LFI-NUPES) en campagne pour battre le RN

mardi 28 mars 2023.
 

Ariège : Ce dimanche 26 mars 2023 a lieu le premier tour d’une élection législative partielle, suite à l’annulation de celle de juin 2022. La candidate sortante, l’insoumise Bénédicte Taurine, a toute la gauche de rupture avec elle. Elle a accueilli l’équipe de l’insoumission.fr au début du mois de mars pour couvrir sa campagne.

Bénédicte Taurine nous avait déjà accueilli le 25 mai 2022 chez elle à Foix, nous avions publié son portrait dans nos colonnes. Cette fois-ci, l’équipe de l’insoumission s’est rendu sur place en même temps que Mathilde Panot, présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, venue faire un meeting de soutien à Lavelanet. La ville choisie par une certaine Marine Le Pen pour son premier déplacement en Ariège, dans le cadre de cette partielle.

Face à la débâcle macroniste, à la crise sociale et politique engendrée par la retraite à 64 ans, les enjeux de cette élections sont clairs : démasquer l’arnaque sociale que constitue le Rassemblement National (RN), dans une région frappée par la désindustrialisation textile, et surmonter la honteuse traîtrise des dissidents socialistes d’Occitanie, soutenus par la présidente de la région, Carole Delga. Dans ce contexte bouillant, l’insoumission.fr a suivi la candidate Bénédicte pendant toute une journée. Récit d’un sacré combat politique.

Pourquoi revote-t-on dans la 1ère circonscription de l’Ariège ?

Le scrutin de juin 2022, qui avait vu la réélection de la députée LFI-NUPES (La France insoumise – Nouvelle Union Populaire Écologiste et Sociale) Bénédicte Taurine, a été invalidée. Le Rassemblement National s’était emmêlé les pinceaux entre ses candidats de la première et de la deuxième circonscription de l’Ariège. Un bureau de vote s’était retrouvé avec les bulletins de vote de l’autre candidat RN. Comme la deuxième place était extrêmement serrée entre la candidate d’extrême droite et la candidate macroniste (8 voix sur toute la circonscription) cette erreur avait le potentiel pour changer l’ordre des concurrents à la candidate LFI-NUPES.

Il faut donc revoter les 26 mars et 2 avril prochains.

Propulser à l’Assemblée nationale une députée supplémentaire opposée à la retraite à 64 ans de Macron

Dans ce département ancré à gauche depuis des décennies, les équipes de la candidate Renaissance, pourtant qualifiée au second tour en juin, se limitent à des actions de collage, la nuit, quand personne ne les voit. Avec l’extraordinaire mobilisation contre le projet de retraite à 64 ans, rejeté par 80% de la population, et probablement encore plus sur cette terre profondément attachée à l’égalité, les macronistes n’osent plus trop se montrer sur les marchés. Le bloc bourgeois ne semble donc pas en mesure de menacer la réélection de Bénédicte Taurine

Dénoncer l’arnaque sociale du RN dans une région frappée par la désindustrialisation

Au contraire, dans ce département touché de plein fouet par la désindustrialisation des années 80 et la déliquescence des services publics, l’extrême-droite prolifère.

Les militants que nous avons rencontrés nous racontent : « Délocalisations, usines fermées, famille brisées qui se retrouvent sur le carreau ». Conséquence « Quand on est dans la précarité, on cherche un coupable : les immigrés. C’est pas les capitalistes, l’État, le département mais les immigrés ».

Cette stratégie du bouc émissaire est la technique historique de l’extrême-droite. Au lieu de dénoncer les profiteurs d’en haut, qui cherchent par tous les moyens à se gaver toujours plus, à augmenter leurs profits, leurs dividendes, au lieu de proposer de taxer le capital et les plus hauts revenus, le Rassemblement National pointe du doigt les plus défavorisés, celles et ceux qui combinent discrimination économique et discrimination raciale. Au lieu de partager les richesses équitablement, Marine Le Pen veut juste enlever à ceux qui ont le moins et n’ont pas la même couleur de peau qu’elle.

L’Ariège a longtemps été un bastion puissant de l’idéal d’émancipation, de solidarité, d’accueil, et cela demeure vrai en grande partie comme la montré la victoire de Bénédicte Taurine en juin 2022.

Mais la précarité s’est tellement répandue, la déliquescence des services publics atteint un tel point que certains sont sur le point de perdre espoir dans un avenir meilleur. Certains sont prêts à reporter leur colère sur des cibles plus faciles à atteindre que les multinationales qui délocalisent pour remplir les parachutes dorés de leur patron et la clique d’Emmanuel Macron qui remplace le service public par les conseils de McKinsey. L’adversaire le plus redoutable est donc le bloc d’extrême droite.

Alors, sans relâche, Bénédicte et les militants de la NUPES se rendent sur les marchés, font du porte à porte, tiennent des réunions publiques. Dans ce département où l’habitat est dispersé, militer est plus dur encore qu’ailleurs. Les militants nous racontent : « les frais d’essence, le porte-à-porte qui prend quelques jours, les distances impossibles à faire sans voiture. »

Chaque fois, inlassablement, ils dévoilent l’arnaque sociale du RN. Ils rappellent (et le plus souvent apprennent) aux gens que le parti de Marine Le Pen vote systématiquement contre toutes les mesures de redistribution des richesses, contre la hausse du SMIC, contre le blocage des prix. Contre toutes les mesures qui permettraient de dégager du budget pour réinvestir dans les services publics contre la taxation des super-profits, contre le rétablissement de l’ISF.

C’est ainsi, par ce travail de fourmi, électeurs par électeurs, expliquer, rappeler, convaincre que les profiteurs, les assistés sont en haut et non en bas, que la NUPES l’a emporté en juin.

Cette fois-ci, en plus de ce travail indispensable, un autre élément porte le discours de Bénédicte Taurine : la contestation sociale contre la retraite à 64 ans. Car dans cette bataille, le RN dévoile son vrai visage : l’allié de fait du macronisme.

Car pour la figuration, il y a du monde dans le parti de Marine Le Pen. Des belles phrases pour mimer l’opposition à la retraite à 64 ans. Des paroles, des paroles. Des mots, rien que des mots. En revanche, quand il s’agit d’engager un rapport de force avec Emmanuel Macron, de mener des actions concrètes, pour faire pression sur les profits de ses amis milliardaires, au Rassemblement National, il n’y a plus personne. Jamais un mot, jamais un acte qui menacerait les intérêts du capital, c’est la règle absolue de l’extrême-droite.

Et dans cette période de forte conflictualité sociale, où les parlementaires de la NUPES se battent sans relâche, tiennent des meetings pour démonter les arguments fallacieux du gouvernement, se déplacent partout sur le terrain pour soutenir les grévistes et les manifestants, le double jeu du Rassemblement National commence à se voir et à leur coûter des points.

Le bloc d’extrême-droite n’est pas la seule menace pour la réélection de Bénédicte Taurine le 26 mars et le 2 avril.

Le poison de la division et la traîtrise : une dissidente PS

Depuis les élections législatives 2022, la France insoumise, le Parti socialiste, Europe-Écologie-les-Verts et le Parti Communiste ont uni leurs forces au sein de la NUPES. Un accord historique. Pour la première fois, les forces politiques de la gauche et des écologistes se sont accordés sur un programme politique et une candidature unique sur toutes les circonscriptions en France métropolitaine. Grâce à cette alliance sur un ligne de rupture avec le néolibéralisme, la NUPES a remporté le premier tour des élections législatives en juin 2022. Puis, elle est devenue la première force d’opposition à l’Assemblée nationale avec 150 députés.

Pourtant, la situation aurait pu être plus belle encore. En plus de l’abstention massive des électeurs d’Emmanuel Macron qui ont refusé de voter pour la NUPES lorsqu’elle était opposée à un candidat d’extrême droite, l’union de la gauche et des écologistes a du faire face aux dernières traces de la division : 80 candidatures principalement issues du PS, principalement dans la région Occitanie où Carole Delga a tout fait pour répandre le poison de la division.

La candidate Martine Froger fait partie de cette clique qui refuse que la gauche et les écologistes s’unissent, quitte provoquer la défaite

Le bilan de ces dissidents est pourtant terrible. D’après Le Monde, en plus d’obtenir des résultats très faibles (en moyenne 9% au premier tour), les traîtres à l’union ont potentiellement coûté 15 sièges de députés à la NUPES. 15 voix à l’Assemblée nationale. (Oui moins que le nombre de voix qu’il a manqué pour faire tomber le gouvernement d’Elisabeth Borne et la retraite à 64 ans le lundi 20 mars 2023).

Et même quand ils sont élus comme Laurent Panifou dans la seconde circonscription de l’Ariège, ils brillent par leur absence. À titre d’exemple, ce dernier n’était pas présent à l’Assemblée nationale le jour du vote pour les repas à un euros pour tous les étudiants. Quand on sait qu’il n’a manqué qu’une seule voix à ce texte pour être adopté, cela montre l’importance de choisir des représentants efficaces pour défendre ses intérêts. Et ce n’est certainement pas le cas de cette clique qui suit Carole Delga dans ce chemin déplorable de la division.

Cette fois-ci encore, la dissidente PS Martine Froger maintient sa candidature. Chaque voix qu’elle ferait perdre à Bénédicte Taurine renforce la menace d’un second tour RN / Renaissance, remake ariégeois du Le Pen / Macron du second tour de la présidentielle.

Alors, comme pour démasquer l’arnaque sociale du RN, les militants NUPES vont à la rencontre des gens et expliquent pourquoi il y a deux candidats se revendiquant de gauche alors que on leur avait dit que désormais, avec la NUPES c’est bon, on est unie. Ils expliquent le risque de la dispersion des voix. Ils expliquent l’immense importance, dans cette période d’agitation, de révolte populaire de démontrer que c’est bien cette union de la gauche et des écologistes qui est la force montante, la force capable d’incarner l’alternance lorsque Emmanuel Macron rendra le pouvoir.

Une journée avec les militants Nupes en Ariège

Le temps d’une journée, l’Insoumission.fr a suivi Bénédicte Taurine et les militants NUPES dans toutes leurs actions. Nous avons choisi le jour du meeting de Mathilde Panot et de l’ensemble de la Nupes qui s’est tenu le vendredi 3 mars.

Toute la journée, c’est l’effervescence. Le matin, c’est marché. Le RN est présent. L’équipe de la traître à l’union aussi. Les militants NUPES sont en force. Nous les écoutons argumenter, discuter, convaincre souvent.

Nous récoltons le témoignage de Gilbert Lazaroo, le maire de Biert, dans le Haut-Couserans une zone de haute montagne. Il est le suppléant de Bénédicte Taurine.

Il nous raconte les nombreux jeunes qui désirent s’installer dans cette région pour vivre autrement, en dehors du système néolibérale. Il nous raconte le défi que représente pour eux l’accès à la terre. Et tout ce que sa municipalité met en œuvre pour faciliter leur accueil, leur intégration dans la communauté. Les lieux ouvert pour toutes sortes de collectifs : antifa, contre la 5G, pour la souveraineté alimentaires. Il nous raconte le baptême républicain d’un enfant albanais dont Bénédicte est la marraine.

Il dénonce aussi les logiques mortifères du néolibéralisme contre lequel il lutte contre les militants Nupes en Ariège. Contre la violence déployée par la FNSEA pour empêcher toute transition contre une agriculture écologique. Contre la logique extractiviste à l’œuvre dans la mine de tungstène de Salau. Contre la logique du tourisme au canon à neige alors que le territoire regorge de richesses, les pâturages, l’intérêt historique des chemins de la Liberté et les produits du terroirs.

Il nous explique ses idées pour développer l’industrie du bois notamment avec des scieries locales et des menuiseries industriels respectueuses de l’environnement et des humains ; comment cela permettrait de sortir de la logique des coupes rases incarnées par la scierie de « Florian » de Lannemezan qui voulait couper les hêtraies de toutes les Pyrénées pour exporter le bois en Chine pour faire du lamellé et les réimporter ensuite en Europe.

Le lac Montbel, exemple de la gestion catastrophique de l’eau par le PS ariégeois auquel appartient la dissidente Martine Froger

Il dénonce enfin la gestion de l’eau par le PS ariégeois, traitre à l’union mais également à la gestion de l’eau comme bien commun. Il raconte l’exemple du lac Montbel dans la circonscription voisine. Ce lac à niveau constant existe depuis 35 ans. C’est devenue une zone naturelle avec équilibre biologique protégé. C’est aussi un lieu de vie populaire où les gens vont pêcher en famille, pour un bivouac le temps d’un week-end.

À la place, le conseil départemental a décidé d’installer des bungalows de luxe. Ces infrastructures de luxe abime la biodiversité notamment à cause d’une route pour apporter les fournitures. Surtout, il y a une forte crainte de l’accaparement de ce lieu merveilleux par des riches. En effet, il semblerait que le lac Montbel sera réservés à ceux qui payent les bungalows. Pour ceux qui n’ont pas les moyens, il ne restera plus que alors que le camping en bas où le lac n’est pas à niveau constant et donc à sec l’été.

Solidarité militante

La fin de l’après-midi se passent entre dernier tractage pour annoncer le meeting et préparation de la salle. Des équipes sont venues en renfort pour ce meeting important aussi bien dans la perspective de la victoire à l’élection législative que dans la bataille contre la retraite à 64 ans.

Un meeting très réussi à Lavelanet avec Mathilde Panot et l’ensemble de la NUPES

Puis, vient le moment le plus attendu de la journée et du déplacement de l’insoumission.fr : le meeting « Pour nos retraites » organisé en soutien à Bénédicte Taurine, avec l’ensemble des partenaires de la NUPES. Chacun est venu apporter de la force à la candidate LFI-NUPES.

Pour cette occasion, Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire insoumis est venue en Ariège. « Les 26 mars et 2 avril, vous avez la possibilité historique d’envoyer un message à Macron. En élisant Bénédicte Taurine députée, vous lui montrerez que le peuple refuse sa retraite à 64 ans et qu’il défend la retraite à 60 ans ! » explique-t-elle à une salle comble. Un signal fort, alors que le camp présidentiel persiste à vouloir passer en force sa contre-réforme des retraites.

« 80% des Français et 93% des actifs sont contre la retraite à 64 ans voulue par le gouvernement. Nous souhaitons que 2023 soit comme 1995, l’année où le peuple de France aura fait échouer la réforme des retraites ! », martèle la députée insoumise. Mathilde Panot n’oublie pas d’utiliser son temps de parole pour dénoncer l’arnaque sociale du RN : « Le RN défend la retraite jusqu’à 67 ans. Lors des débats sur la réforme des retraites, les députés d’extrême droite ont déposé moins d’amendements que les macronistes eux-mêmes. Le RN a inventé l’opposition qui ne s’oppose pas. »

Enfin, c’est au tour de Bénédicte Taurine de prendre la parole, en conclusion de ce meeting très réussi. Elle fustige le RN et rappelle qu’il a choisi son camp : celui des riches, celui du capital contre celui du travail. « Le risque est que l’Ariège, terre de résistance, ne s’oublie dans le repli sur soi ou dans les mirages, dans l’arnaque sociale du Rassemblement National. N’oublions pas que le capital préfèrera toujours le fascisme aux forces progressistes », assène-t-elle.

Face à une macronie minoritaire, s’égosillant à défendre une retraite à 64 ans dont 80% des Français ne veulent pas, elle rappelle sa vision de la société. « Quelle société voulons-nous ? Celle de la mise en concurrence des individus, des « ressources » humaines, de l’asservissement au marché ? Ou celle de la Fraternité, du partage qui agace tant les possédants ? Entre les deux, mon choix est clair ! ».

Le meeting se termine par l’hymne des femmes. La salle est debout pour chanter. Frissons. Puis de longs applaudissement viennent conclure ce moment. La salle se vide petit à petit, pendant que des militantes et des militants s’affèrent déjà à la ranger. Bénédicte Taurine discute avec des personnes venues assister au meeting autour d’un buffet. Après le déploiement d’énergie pour préparer cette réunion, l’ambiance est à la détente.

Les militantes et les militants sont plutôt optimistes. Ils croient en la victoire de Bénédicte Taurine. Comme nous l’explique l’un d’eux : « Bénédicte, elle est connue et très appréciée. C’est une femme de terrain. Une militante simple, respectueuse à l’égard des gens, qui ne vendra jamais du rêve au détriment de la réalité. Elle répond à un besoin sur le territoire ariégeois »

Elle a été de tous les combats depuis son élection en 2017, et en ces temps de contestation sociale exacerbée, les électeurs et électrices savent qu’ils pourront compter sur elle pour porter leur parole, pour les représenter et pour les soutenir dans la lutte. Les militants de la NUPES savent néanmoins qu’ils doivent continuer à dénoncer sans relâche l’arnaque sociale du RN et composer avec la traîtrise des dissidents PS. L’élection n’est pas assurée. Nous les sentons déterminés. Rendez-vous dans les urnes les 26 mars et 2 avril.

Par Nadim Février et Ulysse Kummer


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