Un racisme élémentaire, mon cher James Watson

mardi 23 octobre 2007.
 

Sitôt arrivé, sitôt parti : le Prix Nobel américain James Watson, qui devait passer plusieurs semaines en Grande-Bretagne pour présenter son nouveau livre, a été forcé d’annuler sa tournée promotionnelle hier.

Le généticien a fait l’unanimité contre lui en déclarant que les Africains sont moins intelligents que les Blancs. Conspué en Grande-Bretagne, James Watson a également été suspendu hier de son poste au conseil d’administration d’un laboratoire de recherche aux États-Unis.

Célèbre pour ses recherches sur l’ADN, le scientifique de 79 ans s’était déclaré "foncièrement pessimiste sur l’avenir de l’Afrique", dans une entrevue au Sunday Times, dimanche dernier.

"Notre politique sociale se fonde sur le fait que leur intelligence est la même que la nôtre, alors que toutes les recherches disent que ce n’est pas vraiment le cas", avait-il dit.

Provocateur, le Prix Nobel de médecine de 1962 avait ajouté souhaiter que tous soient égaux, mais que "les gens qui ont affaire à des employés noirs trouvent que ce n’est pas vrai".

Ses propos ont rapidement eu un effet boomerang. Les organisations britanniques qui devaient accueillir le scientifique ont retiré leurs invitations les unes après les autres. « Le Musée des sciences croit que les récents commentaires du prix Nobel James Watson vont au-delà de la limite acceptable et c’est pourquoi nous annulons son discours au musée », a expliqué à La Presse une porte-parole du musée londonien.

« Bien que nous soyons un festival qui encourage le débat, il est clair que les opinions de James Watson sont inacceptables et provocantes », a précisé de son côté le Festival des idées de Bristol, qui devait accueillir le scientifique le 24 octobre.

Comme le Dr Mailloux au Québec, James Watson n’est pas étranger à la controverse. Par le passé, il a notamment dit que les femmes devraient avoir le droit d’avorter si des tests pouvaient déterminer que l’enfant à naître portait les gènes de l’homosexualité.

Si le septuagénaire espérait trouver du réconfort en rentrant aux États-Unis, il risque d’être déçu. La polémique l’a devancé et il a été suspendu hier du conseil d’administration du laboratoire de recherche Cold Spring Harbor, près de New York.

Face à l’ampleur de la controverse, Watson s’est finalement excusé. « À tous ceux qui ont conclu en lisant mes propos que l’Afrique, en tant que continent, est d’une façon ou d’une autre génétiquement inférieure, je ne peux que m’excuser sans réserve. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Et, plus important selon moi, il n’y a aucune base scientifique à une telle croyance », a-t-il expliqué lors d’une allocution jeudi à la Royal Society.

Ses excuses seront-elles suffisantes pour lui faire regagner la confiance des institutions qui l’avaient invité en Grande-Bretagne ? Encore échaudé, le Musée des sciences n’était pas prêt à se prononcer là-dessus hier. Une chose est sûre, par contre : cette polémique a généré une publicité importante pour son nouveau livre. Le titre ? Évitez les gens ennuyeux.

de Yves Schaëffner


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