La justice annule la révocation du syndicaliste policier de gauche Alexandre Langlois

vendredi 10 février 2023.
 

Le tribunal administratif de Versailles a annulé vendredi la révocation de la police du secrétaire général du syndicat minoritaire Vigi, Alexandre Langlois, pour avoir critiqué l’ancien directeur général de la police nationale et l’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

En mars 2021, le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avaient révoqué le gardien de la paix Alexandre Langlois après la publication d’un de ses textes, daté du 8 janvier 2020 visant le prédécesseur de M. Veaux à la DGPN, Eric Morvan.

Baigné dans un milieu antisyndical, le policier a découvert, grâce à la CGT, toute une culture des luttes qui lui étaient jusque-là étrangère.

Intitulé «  nous avions demandé sa démission, mais le DGPN a choisi la fuite  », ce texte est illustré d’un montage de M. Morvan, en uniforme. Le montage est accompagné d’une bulle de bande dessinée faisant dire au DGPN d’alors : «  Après 110 suicides de policiers depuis ma prise de fonction, de la fraude aux élections pro, la répression de la liberté syndicale, la falsification des chiffres de la délinquance, je pars épuisé en retraite anticipée, trois ans en avance.  »

Dans sa décision rendue vendredi, le tribunal administratif de Versailles a jugé que «  les faits reprochés étaient bien fautifs et justifiaient le prononcé d’une sanction disciplinaire  », mais qu’Alexandre Langlois, alors secrétaire général du syndicat Vigi, «  bénéficiait d’une liberté d’expression renforcée de nature à atténuer la gravité de la faute commise  ». Ainsi, la révocation, «  qui constitue la sanction la plus sévère qui puisse être infligée à un fonctionnaire, était disproportionnée au regard des fautes commises  », a estimé le tribunal dans un communiqué, évoquant une «  erreur d’appréciation  » de la part du ministre de l’Intérieur. Contacté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur a indiqué faire appel de cette décision.

Le texte critiquait également M. «  Castaner, plus spécialiste des soirées au Noto que de la Police Nationale  », en référence à une boîte de nuit parisienne où l’ex-ministre de l’Intérieur avait été filmé en mars 2019. Dans la lettre de révocation, le DGPN avait estimé que «  le gardien de la paix Alexandre Langlois a(vait) gravement manqué aux obligations statutaires et déontologiques qui s’imposent aux fonctionnaires de police, y compris lorsqu’ils s’expriment dans le cadre d’un mandat syndical  ».

«  Heureusement que les juges du tribunal administratif de Versailles ont redonné un sens à la proportionnalité  », a réagi vendredi Alexandre Langlois dans une déclaration écrite, ajoutant que Gérald Darmanin «  avait demandé (sa) révocation malgré (ses) excellents états de service, pour des tracts syndicaux dénonçant des faits réels  ».


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