« On est mort » : la Macronie découvre qu’elle est minoritaire à l’Assemblée

mardi 7 février 2023.
 

Éblouis par leur orgueil, les Macronistes n’ont pas encore choisi la couleur du mur sur lequel ils vont s’écraser.

Et si la réforme des retraites ne passait même pas l’épreuve du vote parlementaire ? C’est le scénario qui se dessine, petit à petit, dans tous les esprits. Et pour cause : l’exécutif ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, et peine rien qu’à l’exercice du rassemblement de ses propres troupes… Figurez-vous : sept députés de la majorité ont déjà indiqué qu’ils voteraient contre la réforme ! Pour un vote qui va se jouer à une ou deux voix, ça n’est pas rien.

Comme un échauffement, ce 31 janvier, en commission de la défense nationale et des forces armées. Les députés examinent les « dispositions relatives aux personnels militaires » du projet de réforme des retraites. Et quand vient l’heure de voter, alors que le président Renaissance Thomas Gassilloud compte les « pour », sa collègue Corinne Vignon réalise ce qu’il est en train de se passer : la majorité est mise en minorité avec seulement 13 « pour ». Et de lâcher ce commentaire : « Ah bah d’accord. On est mort. » Puis, voyant les 22 députés lever la main pour voter « contre », elle continue : « Intelligent, c’est intelligent. »

C’est finalement sous les applaudissements et les bravos que la Macronie constate son impuissance. Un sourire figé aux lèvres.

Aveugles ou autruches ?

Une telle crédulité a de quoi interroger : pensent-ils réellement que la réforme va passer au prétexte qu’ils sont au pouvoir ? Sincèrement, ne voient-ils pas la déconfiture arriver ? De la même façon qu’Élisabeth Borne pense que les millions de manifestants n’expriment que des « interrogations » et des « doutes » quant à sa réforme – et non un rejet pur et simple. De la même façon que la Première ministre affirme que « la majorité sera unie » au moment du vote ultime – là où ça craque de partout.

Pourtant, il y a des indices de lucidité qui ne trompent pas. Comme le fait que le ministre du Travail, Olivier Dussopt, laisse échapper, au soir de la plus importante manifestation depuis 2010, l’idée d’un retrait de la réforme. Il y a aussi les rumeurs de dissolution de l’Assemblée, répandue par Emmanuel Macron, qui mettent les députés de son camp sous pression : « On se casse le cul tous les jours pour défendre un projet impopulaire et voilà comment on est remercié », peste l’un d’eux.

Reste toujours le bouton nucléaire du 49.3, mais un certain Gérald Darmanin espère bien pouvoir le garder sous le coude pour sa loi sur l’immigration… car d’ici à l’été, le gouvernement ne peut plus l’utiliser qu’une seule fois. Ça sent le gaz à tous les étages !

Loïc Le Clerc


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