31 janvier Le jour où le ciel est tombé sur la tête de Macron (Jean-Luc Mélenchon)

lundi 6 février 2023.
 

La journée d’action intersyndicale contre la retraite à 64 ans a tenu sa promesse. Elle fut historiquement nombreuse et déterminée. Elle a marqué un seuil franchi quant au nombre de manifestants et une étape dans la conscience collective des participants.

Tous les témoignages convergent pour signaler un élargissement de la base sociale du mouvement du côté des artisans, des retraités et des jeunes. Les initiatives de la CGT Bouches-du-Rhône en direction des boulangers et des hospitaliers ont marqué les esprits. « Illégal mais moral ». Tout le monde se le répète comme un slogan. La mobilisation des jeunes prouve que la marche du 21 a eu son impact et sans doute autant la campagne dans plus de 35 facs depuis lors. Ce n’est qu’un début. Les lycées ont été touchés en profondeur également et cela aussi c’est un début. Les razzias policières nous ont fourni une école de formation spectaculaire si j’en juge par le nombre de messages reçus sur ce thème. Évidemment, cela accroit l’isolement du pouvoir et propage dans les familles un état d’esprit exaspéré qui alimente la volonté de combat. Dans chaque ville où il y a eu des cortèges, chacun ce soir s’émerveille de ce qu’il a vu : « Sans précédent ! », « jamais vu ! ». Une immense vague de confiance en soi et dans la force populaire déferle. Une nouvelle fois on constate que la conflictualité est bien la base de la conscience critique.

On doit réfléchir devant tous ces évènements pour comprendre ce qui est en jeu. Ce sont des expériences de ce type qui décloisonnent la société et permettent de l’unifier sur des perspectives revendicatives communes. Par exemple, on a vu comment la lutte sociale enjambe les clivages territoriaux. Elle unifie les quartiers populaires et les territoires ruraux par exemple. Ainsi est confirmé comment les questions communes font les actions communes et la conscience commune. Plus le conflit durera, plus des initiatives de ce type se constateront et irrigueront la conscience collective. J’ai vu de près comment cela se fit en Guyane puis à Mayotte quand toute la société se cabre contre la quart-mondisation de l’État et finit par élaborer un cahier de revendications populaires. Nous n’en sommes pas là, mais l’audace des énergéticiens coupant les compteurs pour libérer la consommation des boulangers et des hôpitaux est l’expression d’un processus de ce même type.

Évidemment, l’audace dans ce cas est plus grande. Les évènements dans lesquels nous évoluons sont d’une signification de longue portée. Il ne faut pas les regarder comme si c’était des bouffées momentanées. Ils viennent dans une longue séquence commencée avec l’élection big bang de 2017 qui a dévasté tout le champ politique jusqu’à la défaite des macronistes au premier tour de la législative de 2022 dont le moment présent est l’héritier direct. C’est comme à un processus qu’il faut penser la séquence et non comme à une juxtaposition d’instants surprenants. Bien sûr, la macronie ne le comprend pas. C’est un atout pour nous. Comme le sont ses gesticulations sur la dissolution.

Toute la journée, comme une petite bande étriquée, le dos au mur, les macronistes ont tenté diverses diversions. Il s’agissait pour eux de détourner l’attention de ce qui se déroulait à ce moment-là dans la rue. Sans aucun succès. La démonstration de force s’est faite aux yeux de tous, et même aux yeux du monde qui regardait la France. Précisons, c’est aux yeux des manifestants que la démonstration de force a eu le plus d’effet. La macronie reste dans le déni, ce qui nous est extrêmement utile. Le numéro de la soi-disant unité des forces de la coalition gouvernementale fut sans doute le moment le plus risible de la journée. Non seulement en raison du caractère crépusculaire de l’image de la réunion mais plus encore du fait que personne d’informé ne pouvait y croire. À partir de là, on cherchait à voir quel genre de revolver était tenu sur la tempe des participants et par qui. La seule nouveauté fut le ton de l’injure à tout propos utilisé contre la NUPES. Qui va s’en plaindre ? Au fil des heures, la macronie n’est plus crue sur ses arguments en faveur de la réforme. Et comme c’est le cœur du sujet, le rejet sur ce point contamine tout le champ des idées.

La journée historique mérite d’être pensée à la hauteur de l’évènement. Il faut être très vigilant sur les diversions qu’inventeront au fil des heures la macronie pour diluer le sentiment de force et d’unité qui vient de se semer à grande échelle dans le pays.


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