« Je suis infirmier, ça fait 11 ans que je travaille de nuit aux urgences. Ma retraite à taux plein sera entre 65 et 66 ans. Autrement dit je ne serais pas en vie si je continue aux urgences pour faire ça, très clairement. À l’heure actuelle, à l’Hôpital public, c’est de la maltraitance, à tous les niveaux. Les professionnels sont maltraités. Les patients finissent par être maltraités. Si on avait les capacités de bloquer nos hôpitaux, aujourd’hui les gens ne mouraient pas dans les brancards.
Aujourd’hui on est obligés de se mettre en arrêt maladie pour dire stop. Parce que ça devient intolérable ce qui est en train de se passer. Et le problème, c’est pas l’hôpital. C’est le gouvernement qui ne nous écoute pas : ça fait 4 ans avec le collectif inter-urgences qu’on demande les mêmes choses ! Plus de salaires, plus de personnels, plus de lits. À aucun moment le gouvernement n’a ouvert de lits. Même avant la pandémie ! Ils sont totalement responsables de ce qu’il s’est passé pendant la pandémie.
On a eu une chance extraordinaire : un mouvement médical un an avant une pandémie historique. Leur réponse a été tellement insuffisante qu’on a été dans la même panade que tous les autres pays européens qui eux n’avaient pas eu de mouvement social dans la Santé. C’est vous dire si ils n’ont pas du tout répondu à la question qu’on leur avait posé. Donc aujourd’hui je n’attends plus rien de ce gouvernement.
La réforme de la retraite c’est une continuité de ce qui a été fait depuis le début qui vise à détruire à peu près tous les fondements qu’on a réussi à avoir avec la Sécurité Sociale. Vous parliez du Conseil de la Résistance, mais le but du jeu à l’heure actuelle, c’est de détruire ce Conseil de la Résistance. De faire en sorte que tout soit capitalisé, et que tout soit privé. Alors je vous le dit tout de suite : si vous voulez une santé privée, il n’y a pas de soucis mais 80% des Français n’ont pas les moyens de se payer des séjours en réanimations s’il leur arrive quelque chose. 24 heures en réanimation c’est plus de 2 500 euros. 2 500 euros, c’est même pas le salaire moyen en France.
Donc oui, il faut protéger ce système. Et tant que le gouvernement rentrera dans une confrontation entre nous et le capital, et qu’il essaiera de privatiser à tout prix tout : la retraite, l’Hôpital, l’École, l’École est dans un état lamentable, mais je n’ai même pas envie d’avoir d’enfants ! Quand je vois l’École que je vais lui laisser, l’Hôpital que je vais lui laisser, le service de Justice que je vais lui laisser. Mais qu’est-ce que vous voulez qu’on laisse à nos enfants à l’heure actuelle ? On en est même plus à la retraite là, on en est à la vie tout court ».
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