Jacques Attali : plus libéral que moi tu meurs !

jeudi 25 octobre 2007.
 

La Commission pour la libéralisation de la croissance (CLCF) présidée par Jacques Attali a produit un rapport d’étape entièrement tourné vers plus de dérégulation et de libéralisation économique. Seule une concurrence commerciale plus vive serait susceptible de rendre du pouvoir d’achat aux ménages, via la baisse des prix dans la grande distribution. Pour commencer, la Commission propose d’en finir avec le principe de précaution inscrit dans la Constitution en 2005, ce bout de texte étant une reprise de l’article 5 de la charte de l’environnement de 2004. Aux yeux de membres de la commission, le principe peut se révéler comme un frein à la croissance. Il reste que sa demande de retrait intervient en plein débat sur le Grenelle de l’environnement !

« Sécuriser les expulsions »

Concernant le logement, l’idée de récupérer du foncier pour construire des logements sociaux en expropriant des terrains sur des collectivités locales, qui ne remplissent pas les objectifs prévus par loi, peut paraître séduisante. Mais gageons que les édiles locaux adversaires du logement social ont encore plus d’un tour dans leur sac pour y échapper. Pour le reste, la Commission Attali suggère de « sécuriser les expulsions », la sécurisation ne concernant pas le locataire expulsable mais le propriétaire qui souhaite récupérer son bien. Outre la volonté de réduire le nombre des organismes HLM pour, paraît-il, accroître leur efficacité, la commission souhaite aussi créer des produits financiers nouveaux pour faciliter l’accession à la propriété pour les ménages modestes. Est également lancée l’idée de dix villes nouvelles de 50 000 habitants en moyenne.

« Diminution de 2 à 4 % de l’indice des prix »

Le clou du rapport Attali concerne le commerce. Les auteurs ont pris pour argent comptant la volonté exprimée par des hommes comme Michel-Édouard Leclerc, patron des magasins du même nom, José-Luis Duran, président du directoire du groupe Carrefour, la famille Mulliez, propriétaire du groupe Auchan, dont l’un des membres dit au Figaro : « Nous sommes là pour contenir les prix, mais nous avons déjà beaucoup pris sur nos marges. » Les auteurs du rapport préconisent d’en finir avec ce qui subsiste des lois Royer, Raffarin et Galland qui avaient été votées en leur temps pour restreindre l’expansion et les pratiques de voyous des grands distributeurs, lesquels les ont toujours contournées par différentes astuces. Selon Jacques Attali et son équipe, donner les pleins pouvoirs aux grands distributeurs dans la négociation avec leurs fournisseurs permettrait une « diminution de 2 à 4 % de l’indice des prix à la consommation et une augmentation de plusieurs centaines de milliers d’emplois ».

On peut se demander sur quelle expertise s’appuie une telle affirmation quand nous assistons à une flambée des matières premières agricoles et que des calculs sérieux nous montrent qu’il en résulte une augmentation du prix de revient de 8 % pour un kilo de viande de porc et de 15 % pour un kilo d’emmenthal. Faut-il aussi rappeler que, depuis des années, le kilo de pommes vendu aussi bien chez Leclerc, Carrefour que Auchan coûte toujours au client 5 à 6 fois plus cher que le prix payé au producteur au bout du champ ?

Gérard Le Puill


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