Rémy Rebeyrotte : le député macroniste qui regrette la « banalisation » du RN par son propre camp

mardi 22 novembre 2022.
 

RN. Le député Renaissance (ex-LREM) Rémy Rebeyrotte regrette la « banalisation » du Rassemblement National (RN)… par son propre camp. Les langues commencent-elles à se délier dans la minorité présidentielle ?

« On a contribué à banaliser le FN des Le Pen », lâche-t-il. Interrogé par le média Creusot Infos le 14 novembre 2022, le député explique avoir « plaidé dans le désert pendant des mois ». Impuissant, Rémy Rebeyrotte constate que « beaucoup se sont laissés abuser par la tentative de banalisation de madame Le Pen et du FN ». Il dénonce entre autres l’élection de deux vice-présidents RN de l’Assemblée nationale, permise grâce aux votes du camp présidentiel. Voilà un caillou gênant dans les rouages bien huilés de la macronie.

« On a contribué à banaliser le FN des Le Pen » : un député de la minorité présidentielle brise un tabou

On ne pensait pas entendre un député Renaissance (ex-LREM) tenir de tels propos. Pourtant, c’est ce qu’a fait Rémy Rebeyrotte, interrogé par le média Creusot Infos. Celui-ci a dénoncé l’élection de deux vice-présidents RN de l’Assemblée nationale, permise par les votes de la macronie. « On mesure tous les jours, dans le fonctionnement de l’Assemblée Nationale, l’erreur majeure d’avoir fait rentrer 2 élus du FN au Bureau de l’Institution, ce que les Parlements allemands ou européens se sont bien gardés de faire », a-t-il déploré. Un boulet rouge envoyé à son propre camp.

Rémy Rebeyrotte, « sanctionné pour un salut nazi provoc à l’égard d’un député RN » (Libération), souligne sa solitude. « J’ai plaidé pendant des mois dans le désert, ne leur laissant rien passer, de leurs comportements, de leur agressivité, de leurs manières de faire. Mais y compris parmi mes amis politiques, beaucoup se sont laissés abuser par la tentative de banalisation de madame Le Pen et du FN », explique le député Renaissance. « Mais « chassez le naturel, il revient au galop », conclut-il en faisant référence à l’insulte raciste perpétrée par le député RN Grégoire de Fournas à l’encontre du député LFI Carlos Martens Bilongo.

De la banalisation au marche-pied de l’extrême droite : la macronie a joué avec le feu

Le chef de l’État et ses soutiens ont contribué à la banalisation de l’extrême droite depuis 5 ans. Réhabilitation de Charles Maurras et de Philippe Pétain, Marine Le Pen qualifiée de « trop molle » par Gérald Darmanin, invocation de la menace d’un pseudo « islamo-gauchisme » qui gangrènerait les universités… Au moment des élections législatives de juin dernier, 54 candidats du parti présidentiel sur 61 n’ont pas appelé clairement à voter pour la NUPES face au RN. Le fameux « barrage républicain » contre l’extrême droite était déjà parti bronzer. Résultat : 89 députés RN élus à l’Assemblée nationale.

Pour aller plus loin : Comment Macron a fait monter l’extrême droite en 6 points

La répartition des postes clés de l’Assemblée nationale s’est décidée fin juin. Le RN a obtenu deux vice-présidences… grâce aux voix de la minorité présidentielle, accompagnées de celles de LR. Des consignes auraient été passées dans les rangs des députés macronistes pour voter pour les candidats du RN à ce poste. De la banalisation au marche-pied pour l’extrême droite : tel est le bilan de la macronie. Cette semaine, nous constatons qu’il existe des voix dissidentes vis-à-vis du jeu dangereux joué par le camp présidentiel. Un caillou gênant, dans ses rouages bien huilés. Une question se pose désormais. Rémy Rébeyrotte est-il le seul soutien du chef de l’État à déplorer cette « banalisation » du RN ?


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