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RN. Le député Renaissance (ex-LREM) Rémy Rebeyrotte regrette la « banalisation » du Rassemblement National (RN)… par son propre camp. Les langues commencent-elles à se délier dans la minorité présidentielle ?
« On a contribué à banaliser le FN des Le Pen », lâche-t-il. Interrogé par le média Creusot Infos le 14 novembre 2022, le député explique avoir « plaidé dans le désert pendant des mois ». Impuissant, Rémy Rebeyrotte constate que « beaucoup se sont laissés abuser par la tentative de banalisation de madame Le Pen et du FN ». Il dénonce entre autres l’élection de deux vice-présidents RN de l’Assemblée nationale, permise grâce aux votes du camp présidentiel. Voilà un caillou gênant dans les rouages bien huilés de la macronie.
On ne pensait pas entendre un député Renaissance (ex-LREM) tenir de tels propos. Pourtant, c’est ce qu’a fait Rémy Rebeyrotte, interrogé par le média Creusot Infos. Celui-ci a dénoncé l’élection de deux vice-présidents RN de l’Assemblée nationale, permise par les votes de la macronie. « On mesure tous les jours, dans le fonctionnement de l’Assemblée Nationale, l’erreur majeure d’avoir fait rentrer 2 élus du FN au Bureau de l’Institution, ce que les Parlements allemands ou européens se sont bien gardés de faire », a-t-il déploré. Un boulet rouge envoyé à son propre camp.
Rémy Rebeyrotte, « sanctionné pour un salut nazi provoc à l’égard d’un député RN » (Libération), souligne sa solitude. « J’ai plaidé pendant des mois dans le désert, ne leur laissant rien passer, de leurs comportements, de leur agressivité, de leurs manières de faire. Mais y compris parmi mes amis politiques, beaucoup se sont laissés abuser par la tentative de banalisation de madame Le Pen et du FN », explique le député Renaissance. « Mais « chassez le naturel, il revient au galop », conclut-il en faisant référence à l’insulte raciste perpétrée par le député RN Grégoire de Fournas à l’encontre du député LFI Carlos Martens Bilongo.
Le chef de l’État et ses soutiens ont contribué à la banalisation de l’extrême droite depuis 5 ans. Réhabilitation de Charles Maurras et de Philippe Pétain, Marine Le Pen qualifiée de « trop molle » par Gérald Darmanin, invocation de la menace d’un pseudo « islamo-gauchisme » qui gangrènerait les universités… Au moment des élections législatives de juin dernier, 54 candidats du parti présidentiel sur 61 n’ont pas appelé clairement à voter pour la NUPES face au RN. Le fameux « barrage républicain » contre l’extrême droite était déjà parti bronzer. Résultat : 89 députés RN élus à l’Assemblée nationale.
La répartition des postes clés de l’Assemblée nationale s’est décidée fin juin. Le RN a obtenu deux vice-présidences… grâce aux voix de la minorité présidentielle, accompagnées de celles de LR. Des consignes auraient été passées dans les rangs des députés macronistes pour voter pour les candidats du RN à ce poste. De la banalisation au marche-pied pour l’extrême droite : tel est le bilan de la macronie. Cette semaine, nous constatons qu’il existe des voix dissidentes vis-à-vis du jeu dangereux joué par le camp présidentiel. Un caillou gênant, dans ses rouages bien huilés. Une question se pose désormais. Rémy Rébeyrotte est-il le seul soutien du chef de l’État à déplorer cette « banalisation » du RN ?
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