Dans le cloaque du macronisme

samedi 5 novembre 2022.
 

Emmanuel Macron ment. Ses affidé·es mentent aussi. Un cadeau fait à une extrême droite qui ne prospère jamais aussi bien que lorsque la vérité n’a plus cours.

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Emmanuel Macron ment. Effrontément. Ses affidé·es mentent aussi, avec la même effronterie. Ces truqueurs et truqueuses forgent ainsi une réalité alternative derrière laquelle se trouve notamment dissimulée cette évidence dont il a régulièrement été question ici même au fil des cinq dernières années  : depuis 2017, les macronistes ouvrent un boulevard devant l’extrême droite.

La semaine dernière, les 89 député·es du Rassemblement national ont, comme on sait, voté pour une motion de censure défendue par la Nupes – qui n’entend pas rester sans réagir quand le gouvernement gouverne à grands coups de 49-3. Aussitôt, le chef de l’État et ses adeptes ont accusé la gauche d’avoir réécrit cette motion pour mieux convaincre l’extrême droite de la voter.

Sur France 2, Emmanuel Macron, primus inter pares (1), a vivement dénoncé «  l’alliance de députés socialistes, écologistes, communistes, LFI, avec ceux du Rassemblement national  », et demandé  : «  Vous pensez que nos compatriotes qui ont voté pour un député socialiste ou écologiste, ils lui ont demandé de porter une majorité avec des députés du Rassemblement national  ? Ils lui ont demandé de déposer une motion de censure qui, à dessein, a été changée par cette coalition baroque de la Nupes  ?  »

Ce qui est vrai, c’est que M. Darmanin a, dans sa déjà longue carrière politicienne, voté trois motions de censure avec les député·es du RN.

Son fidèle ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a quant à lui sommé Jean-Luc Mélenchon de répondre «  solennellement à une simple question  : y a-t-il eu une négociation d’arrière-cour, y a-t-il eu une négociation de la honte entre La France insoumise et le Rassemblement national pour voter une motion de censure acceptable  ?  » Ces misérables insinuations étaient mensongères (2)  : comme l’a notamment rappelé Franceinfo, «  il n’y a pas eu de réécriture du texte pour obtenir les voix du Rassemblement national  ».

Ce qui, en revanche, est parfaitement exact, c’est que c’est M. Macron qui, en contribuant tout au long de son premier quinquennat à une constante extrême-droitisation des esprits, a permis au Rassemblement national, ex-Front national, d’envoyer à l’Assemblée, au printemps dernier, les 89 député·es que l’on a dit. Là, les macronistes, fort arrangeant·es, leur ont ensuite offert deux vice-présidences.

Ce qui est vrai aussi, c’est que le très solennel M. Darmanin a, dans sa déjà longue carrière politicienne, voté quant à lui trois motions de censure avec les député·es de ce parti cofondé notamment par un ex-Waffen SS et un ancien milicien. Ce qui est vrai enfin, c’est que les mensonges de MM. Darmanin et Macron sont encore un nouveau cadeau fait à cette extrême droite qui ne prospère jamais si bien que dans les cloaques où la vérité n’a plus cours.

1) T’as vu  ?

(2) On peut évidemment considérer – c’est mon cas – qu’en politique, non plus qu’ailleurs, la fin ne justifie pas forcément les moyens, et regretter, par conséquent, que rien n’ait été prévu par les initiateurs et initiatrices de cette motion de censure pour s’assurer que celle-ci ne serait pas votée par l’extrême droite – mais c’est un autre débat.

PAR SÉBASTIEN FONTENELLE


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