Faut-il repenser le FMI ? (article de L’Humanité)

lundi 15 octobre 2007.
 

Le 28 septembre dernier, Dominique Strauss-Kahn était élu, avec le soutien de l’Europe et des États-Unis, au poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Pour quoi faire ?

L’institution dont le Français prendra les rênes officiellement le 1er novembre, succédant au conservateur espagnol Rodrigo Rato, est traversée par une crise profonde qui place donc sur le devant de la scène l’impératif de réformes, voire d’un véritable aggiornamento. Le FMI, hérité du système mis en place à Bretton Woods, aux États-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, a reçu pour mission de sauvegarder la stabilité monétaire et financière internationale, afin de se prémunir des ravages occasionnés par les krachs et autres débâcles de la finance qui ont contribué à la montée des périls dans les années vingt et trente. Un cadre multilatéral, dominé dès l’origine par les États-Unis, a donc été créé pour veiller à la stabilité financière et monétaire et « venir en aide aux pays en difficultés ». Mais, très rapidement, le FMI allait devenir une sorte de gendarme, conditionnant l’octroi de ses prêts à des réformes répondant à la seule « normalisation » désirée par les plus puissants.

Dans la dernière période, les fameux plans d’ajustement structurel, contraignant les pays emprunteurs à une soumission absolue aux canons du libéralisme - austérité budgétaire, suppression de milliers de postes de fonctionnaires, privatisations, ouverture des frontières aux produits et aux capitaux extérieurs -, ont nourri de plus en plus la défiance à l’égard de l’institution. D’autant que les « purges » imposées, loin de garantir le développement, ont au contraire accentué encore les fractures sociales, numériques, environnementales qui minent aujourd’hui la planète.

Et la montée en puissance des pays émergents - toujours sous-représentés au sein du FMI et que certains envisagent même de contourner - ajoute encore à la crise de l’institution dont hérite l’ex-ministre des Finances socialiste français.

Bruno Odent


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