NUPES (8) : un pour tous, tous pour un !

lundi 12 septembre 2022.
 

Cet OVNI (Objet Vivant Nouvellement Identifié) qu’est la NUPES a-t-il une bonne espérance de vie dans un espace économique et climatique défavorable ?

Pourra-t-il résister à l’irradiation électromagnétique médiatique véhiculant un champ idéologique hostile ?

C’est à ces interrogations que tente de répondre la contribution suivante.

** Avertissement : il s’agit ici d’une tribune libre qui peut apporter quelques critiques (non fondamentales) concernant les propos de Mélenchon, ce qui ne m’empêche pas d’être à 100 % d’accord avec son programme, l’Avenir en commun et 100 % d’accord avec sa stratégie politique d’une excellente rigueur et cohérence.

J’ai la faiblesse de penser que Jean-Luc Mélenchon n’est pas infaillible comme il le pense d’ailleurs lui-même. En revanche la critique concernant une dispersion des forces de la NUPES est beaucoup plus sérieuse.

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Depuis la constitution du Front de Gauche, de La France Insoumise puis de la NUPES, je considérais et je considère encore que ces organisations ne peuvent être pérennes et avoir quelque chance de prendre le Pouvoir que si elle réunissent les conditions suivantes :

P : disposer d’un Programme de gouvernement cohérent et d’un Projet de société.

A : avoir une Audience importante et s’appuyer sur des Actions concrètes inscrites dans le mouvement social.

F disposer d’un système de Formation de qualité pour les adhérents ou sympathisants et contribuer à la Formation des citoyens par l’éducation populaire.

O : disposer d’une Organisation évolutive conciliant dialectiquement la verticalité et l’horizontalité favorisant le débat démocratique et l’auto organisation.

U : disposer d’un dispositif préservant l’Unité interne de l’organisation, du mouvement (Chartes des groupes d’actions locaux par exemple) et favorisant l’Unité avec des partenaires alliés.

J’ai donc appelé cet ensemble de dispositions systèmePAFOU facilitant ainsi sa mémorisation.

Si l’une des 5 ou 10 conditions est absente ou très défectueuse, l’organisation est condamnée à disparaître assez rapidement. J’avais prévu ce phénomène avec le Front de Gauche.

Ces différentes conditions peuvent se visualiser par les sommets d’un pentagone ou d’un décagone.

Les cinq côtés de la première figure correspondent aux cinq lignes d’action de LFI : économique, social, écologique, culturel (dont l’éducation) et politique. Le nombre d’or intervenant dans ses figures notées couramment par la lettre grecque phi correspond aux symboles de la F. I

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1 – La construction de l’unité de la NUPES.

1. 1 – La construction de l’unité de la NUPES au sommet.

A – L’unité électorale.

a) Cette étape a été réalisée avec un certain succès dans un délai record.

L’ effondrement ou la stagnation des résultats électoraux du PS, du PCF et de EELV face au bon score de 22 % de Jean-Luc Mélenchon porteur du programme l’Avenir en commun a contraint ou convaincu les représentants de ces organisations de répondre positivement à l’appel à l’unité de Jean-Luc Mélenchon et de son organisation LFI..

L’unité s’est réalisée sur la base d’un programme partagé de 650 mesures ce qui a constitué incontestablement un certain exploit historique.

Pour la première fois depuis la Libération, les électeurs de gauche ont préféré la gauche radicale à la gauche réformiste.

D’autre part, pour la première fois un candidat unique de la gauche a pu être présenté dans chaque circonscription pour les élections législatives.

Il a été convenu de l’existence d’un intergroupe NUPES à l’Assemblée nationale mais la proposition de Mélenchon de créer un groupe NUPES a été refusée par ses trois organisations partenaires.

Cette réaction est compréhensible pour les raisons que l’on connaît mais témoigne néanmoins de la prégnance d’un esprit partidaire.

Un autre point positif est la création du parlement de la NUPES élargi à des syndicats et des associations ou des collectifs de citoyens. Mais il faudra que la NUPES ŒUVRE POUR LA RENDRE PÉRENNE. Cela nécessite la mise en réseau de ses différentes instances.

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b) Il y a eu toutefois quelques ombres au tableau.

Certes le congrès du PS a remporté une assez large majorité avec 62 % des voix pour la création de la NUPES mais on aurait pu espérer un score tout de même plus élevé. On a en outre assisté à 79 candidatures dissidentes du PS contre des candidats de la NUPES. On peut comprendre ainsi les réticences des responsables du NPA de ne pas avoir souscrit à l’accord.

Une autre ombre au tableau est le comportement de Fabien Roussel et de quelques dirigeants communistes qui donnent l’impression d’affirmer une fois de plus leur identité à tout prix.

Le comportement de Sandrine Rousseau, membre de EELV demandant le retrait d’Éric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale pose aussi question. Son comportement nous permet d’aborder le point suivant.

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B – Une unité poste électorale de la NUPES qui doit être renforcée. La nécessité d’une meilleure concertation.

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B 1 – La prise en compte du lieu ou du contexte de la prise de parole.

Un élu, un porte-parole de la NUPES prend position et prend la parole dans différents espaces dont il convient de préciser la nature

L’Assemblée nationale.

Sa propre organisation politique.

L’espace médiatique : les médias dominants et éventuellement les médias alternatifs.

Ses médias personnels ou rattachés à son organisation : blog, chaîne YouTube, site de son organisation.

La société civile : les syndicats, les associations, les collectifs de citoyens, les groupes d’actions locaux,, discussion avec des citoyens lors du porte-à-porte, de la distribution de tracts sur des marchés, à la sortie des gares, etc. définis

Chacun de ces lieux de parole ont une spécificité par leur niveau d’audience directes et indirectes. La parole n’a donc pas le même poids ou le même impact selon le lieu d’où l’on parle.

Ce lieu conditionne aussi la capacité de réactivité de médias dominants et la capacité de réponse des représentants de la NUPES en cas d’attaque de ces derniers.

Il semble donc nécessaire que tout élu ou représentant de la NUPES soit parfaitement conscient du contexte dans lequel il s’exprime.

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B 2 – Avoir conscience de la spécificité de la nature du champ médiatique qui est un champ de guerre et des modes opérationnels des agents de l’action idéologique.

Il ne suffit pas d’avoir lu Pierre Bourdieu sur le « champ journalistique », de savoir que la quasi-totalité des médias appartiennent ou sont contrôlés par neuf milliardaires, que les journalistes par leur origine sociale et leur formation dans les écoles de journalisme sont « préformatés pour diffuser la « bonne parole » libérale pour comprendre concrètement et en détail comment fonctionne ce que j’appelle « l’appareil idéologique médiatique. » Pour reprendre la terminologie de Louis Althusser et de Robert Fossaert.

L’appareil médiatique ne se réduit pas à son appareil idéologique de combat pas plus que l’école, en tant qu’appareil d’État, ne s’est réduite à sa fonction de reproduction de la classe dominante.

Mais il est indispensable d’être conscient que cet appareil idéologique de combat fait de l’espace médiatique un véritable champ de guerre : guerre cognitive et idéologique.

Les soldats de cette guerre abusivement appelée « journalistes » puisqu’ils ne respectent pas la charte de déontologie de Munich utilisent tout un arsenal de techniques de manipulation dont certaines relèvent de l’ingénierie sociale comportementale.

En outre, ces soldats qui n’apparaissent pas comme tels puisque notamment sans uniformes sont pour la plupart animés par un aveuglement idéologique quasi religieux et une haine de classe. Il est donc clair que l’on ne peut s’exprimer dans cet espace de la même manière qu’à l’assemblée nationale par exemple qui a le mérite de rendre claires les confrontations politiques et de permettre la réplique ou un débat.

Rien de tel lors de l’interview organisée par un « journaliste » qui n’est rien d’autre qu’un militant libéral masqué. Par exemple le journaliste peut demander : « Comment comptez-vous obliger Total à baisser le prix de son carburant ? ». L’invité, élu LFI répondra sans difficulté mais ne posera pas la question aux journalistes : « Et vous ? Vous pensez que c’est impossible ? Auriez-vous une idée pour savoir comment on peut faire ? ».

La situation est toujours asymétrique et injonctive.

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On connaît les techniques de neutralisation par l’appareil médiatique de mouvements politiques pouvant remettre en cause les privilèges de l’oligarchie dominante. Marginalisation par limitation maximale des temps de présence sur les médias, absence d’information objective sur le contenu du programme ; dénigrement et calomnie ; exacerbation ou mise en exergue de la moindre dissension entre les adhérents du mouvement politique à abattre ; etc.

Il est donc clair pour ne pas dire évident que l’espace médiatique dominant ne peut être un lieu de discussion ou d’échange entre les différents partenaires de la NUPES. Toute divergence même minime entre les interlocuteurs sera immédiatement interprétée comme « guerre intestine, menace d’éclatement, conflit d’égos, incohérence, unité de pacotille électoraliste, etc.

De même, toute prise de position dans les médias sur un événement national ou international sans concertation préalable entre les responsables de la NUPES susceptible de provoquer des réactions négatives de l’un de ses membres revient à donner des munitions aux soldats de l’action idéologique médiatique pour se faire tirer dessus et contribue ainsi à affaiblir l’Union Populaire qui renvoie alors à la population une image de désunion sans aucune coordination préalable.

Que chaque organisation politique composant la NUPES définisse en son sein une position où une action politique déterminée est normal mais encore faut-il que cette position ou action soit en accord avec les orientations du programme partagé et soit l’objet d’une discussion entre tous les partenaires de la NUPES. Il peut exister des exceptions à cette règle concernant les 5 % de propositions faisant l’objet de divergences.

Celles-ci devraient être traitées entre partenaires d’une manière patiente et approfondie hors champ médiatique.

Les électeurs qui ont voté pour la NUPES n’ont pas voté pour des partis qui « jouent perso. », Chacun pour sa boutique.

Force est de constater que, pour l’instant, les préceptes de bon sens qui précèdent n’ont pas été appliqués comme il le faudrait par l’ensemble des responsables de la NUPES.

D’autre part, il ne semble pas nécessaire de prendre position sur tout événement qui survient mis en évidence par les grands médias ou un membre du gouvernement surtout si cet événement est lié à une décision de justice qui n’a pas encore été rendue.

Certains événements peuvent être montés en épingle pour créer de la diversion et la division.

Il existe suffisamment de sujets sur lesquels la totalité des membres de la NUPES puisse être d’accord (taxation des super profits des profiteurs de crise, mesure pour la transition énergétique, etc ) pour ne pas se laisser manipuler ou assujettir par un cadrage médiatique événementiel téléguidé.

Sur des problèmes internationaux comme le conflit Israëlo – palestiniens et le statut de Taïwan qui est une question complexe (il suffit de lire l’article de Wikipédia sur cette question), une réunion de concertation entre les différentes composantes de la NUPES est évidemment nécessaire non seulement pour se mettre d’accord sur un contenu commun mais sur l’opportunité et la forme d’une intervention médiatique éventuelle.

Se pose aussi la question de son utilité ou de son efficacité pour faire avancer une cause.

Prenons l’exemple concret : la résolution déposée par une trentaine de députés de la NUPES dont une majorité de communistes sur la dénonciation d’un régime d’apartheid en Israël contre les Palestiniens est à coup sûr bien documenté, fait une bonne description des différents mécanismes de répression, de pression et de discrimination mise en œuvre par le gouvernement israélien mais celle-ci a-t-elle fait l’objet d’une discussion élargie aux membres de la NUPES compte tenu de l’importance géostratégique une telle prise de position ?

À ce compte là, pourquoi Mélenchon et des députés de LFI ne rédigeraient-t-il pas un texte très documenté pour justifier que la France doive sortir de l’OTAN sans concertation avec les autres membres de la NUPES ?

Cette concertation est aussi utile pour anticiper les réactions médiatiques prévisibles et les neutraliser par un argumentaire adapté. Pour ne pas se laisser atteindre par un missile, il est préférable de le détruire en plein vol par un antimissile.

Abordons encore un nouvel argument qui nous invite à l’unité.

Penser qu’il serait bon de laisser apparaître des divergences entre partenaires de la NUPES dans l’espace médiatique car cela montre « que l’on discute à la NUPES que l’on favorise le débat à la NUPES, que l’on est démocrate à la NUPES », relève d’une grande naïveté et d’une méconnaissance profonde de la nature réelle de l’appareil idéologique médiatique de combat. L’image que veulent à tout prix renvoyer les médias, ce n’est pas une NUPES démocratique dans laquelle on discute mais celle d’une coalition opportuniste où l’on s’entre-déchire, chacun avance son pion sans se soucier des autres.

Autre considération critique :

Une autre naïveté d’un moindre degré qui est celle de Jean-Luc Mélenchon, probablement victime d’une longue expérience de vie parlementaire est de penser que la conflictualité, la parole provocatrice peut provoquer le débat. Cela est vrai dans un milieu démocratique mais certainement pas dans l’espace médiatique qui, je le répète, est un champ de guerre.

Je ne conteste pas l’utilité de la conflictualisation dans un processus de politisation mais cela n’est opérationnel que dans un certain contexte.

Voir par exemple :

La politisation des discussions, au croisement des logiques de spécialisation et de conflictualisation. Revue française de science politique.

https://www.cairn.info/revue-franca...

Pourtant, Jean-Luc Mélenchon est très critique à l’égard des médias : il parle d’ailleurs de meute, de « parti médiatique », « de deuxième peau du système » : non, il faut parler plutôt d’armée médiatique, non pas de journalistes mais d’agents médiatiques de l’action idéologique (de la classe dominante).

Pour mesurer le niveau de détestation des agents de l’action idéologique à l’égard de la gauche de rupture, on peut se reporter à l’excellent dossier de l’association Acrimed en trois volets : « anatomie d’une campagne médiatique contre la gauche ».

On peut accéder à chacune des parties en utilisant les liens suivants :

https://www.acrimed.org/Anatomie-d-...

https://www.acrimed.org/Anatomie-d-...

https://www.acrimed.org/Anatomie-d-...

Il est probable que la plupart des insoumis qui ont lu ces textes n’ont pas été surpris par l’hostilité des « journalistes » mais ont été probablement surpris néanmoins par le niveau de violence et de haine de ce que j’appelle des agents médiatiques de l’action idéologique. On peut ainsi comprendre que ces gens-là, s’ils en avaient la possibilité, emprisonneraient tueraient avec une arme à feu Corbière, Ruffin, Mélenchon, etc.

Cela signifie-t-il qu’il faut faire preuve de violence et d’agressivité lorsque l’on est interviewé par ses mercenaires de la désinformation ? Certainement pas : ce serait contre-productif. Il faut mettre à distance le cadrage de leurs questions, mettre en évidence leur incomplétude, leur défaut de forme et la non fiabilité de leur contenu, etc. Il faut trouver des techniques nécessitant une formation spécifique pour faire comprendre aux téléspectateurs ou à l’auditeur que ce « journaliste » fait preuve d’hostilité et se comporte comme un militant politique masqué.

Le combat idéologique, comme pour les arts martiaux, nécessite une formation spéciale.

Les députés de la NUPES qui peuvent être amenés dans les grands médias à s’adresser à des millions de personnes devraient être considérés comme force spéciale du combat idéologique et être dotés d’une formation de très haut niveau et d’un entraînement spécial. La formation en communication d’un « militant de base » s’adressant à quelques dizaines de personnes par le porte-à-porte ne nécessite pas le même « top niveau ».

Dans mon article : « Abstention : une approche multilatérale » je montre que le dénigrement de la NUPES, et notamment de LFI par thèmes : islamo gauchisme, anti républicain, anti flic, etc contribuait à l’abstention en décourageant certains électeurs de voter pour la NUPES victimes de cette intox répandue à grande échelle (voir les articles d’Acrimed). Ce dénigrement multithématique cible des petites parties de l’électorat qui ajoutées les unes aux autres finissent par atteindre quelques dizaines ou centaines milliers de voix.

Ce dénigrement peut aussi alimenter l’électorat de l’extrême droite en raison de la dédiabolisation mise au point par les médias comme en témoigne l’étude d’Acrimed :

« Le Pen ne fait plus peur, la faute à qui ? »

https://www.acrimed.org/Le-Pen-ne-f... ?

La meilleure attitude possible, me semble-t-il, concernant l’impact de ce dénigrement est la juste mesure : ne pas sous-estimer le phénomène en se disant par exemple : malgré leurs calomnies, Mélenchon a réussi un score de 22 % ! Ils en sont pour leurs frais ! Inversement, surestimer cet impact n’est pas non plus productif. L’absence de données statistiques, de sondages sur l’efficacité de ses dénigrements thématiques invite tout de même à la prudence.

Je ne détaille pas ici toutes les mesures à prendre pour combattre le feu médiatique puisque j’ai écrit un article il y a plusieurs années intitulé :

Un plan média pour les groupes d’actions deLFI

https://www.gauchemip.org/spip.php?...

La grande bourgeoisie dans sa lutte idéologique a toujours eu trois fers au feu : la droite, la gauche sociale libérale et l’extrême droite. Les deux premiers ont fusionné dans sa défense du néo libéralisme incarné par Macron ; le troisième est incarné par Marine Le Pen. Au niveau médiatique, on a donc deux types de médias au service de la bourgeoisie : des médias tels BFMTV, Le Monde, Libération, Les Échos, défendant la première option est propriété d’un Bernard Arnault, d’un Xavier Niel, etc. et la seconde option est défendue par des médias comme Europe 1,C News, Valeurs actuelles contrôlées par Vincent Bolloré qui véhicule des thématiques favorisant l’extrême droite : islamisme, identité, immigration… particulièrement virulent contre la NUPES.

Rappelons brièvement la stratégie utilisée par la grande bourgeoisie avec ses médias pour faire élire un néolibéral : Étape un : on diffuse largement les idées favorables à l’extrême droite sans nommer explicitement la candidature d’extrême droite. On fait ainsi grimper le potentiel du score électoral de la candidature d’extrême droite et on réalise des sondages qui annoncent le danger d’une prise de pouvoir par l’extrême droite. Étape deux : les médias diabolisent alors le candidat ou la candidate d’extrême droite devenue alors subitement très dangereux pour les libertés, la démocratie, etc. on provoque ainsi la peur d’un électorat indécis qui vote alors pour un Macron ou un candidat de droite. Et on entend dans la foulée : « pas une voix pour Marine Le Pen ! »

On aura ainsi entre les deux tours de la présidentielle entre 37 % et 43 % selon les sondages des électeurs insoumis qui votent Macron.

Indiquons tout de suite que les calculs montrent que Macron n’avait pas besoin de cette partie de l’électorat insoumis pour être élu. Oui, ce genre de considération est gênant pour un certain nombre de militants de gauche, mais cela s’appuie sur des réalités contrôlables. Observons que ce genre de mots d’ordre ne semble pas avoir eu la moindre efficacité, puisque l’extrême droite bat un record historique pour son score électoral et que la majorité des classes populaires qui votent se reportent sur le RN et non pas sur LFI. En outre, même entre 13 % et 17 % de l’électorat insoumis a voté pour Le Pene au second tour.

Combattre l’extrême droite ne se fait pas avec des mots d’ordre, des slogans lancés dans le bocal médiatique dominant mais d’une manière multiforme et précise, notamment par une lutte de terrain, en particulier sur la contradiction entre les discours de défense des milieux populaires et la réalité pro-capitaliste des choix politiques réels du RN. Il faut aussi connaître les médias Internet utilisés par l’extrême droite au service du RN notamment.

Cela permet de connaître les armes idéologiques utilisées d’une part pour attirer séduire de nouveaux électeurs mais aussi pour connaître les armes idéologiques utilisées contre la NUPES et notamment LFI. Nous allons examiner cette question plus loin.

Ce qui peut faire leur attractivité pour une partie de l’électorat progressiste c’est de faire entendre un autre son de cloche concernant la politique vaccinale du gouvernement et la guerre en Ukraine que la doxa dominante. (Liée à l’industrie pharmaceutique américaine et à l’OTAN).

Le média Sud Radio racheté en 2013 par Fiducial Véhicule activement aussi les idées d’extrême droite et invite leurs représentants. Voir article d’Acrimed :

https://www.acrimed.org/Depuis-le-n...

la chaîne d’extrême droite Télé Liberté (TV L) avec 500 000 abonnés, prend le relais sur Internet.

Ce n’est évidemment pas la seule chaîne d’extrême droite sur Internet.

La NUPES se situe donc au centre d’un champ de tir ou les attaques proviennent de tous côtés et même, chose incroyable, même parfois de son propre camp ! Autant dire que ce genre de tireur ne sait pas dans quel espace il se trouve.

Je pense que la dispersion des interventions médiatiques de différents responsables de la NUPES ne s’explique pas par la bêtise de ses protagonistes mais par une méconnaissance des mécanismes de fonctionnement de la guerre cognitive et de la guerre idéologique et probablement aussi par une sous-estimation de l’impact destructif de ses agents de l’action médiatique idéologique.

La plupart considèrent qu’il suffit d’avoir compris que les journalistes sont les « chiens de garde » du système et qu’il n’est pas utile ou nécessaire de poursuivre la réflexion sur leur nature et leurs diverses stratégies de fonctionnement.

C’est comme si, pour combattre une armée, il suffirait de savoir qu’elle nous est hostile et qu’il n’est pas nécessaire de connaître en détail la nature des armes, des tactiques et des stratégies qu’elle utilise.

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B3 – les facteurs psychologiques et sociaux psychologiques facteurs de division.

a) L’égocentrisme social.

Les êtres humains et surtout les militants de mouvements politiques ou d’associations ne sont pas seulement animés par des motivations idéologiques mais aussi par des ressorts psychologiques.

Les militants ne sont ni des sages, ni des saints, ni des êtres purement rationnels : ils peuvent être soumis à des préjugés, des croyances erronées, a une influence partielle de l’idéologie dominante : ils possèdent tout simplement une subjectivité dont l’analyse psychologique fait partie intégrante de l’analyse politique.

L’affirmation de soi, de son utilité sociale au travers notamment la défense d’une cause (féministe, altermondialiste,…) constitue une forme d’égocentrisme lorsque l’analyse globale de l’environnement de combat et le rapport de forces politiques global n’est pas correctement analysé. Il faut comprendre cette réalité paradoxale : l’égocentrisme peut avoir un contenu social et ne se réduit pas forcément à une simple manifestation de l’individualisme pur.

b) l’égoclanisme.

Il faut ici se référer à la psychologie sociale et notamment à la notion de groupe d’appartenances.

Voir par exemple : les groupes d’appartenances

https://www.cairn.info/le-groupe-es...

il existe évidemment différents groupes d’appartenances.

L’organisation politique est un groupe d’appartenances particuliers qui se structure comme tout groupe d’appartenances par la référence à un système de valeurs partagées par les membres du groupe.

Considéré comme groupe analytique (voir références précédentes) le groupe contribue à la structuration de la personnalité de chaque individu appartenant au groupe.

L’esprit clanique consiste à considérer son groupe comme groupe de référence avec son intérieur et son extérieur : il y a eux et nous s’accompagnant d’une grande difficulté à s’intégrer dans un groupe plus vaste même si ce groupe partage de nombreuses valeurs avec le « clan ».

Les membres d’un tel groupe de type clanique partage un système de valeurs relativement homogènes. Les groupes syndicaux ou politiques moins homogènes ont recours au système de tendances pour faire coexister des orientations idéologiques par un certain tronc commun mais aussi des divergences plus ou moins importantes.

Remarquons que le mouvement politique LFI avec son espace politique arrive à faire coexister différentes cultures politiques sans utiliser les tendances. Pour assurer sa cohésion, il dispose d’un programme et d’une charte commune pour les groupes d’actions.

Ce n’est évidemment pas le cas du PCF, des partis d’extrême-gauche qui ne disposent pas de tendances et du PS dont l’histoire a été ponctuée de nombreux conflits de tendances interne.

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Il subsiste probablement pour le PCF un esprit partidaire résultant du constat amer que le mouvementLFI le supplante très largement sur le plan électoral. Le fait que Jean-Luc Mélenchon ait obtenu 9,7 fois plus de voix que Fabien Roussel aux élections présidentielles a dû rendre la pilule encore plus amère. D’où des prises de position de parti pour affirmer son existence.

Le PCF a du mal à « digérer » le fait qu’il ne peut plus être considéré comme le parti de l’avant-garde de la classe ouvrière et de l’avant-garde intellectuelle progressiste.

On peut comprendre, sur le plan psychologique, que de vieux militants qui ont connu le PCF comme le principal constructeur du modèle social français, réalité méconnue des jeunes générations, supportent mal que celui-ci voie son influence réduite aux environs de 2 % du corps électoral.

Mais l’expérience passée a montré, à plusieurs reprises, « qu’en jouant perso » le PCF creuse sa tombe.

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Mais il serait injuste de dire que seul le PCF garde ce réflexe partidaire.

Il suffit de se référer au discours de Julien Bayou aux journées écologistes d’été de Grenoble d’août 2022 pour s’en convaincre.

https://www.lessor38.fr/journees-de...

Si les Verts sont probablement satisfaits de cette nouvelle trouvaille sémantique de « Métamorphose » proclamée par Julien bayou, se substituant, semble-t-il, aux mots ringards de « révolution » (écologique), ce joli mot de métamorphose devrait aussi s’appliquer aux structures politiques traditionnelles dont EELV fait partie.

Les organisations politiques de gauche traditionnelle devraient faire passer l’intérêt général des travailleurs avant leurs intérêts partidaires d’organisation politique. Ces organisations devraient accepter de s’intégrer à une organisation, à une fédération plus vaste et ne pas se contenter seulement d’une simple coalition où chaque parti compte siège par siège son influence au niveau local, régional ou national.

Cette vision comptable de concurrence entre partis alliés relève en réalité d’une idéologie libérale bourgeoise. On attend donc la métamorphose de l’esprit partidaire qui n’est rien d’autre qu’une forme moderne de l’esprit clanique.

Je force ici quelque peu le trait car Julien Bayou s’est félicité de l’existence de la NUPES mais nous verrons aux prochaines élections européennes si EELV sera capable de présenter des listes unitaires N’UPES dans lesquelles elle s’ intégrera.

Quoi qu’il en soit, ce qui est très probable, c’est que si EELV voulait faire cavalier seul, elle en paiera le prix électoral élevé car les électeurs de gauche en ont archi marre de voir les forces de gauche se disperser.

Le bon sens et l’efficacité invitent donc à jouer la carte de la coopération ou de l’émulation plutôt que celle de la compétition qui risque de s’avérer meurtrière.

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B4 – Un pour tous, tous pour un !

Mais la dispersion des prises de position et des actions de la NUPES, si elle se confirmait, la conduira inéluctablement à être pulvérisée, écrasée par l’extrême droite qui devient la force politique de survie du système économique néolibéral armé de la toute-puissance de son armée médiatique . Alors il va falloir choisir : avancer groupés ou mourir.

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1.2 – L’unité de la NUPES à la base.

La guerre idéologique menée par la grande bourgeoisie et ses médias dispose d’une puissance de feu médiatique considérable. De la presse locale, régionale à nationale ; des radios et télévisions privées ou radio et télévision publiques, de la multitude des chaînes de divertissement spécialisées occupant les esprits et le champ culturel, de la multiplicité des sites Internet commerciaux, d’informations rattachées ou non à des grands médias, la couverture de la fabrique du consentement à la domination est totale.

J’ai démontré dans l’article suivant comment et pourquoi la construction de l’imaginaire politique aliéné des citoyens est cinq fois plus puissante que les conditions de vie matérielle pour déterminer leur vote.

Pourquoi 31 millions de personnes n’ont pas voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2017 ? https://www.gauchemip.org/spip.php?...

J’y explique entre autres que les luttes pour la défense des conditions de vie matérielle des gens restent nécessaires mais ne peuvent aboutir à un changement de société sans un travail idéologique puissant de conscientisation politique. Ce travail de conscientisation nécessite une formation de bon niveau des militants qui doivent être rompus à l’art du dialogue et ne pas apparaître comme l’avant-garde éclairée qui détient la Vérité.

La conscientisation politique ne peut se faire que par un travail militant de terrain notamment avec le porte-à-porte complétant ainsi le travail de diffusion des idées par différents outils Internet et les différentes interventions des représentants de la NUPES dans les médias. Rappelons que le porte-à-porte est 350 fois plus efficaces que la distribution de tracts dans des boîtes à lettres. Le porte à porte convain un indécis sur 14 et le tract un indécis sur 5000. (Source : https://lelab.europe1.fr/le-porte-a... )

Comme l’a montré une multitude d’expériences passées en France comme à l’étranger, aucun changement de structure sociale, économique et politique n’est possible sans ce travail de terrain. La force militante actuelle de chacune des composantes de la NUPES est insuffisante pour réaliser ce travail d’éducation populaire de terrain dans l’ensemble des communes de France. Il est donc nécessaire de créer des groupes d’actions au moins au niveau de chaque circonscription pourvue ou non d’un député NUPES mutualisant toute les forces militantes de cette Union Populaire. Mais cela nécessite tout d’abord une mise en réseau des différentes composantes de la NUPES au niveau local ce qui n’est pas une mince affaire et nécessite une sorte de petite révolution culturelle. Il faut rompre avec les vieilles habitudes de l’esprit de boutique et de rivalités entre parties de gauche l’existence d’un programme partagé au niveau national est un précieux atout.

La rédaction en commun de tracts tant au niveau national que local est nécessaire. Il devrait exister une dialectique entre l’unité à la base et l’unité au sommet. On voit mal le développement d’une dynamique pour l’unité à la base si elle n’existe pas au sommet. Inversement, une dynamique d’unité à la base ne peut que favoriser et encourager l’unité au sommet.

Pourraient se joindre à ces groupes d’actions NUPES locaux des syndicats, des associations, des collectifs de citoyens ce qui revient à constituer, en quelque sorte, des petits parlements NUPES locaux. On augmenterait ainsi sensiblement la force d’action idéologique des groupes d’actions locaux. Un tel travail de construction ne peut se faire que dans la durée et certainement pas uniquement pendant les campagnes électorales. Un mouvement politique qui prétend changer de système économique ne peut se réduire à un mouvement électoral. Il doit être avant tout un mouvement d’éducation populaire pour l’émancipation d’un peuple à l’imaginaire politique aliéné par la puissance médiatique de la classe dominante. Il ne faut pas perdre de vue non plus que la mise en œuvre du programme partagé par un gouvernement de la NUPES nécessiterait plus que 52 % des voix mais une large majorité pour résister aux assauts économiques et idéologiques de la grande bourgeoisie nationale et de ses alliés internationaux.

Il est illusoire de penser que la seule présence de militants de la NUPES pour accompagner les mouvements sociaux dans la rue ou ailleurs serait suffisante pour gagner la bataille idéologique. La participation à de grandes manifestations de rue avec les risques qu’elle comporte à montrer largement ses limites. D’ailleurs, le pouvoir renforce son matériel lourd de gendarmerie avec la mise en circulation de nouveaux véhicules blindés anti manifs et va investir 15 milliards d’euros pour augmenter les effectifs de la police. En outre Black bloc et autres provocateurs sont présents pour faire dégénérer les manifestations et les rendre impopulaires. En outre les médias dominants ne donnent une image très partielle ou déformée de ces manifestations. 300 000, voire 1 million de manifestants dans la rue en France, comme cela a été le cas à plusieurs reprise renforce les solidarités , mais quel impact sur les 48 millions d’électeurs. En réalité, l’impact est faible. Certes des mouvements de rue puissants ont permis d’arracher parfois quelques victoires empêchant la mise en œuvre de lois antisociales mais cela reste exceptionnel depuis les années 2000.

Non, la guerre idéologique ne se gagne pas par des mouvements de masse plus ou moins éphémères dans la rue mais par une guérilla idéologique de terrain se menant rue par rue, maison par maison, ferme par ferme immeuble par immeuble, commune par commune auprès de la totalité de la population en contact direct et sans médias interposés. À cela devrait s’ajouter des distributions de tracts spécialisés de la main à la main dans les petits commerces, à la sortie des centres commerciaux, à la sortie des hôpitaux, des établissements scolaires, des gares, des entreprises industrielles et financières, à la sortie des bouches de métro, etc.

On peut évidemment compléter ce travail par des assemblées citoyennes, des réunions de quartier, des réunions festives Évidemment, cela demande un travail militant s’étalant dans la durée, demandant une bonne organisation locale et un assez bon niveau de formation économique et politique des militants. Des fiches argumentaires classées par thèmes devraient être mises à disposition des militants et faire éventuellement l’objet de discussions de groupe et de jeux de rôle. La formation peut avoir un caractère ludique.

Il est bien évident que l’on ne viendra pas à bout de 40 années d’intoxication néolibérale et d’idées d’extrême droite en trois mois.

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2 – Concernant le travail des parlementaires de la NUPES : ne pas se laisser absorber à 100 % par le travail législatif.

Certes, Macron ne dispose pas de la majorité absolue mais dispose tout de même de la majorité relative avec 245 sièges. En outre, il peut compter sur des alliances de circonstances avec les Républicains ou le RN. La probabilité d’adoption des projets de loi élaborée par la NUPES est donc très faible dans un très grand nombre de cas, surtout lorsque les projets de loi s’appliquent au fonctionnement économique. Les 151 députés de laNUPES ont donc intérêt à s’organiser pour déterminer à l’avance quels sont les thèmes sur lesquels ils peuvent gagner et être présents au maximum lorsque ceux-ci sont abordés. Et à l’inverse , utiliser leur temps à organiser la lutte idéologique en dehors de l’Assemblée nationale en se rendant sur le terrain. La visite des hôpitaux pendant l’été 2022 par les députés deLFI est en ce sens une très bonne démarche qui pourra évidemment déboucher sur une proposition de loi concernant les hôpitaux. Mais il me semble souhaitable que les députés aident les groupes locaux pour s’organiser en réseau et favoriser l’unité à la base. Ces députés pourraient animer de temps à autre des groupes d’actions locaux LFI ou NUPES.

La prise de pouvoir en 2027 ne pourra se réaliser que par l’organisation d’une lutte idéologique de terrain unitaire.

Un autre travail qui me semble important à réaliser pour les députés et les responsables divers de la NUPES est d’approfondir et d’étudier avec sérieux, et avec le temps nécessaire, les deux problèmes suivants :

1) La Russie est-elle la seule responsable de la guerre en cours ? Cela passe par une étude minutieuse d’une rétrospective historique depuis 1990 sans a priori idéologique et fondée sur les faits.

Là encore, il faut passer beaucoup de temps pour reconstituer les faits depuis 1990 émaillant les relations entre la fédération de Russie , l’Ukraine, et les États-Unis.

La question qui en découle est de savoir si les sanctions contre la fédération de Russie sont justifiées d’une part et efficaces autre part. Et quelles en sont les conséquences précises sur les conditions de vie du peuple français et des peuples européens. Notre rattachement à l’OTAN ne nous mène-t-il pas tout droit vers la guerre contre la Russie et la Chine ? Quels sont les intérêts nord-américains qui sont en jeu dans ces conflits ? ** 2) Une autre question est la politique vaccinale et plus largement sanitaire. Un groupe de travails devrait être constitué en utilisant les différentes ressources scientifiques disponibles y compris celles qui sont censurées par les grands médias. Pour cela il serait nécessaire d’auditionner des membres du Conseil Scientifique Indépendant par exemple. Il me semble nécessaire d’analyser aussi tous les conflits d’intérêts existants entre les membres des autorités de santé, un certain nombre de scientifiques et l’industrie pharmaceutique. La fiabilité des données statistiques officielles doit être soumise au feu de la critique. Car différentes études indépendantes ont montré l’existence de nombreux biais volontaires ou involontaires. La commission d’enquête sénatoriale sur les effets secondaires des vaccins anticopie doit être poursuivie. Un problème crucial est apparu : c’est le manque de moyens des états en personnel qualifié et le manque de volonté politique qui ne permet plus d’élaborer des contre-expertises sur les différents essais cliniques élaborés par les firmes pharmaceutiques. Comme l’explique avec précision un article du monde diplomatique de juillet 2022 sur le développement capitalistique de la e-médecine, les essais cliniques vont devenir de moins en moins exigeants. Si la mise en évidence de la casse de l’hôpital est relativement simple en constituant des inventaires dans les suppressions de postes et de lits par exemple, la mise en évidence d’une vaste escroquerie dans la mise au point des vaccins est beaucoup plus complexe et nécessite une distillation demandant beaucoup de temps et de motivation puisque l’on ne peut plus faire confiance a priori, à aucune autorité scientifique ou autorité administrative de santé publique y compris l’OMS.

Publications scientifiques non fiables pour certaines, corruption, conflits d’intérêts instrumentalisation économique et politique de la peur : peur de la mort, peur de perdre son poste, peur de perdre sa notoriété, peur de sanctions administratives ou de l’ordre des médecins, subordination hiérarchique pression de conformité rendent difficile l’émergence de la vérité dans différents domaines : efficacité des vaccins, ampleur des effets indésirables graves et du nombre de décès, etc. Aux facteurs précédents qui rendent difficile l’accès à la vérité s’ajoute un facteur central : la dissimulation, l’opacité, la diversion. Nous avons étudié dans notre article « l’agnotologie et le fléau de l’inculture politique » toutes les techniques utilisées par les groupes humains, les firmes capitalistes, les pouvoirs politiques et religieux pour entretenir les gens dans l’ignorance. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Compte tenu de l’ampleur et de la diversité des techniques de dissimulation utilisée par l’industrie pharmaceutique, ses relais administratifs, économiques et politiques j’attends encore le cours des événements avant d’écrire un chapitre spécial sur l’agnotologie sanitaire. La mise en place, dans la plus grande discrétion, de différentes plates-formes numériques sur les données de santé de la population accompagnée de différents systèmes de surveillance et de contrôle font aussi partie de la problématique.

** 3 – Face à l’extrême droite.

Dès sa création en octobre 1972, le FN avait pour mission de neutraliser la « coalition socialo-communiste » suite à l’accord sur le programme commun de juin 1972. L’outil politique qui va devenir maintenant dominant pour neutraliser la NUPES va être le RN. La récupération par les néolibéraux des thèmes d’extrême droite comme l’islamo gauchisme, communautarisme à l’encontre de la UPES en est un symptôme.

Les outils utilisés par les médias pour faire la promotion du RN sont indiqués dans mon article : Le carburant médiatique du FN – RN https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Outre le problème de l’abstention, une autre réalité dérangeante doit être étudiée : la montée du vote d’extrême droite les classes populaires depuis les années 1980. C’est l’objet d’un autre article suivant :

Le vote d’ouvriers et d’employés pour des candidats d’extrême droite : une problématique à ne pas esquiver. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Il faut donc adopter une stratégie de combat idéologique efficace et cohérente contre le RN et plus généralement les idées d’extrême droite en évitant toute caricature et diabolisation inutile. Cette lutte se déploie sur plusieurs étages : Niveau 1 : philosophique et anthropologique : référence à un ordre naturel ou mystique ; les hommes ne sont pas égaux et tous semblables ; il existe des dons innés qui peuvent conditionner des comportements sociaux et politiques ; conception organiciste de la société et des groupes humains : il existe un intérieur (nous), un extérieur (eux) , une membrane (frontière) séparant l’intérieur et l’extérieur, un ordre intérieur assuré par un chef ou un prêtre, il existe des déviants à cet ordre intérieur qui peuvent devenir alors des corps étrangers et des boucs émissaires à la place de la notion « d’ennemi du peuple » stalinienne on a ici la notion « d’ennemi de la France, de l’identité française ». Le recours à la force et donc à la répression sous différentes formes devient alors un outil de gouvernement. Sous l’égide de la force virile, la police et l’armée sont donc chargés de maintenir l’ordre moral, c’est-à-dire en réalité l’ordre social imposé par les puissances économiques. . La conception du groupe politique et donc clanique et binaire oppose le pur et l’impur. Niveau 2 : psycho sociologique : la peur de l’autre associée au dualisme pur/impur engendre la peur du métissage, source fondamentale du racisme selon Pierre-André Taguieff. À la peur, la phobie du mélange des races succède la peur des mélanges culturels conduisant alors à l’anéantissement à l’identité individuelle. Niveau 3 : ces ingrédients favorisent le nationalisme, la peur de l’étranger, la peur des immigrés donc la xénophobie. La nation est conçue comme une construction ethnique et non politique. Le sang prévaut sur le sol. D’où la remise en cause du droit du sol et la préférence nationale. Niveau 4 : l’extrême droite rejette la notion de classe sociale au sens marxiste : pour elle il n’existe pas d’antagonisme de classe et d’intérêt entre les salariés et les patrons. Le syndicat doit être un syndicat maison, ; le patron doit être considéré comme un chef, un chef de famille. On retrouve ici une conception patriarcale des rapports sociaux liés au culte du chef. On comprend pourquoi l’extrême droite est hostile au syndicalisme en général et qui est jugé , en outre, fauteur de troubles, de désordres. La dénonciation de l’emprise des puissances financières et multinationales ne se fait pas sous le mode de la dénonciation d’une exploitation des salariés ou d’une distribution abusive de dividendes, mais comme atteinte à la souveraineté nationale liée à l’identité nationale et culturelle. L’extrême droite dénonce la vassalisation des états par la haute finance, ce qui est une réalité, mais que font les élus FN – RN dans les différentes assemblées pour s’opposer à cette puissance financière ? Rien. Et c’est là que l’on peut se référer à l’histoire : en cas de crise, le grand patronat a toujours aidé l’extrême droite pour écraser les mouvements sociaux et avoir ses relais politiques. Niveau 5 : le fonds de commerce électoral : la référence à l’ordre, la sécurité, l’identité. Le fonctionnement économique du capitalisme engendre, par sa nature instable, un sentiment général d’insécurité tant pour les salariés que pour les petits patrons. Menace de perdre son emploi, menace de ne pouvoir rembourser ses emprunts ou payer son loyer, menace d’un effondrement financier économique, problème de la concurrence et de débouchés pour les petites entreprises et artisans ou commerçants etc. à cette insécurité sociale s’ajoute une insécurité liée à la délinquance (agressions physiques, cambriolages, vols, etc.). À cela s’ajoute l’insécurité liée au terrorisme et à une crise sanitaire qui ouvre la porte aux états d’exception. À cet ensemble de peurs s’ajoutent encore la peur d’être envahi par l’arrivée d’un grand nombre d’immigrés de cultures différentes et aboutissant à un « grand remplacement ». L’islamisme radical est mis en exergue. Ce qui fait la force de l’extrême droite, c’est l’instrumentalisation psychologique, émotionnelle de toutes ces peurs qui ne sont évidemment pas sans aucun fondement. Un militant éclairé doit aborder ce faisceau de problèmes à la lumière d’argumentaire adapté et précis. Niveau 6 : faire face aux campagnes de dénigrement du RN aidé par les médias contre la NUPES. Il faut démonter une à une toutes les arnaques : islamo gauchisme, anti flic, etc. indigénisme,wokisme, etc. Ces nouveaux dénigrements ont pris le relais du moins partiellement sur la calomnie du type : Mélenchon est fasciné par les dictateurs, Mélenchon est un violent intolérant, etc. * l’extrême droite (le RN, Filippot, Dupont Aignan, de Villiers) exploite actuellement deux créneaux laissés vacants ou pour le moins peu occupés par La France Insoumise. Les effets indésirables des vaccins, le témoignage de nombreuses victimes de différentes professions. La dénonciation du super scandale de la suspension des soignants, et des pompiers non vaccinés. À cela s’ajoute la dénonciation de la surveillance numérique. Curieusement, le RN apparaît comme le grand défenseur de liberté. D’ailleurs l’une de ses Webb télé phare : s’appelle Télé Liberté ! * Le deuxième créneau est une dénonciation radicale de la vassalisation de la France par les États-Unis dans le cadre de l’OTAN, une dénonciation du caractère absurde et contre-productif des sanctions contre la fédération de Russie, une critique féroce contre le président actuel de l’Ukraine et de l’oligarchie ultra corrompue qui gouverne le pays. Il est donc urgent de comprendre que l’extrême droite actuelle en France n’est pas constituée uniquement de xénophobes imbéciles, de faible d’esprit, mais d’un certain nombre d’intellectuels capables d’analyses sérieuses. Un exemple ? Hervé Juvin élus RN au Parlement européen et membre de la commission de la sécurité de la défense européenne travail et aussi du commerce extérieur. Voici une analyse géopolitique du conflit Russo ukrainien :

https://hervejuvin.com/ukraine-defa...

il a par ailleurs écrit un ouvrage Chez nous pour en finir avec une économie totalitaire..

Il faut donc que la NUPES soit plus offensive et active sur ces créneaux qui font apparaître actuellement des membres ou des sympathisants de l’extrême droite moins assujettis à la doxa liée aux intérêts nord américains que la NUPES. Il ne serait pas étonnant que le RN ait gagné quelques dizaines ou centaines de milliers de voix grâce a cette stratégie. Mais « l’argument » principal du dénigrement de LFI par le RN est l’accusation « d’avoir trahi les intérêts du peuple et des salariés ». En donnant l’ordre en 2012 « pas une voix pour Sarkozy », Mélenchon a favorisé l’élection du « traître » François Hollande. En 2017 et en 2022, en donnant la consigne de vote « Pas une voix pour Marine Le Pen » Mélenchon et LFI ont favorisé l’élection d’Emmanuel Macron. D’ailleurs, d’après les sondages, après le premier tour de la présidentielles 2022, 37 % des électeurs « insoumis » ont voté pour Macron. Ces mots d’ordre s’intègrent, malgré eux, dans la manipulation médiatique de diabolisation de Le Pen trois mois avant les élections. En revanche, Marine Le Pen n’a pas donné de mots d’ordre « pas une voix pour Mélenchon ou pour la NUPES ». Il en a résulté que selon les sondages, 30 % des électeurs du RN ont voté pour la NUPES en cas de duel Ensemble/NUPES. Cet argument de duplicité de LFI et Mélenchon a un impact certain sur une partie des classes populaires qui se sont résignées à voter pour le RN. Ce genre de considération ne fait pas plaisir, dérange un certain nombre de militants de LFI. Mais il faut regarder la réalité en face : non seulement les mots d’ordre de ne pas voter Le Pen ne serrvent à rien, mais il sont contre-productifs car ils stigmatisent les électeurs des classes populaires qui ont voté pour le RN et qui sont considérés de facto, comme des imbéciles.

Évidemment, la neutralisation de ce pseudo argument de trahison est simple : il suffit de faire connaître les votes de LFI, de la NUPES et du FN – RN dans les différentes assemblées pour que les classes populaires se rendent compte que les véritables traîtres, ce sont les élus FN – RN qui n’ont nullement l’intention de remettre en cause les privilèges économiques et financiers de l’oligarchie dominante, ce qui n’est évidemment pas le cas pour la NUPES. Autre argument : siLFI était un si bon allié de Macron, on voit mal pourquoi en octobre 2018,7 organisations a été l’objet d’une perquisition massive qui avait pour fonction de l’effacer politiquement.

En résumé, la lutte idéologique contre le RN et plus généralement les idées d’extrême droite doigtent être plus radicales, moins superficiel, plus étendue pour être plus efficace .

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4 – La NUPES devrait se munir d’une Webb télé

Il existe certes des médias Internet du type Insoumission, la chaîne YouTube de Jean-Luc Mélenchon et aussi des sites assez proches deLFI comme Le média .tv, Blast, le Canard réfractaire, QG,… mais il manque à gauche une chaîne d’informations non alignées sur les grands médias dominants et la Maison Blanche. Elle devrait pouvoir suivre le cours de l’information comme le fait par exemple la contre matinal du Média .tv ouTVL, invité des spécialistes de différentes disciplines et des acteurs du mouvement social comme le fait la radio Causes communes. Nous faut avoir recours à l’émission d’André Berkoff sur Sud-Radio, aux articles et à la Webb télé de France Soir . fr pour avoir l’avis de spécialistes et de scientifiques qui ne soient pas des perroquets de la Haute autorité de santé, des trusts pharmaceutiques ou du gouvernement ukrainien. On ne peut compter sur une radio comme France Culture pour des informations sur l’Ukraine qui n’est qu’un relais du service de communication de l’OTAN comme l’a justement fait remarquer un journaliste de la Webb télé Le Canard réfractaire. Il va falloir queLFI augmente son niveau d’insoumission pour permettre à des gens comme JacquesBaud et des membres du conseil scientifique indépendant pour s’exprimer librement dans une chaîne… de gauche ! Cette Webb télé devrait être munie d’une charte de fonctionnement permettant à chaque sensibilité de s’exprimer équitablement.

Hervé Debonrivage

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Annexe

Quel avenir pour la NUPES ? https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Quel avenir pour la NUPES ? 4 « La Nupes restera d’autant plus vulnérable qu’elle se réduira à une alliance électorale entre des partis politiques soumis à une logique concurrentielle » vulnerable-qu-elle-se-reduira-a-une-alliance-electorale-entre-des-partis-politiques-

par BILIA Boris, COULOMBEL Alain, FERRI Léa, FLACHER David, GEORGE Susan, GUENNEAU Denis , KHALFA Pierre, LE LANN Yann, MASSIAH Gustave, VIEU Marie-Pierre

https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Ma contribution est dans la continuité des propos tenus par Manuel Bompard lors d’une interview du magazine Regards.

https://www.gauchemip.org/spip.php?...

La France insoumise : franchir un cap pour gagner par Clémentine Autain. https://www.gauchemip.org/spip.php?...

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Hervé Debonrivage

** Hervé Debonrivage


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