Le roi est nu, sans majorité à l’Assemblée

mercredi 20 juillet 2022.
 

Ainsi en a décidé le vote-sanction des Français en infligeant une claque électorale à Macron. Mais ce n’est là que l’écume parlementaire d’une lame de fond ancienne. La réélection de Macron pouvait faire croire à une stabilisation politique mais le trompe l’œil n’aura tenu que quelques semaines. Le fond de l’air reste dégagiste.

L’édifice néolibéral continue de s’effriter au point de vaciller. Trois faits l’éclairent : Macron, président le plus mal élu depuis Pompidou ; les trois partis ayant dirigé tous les gouvernements de la 5e République (PS-LR-LREM) cumulant péniblement un tiers des suffrages au 1er tour de la présidentielle quand ils en totalisaient encore 50% il y a 5 ans ; absence de majorité absolue à l’Assemblée pour la première fois pour un président élu. Macron agit bien comme une queue de comète réalisant, sous la contrainte électorale, l’unification devenue indispensable aux libéraux pour continuer à diriger. Le « qu’ils s’en aillent tous » qui a frappé Valls, Blanquer, trois ministres en exercice, Ferrand ou Castaner est là pour le confirmer. D’ailleurs Macron et sa Première ministre n’ont-ils pas été contraints d’éviter le vote de confiance de l’Assemblée ? L’ombre portée du « non » de 2005 plane sur cet ajustement électoral : le néolibéralisme est minoritaire parmi le peuple français et les rigidités de la 5e République, si elles ont étouffé cette réalité pendant trop longtemps, peinent à le faire encore.

Le rejet du néolibéralisme s’accompagne du rejet du système politique. L’abstention en reste un signe massif : proche du record de 2002 au 1er tour de la présidentielle, et de 1969 au second tour, et record tout court aux législatives avec moins d’un électeur sur deux venu voter.

L’ancrage de l’extrême-droite, sa capacité à figurer au deuxième tour de la présidentielle une nouvelle fois, à faire élire 89 députés sans alliés, et à faire élire ses membres avec 280 voix à la vice-présidence de l’Assemblée montrent combien le gouffre démocratique grandit.

L’heure est à la bascule. Qui l’emportera ? Le néolibéralisme autoritaire fera-t-il jonction avec l’extrême-droite comme semble l’indiquer le jeu de chaises musicales pour les fonctions honorifiques de l’Assemblée entre LREM, LR et RN ainsi que l’absence de consigne de vote claire des macronistes dans les duels RN-NUPES ? Ou bien l’extrême-droite l’emportera-t-elle seule ?

Heureusement, un troisième scenario reste possible. L’extraordinaire percée de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et sa capacité à forcer le regroupement dans la NUPES ont permis de repousser l’assaut et de retrouver dans de nombreuses circonscriptions le goût de la victoire. C’est un point d’appui précieux pour pousser le macronisme dans le fossé avant qu’il ne serve définitivement de marchepied au RN et tenir le choc de la confrontation politique et sociale qui vient. La 6e République est plus que jamais nécessaire. La bascule peut encore se faire du bon côté ! A chacun d’y travailler.

Matthias Tavel


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