Elections législatives ukrainiennes : « Une lutte pour les intérêts des grands groupes financiers »

vendredi 5 octobre 2007.
 

Interview de Vasyl Tereschuk, coordinateur de l’Organisation des marxistes d’Ukraine.

Qu’est-ce qui s’est joué au travers de ces élections législatives anticipées ?

Vasyl Tereschuk. Ces élections sont la forme politique de la lutte que se livrent les grands groupes financiers et industriels de l’Ukraine. La lutte réelle est celle du partage du capital de l’Ukraine, dans le cadre d’un processus de concentration. Les holdings de Rinat Akhmetov, System Capital Management (SKM), et d’Igor Kolomoïski, Privat, ont, à eux deux, le monopole de l’industrie métallurgique, de l’énergie et de la sphère financière. Les intérêts du premier sont représentés par le Parti des régions, de Ianoukovitch, ceux du second, par le Patri Biot, de Ioulia Timochenko. Le Parti Notre Ukraine-autodéfense populaire, du président Iouchtchenko, représente quant à lui les intérêts des groupes Rochen, de Petro Porochenko, et Reinfort, de David Jvania. Privat a acquis la semaine dernière le deuxième groupe australien de métallurgie. SKM s’est allié avec le groupe russe Smart-système. Depuis 2004 et la révolution orange, Privat a étendu son influence sur l’économie du pays.

Comment ces intérêts s’articulent-ils autour des questions politiques ?

Vasyl Tereschuk. Ils sont les mêmes : intérêt de bonnes relations avec la Russie afin de limiter la facture énergétique. Intérêt à se positionner dans le capital mondial financier en se plaçant sur le marché occidental. Par leurs promesses, les partis utilisent les intérêts du peuple pour remporter les élections. Le Parti des régions prétend ainsi défendre les régions de l’Est, Biot et Notre Ukraine, une adhésion à l’OTAN et une politique tournée vers l’Europe et les États-Unis. L’enjeu véritable est le contrôle du gouvernement et du budget. Quand Timochenko parle de re-nationaliser pour re-privatiser par exemple, le but est de permettre à Privat, qu’elle défend, de reprendre de l’influence sur SKM, affilié au Parti des régions. Il en va de même pour la réforme constitutionnelle.

Quelle alternative existe-t-il ?

Vasyl Tereschuk. Pour le moment aucune. Les Partis socialiste et communiste tentent chacun de tirer leur épingle du jeu en s’affiliant aux partis en place. La seule alternative reste à construire, en redonnant de la force aux syndicats qui, depuis la chute de l’URSS, avaient opté pour la passivité ou la défense du libéralisme. Il faut travailler à redonner vie aux syndicats.

Entretien réalisé par A. R.


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