Rapport du GIEC, des constats aux solutions… et à l’action !

samedi 28 mai 2022.
 

Le 3e volet du sixième rapport du GIEC va au-delà des constats sur l’aggravation des dérèglements climatiques. Après avoir pointé la responsabilité des États, il se concentre à juste titre sur les solutions et sur les stratégies d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Selon le rapport, nous pouvons encore limiter le réchauffement climatique à 1,5° C d’ici la fin du siècle, même si nous ne sommes pas du tout pour l’heure sur la bonne voie, car l’humanité n’a jamais émis autant de GES que ces dix dernières années.

Le moment des choix cruciaux

Ces émissions sont aujourd’hui supérieures de plus de 50 % à ce qu’elles étaient il y a trente ans, quand les négociations sur le climat ont commencé. Si nous continuons sur cette trajectoire nous atteindrons une hausse catastrophique de 3,2 à 5° C avant la fin du siècle. Et pour limiter la hausse des températures à 1,5° C, il faudra atteindre le pic des émissions de GES avant 2025, et réduire de moitié les émissions mondiales de carbone avant 2030 par rapport aux niveaux actuels.

Trois points majeurs sont au cœur des débats politiques mis en avant par le GIEC en lien avec cet objectif : la sortie des énergies fossiles, le rôle des technologies et les questions d’égalité et de finances.

Car aujourd’hui, les inégalités sociales scandaleuses et les effets ravageurs du néolibéralisme ont leur traduction sur le plan de la crise climatique et écologique.

Inégalités croissantes

L’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande, qui représentent 22 % de la population mondiale, ont contribué pour 45 % aux émissions cumulées de CO2 depuis 1850, et émettent encore aujourd’hui 24 % des GES mondiaux, alors que les pays les plus pauvres, avec 14 % de la population, n’y contribuent que pour 3 %. L’Afrique et l’Asie du Sud, avec 61 % de la population, comptent pour 11 % des émissions.

Ces inégalités criantes se retrouvent au sein même des pays. Les ménages dont le revenu se situe dans les 10 % les plus hauts sont à l’origine de 34 à 45 % des émissions mondiales de GES liées à la consommation. Ceux dont les revenus se situent dans les 50 % inférieurs contribuent à hauteur de 13 à 15 %, soit deux à trois fois moins. Les 10 % les plus pauvres ne sont responsables que de 3 à 5 % de celles-ci.

Sortie des énergies fossiles

Les auteurs du rapport mettent aussi en évidence que l’utilisation des combustibles fossiles doit diminuer très rapidement. D’ici 2050, l’utilisation du charbon devrait cesser, celle du pétrole baisser de 90 % et celle du gaz jusqu’à 85 % au regard des niveaux de 2019.

Pour limiter le réchauffement climatique, ne serait-ce qu’à 2° C, les flux financiers publics et privés destinés à l’atténuation des émissions devraient être 3 à 6 fois plus importants jusqu’en 2030.

Pour les experts, il est illusoire de penser que les technologies de capture et de séquestration du carbone pourraient résoudre le problème. Elles ne peuvent apporter qu’une contribution et se heurtent à de multiples obstacles, alors que les énergies renouvelables et d’autres solutions efficaces sont disponibles.

C’est possible, si…

Ou, des solutions existent dans beaucoup de domaines, elles sont efficaces et accessibles. La réduction de nos émissions devra passer par le développement de l’éolien et du solaire, l’arrêt de la déforestation, la restauration des écosystèmes dégradés, la déprise de l’agriculture industrielle, la décarbonation des flux financiers.

Depuis 2010, les coûts unitaires de l’énergie solaire ont chuté de 85%, de l’énergie éolienne de 55 % et des batteries lithium-ion de 85 %. Parallèlement, le déploiement de l’énergie solaire a été multiplié par plus de dix et celui des véhicules électriques par cent.

À l’horizon 2030, le développement de l’éolien et du solaire peut éviter neuf fois plus d’émissions que le nucléaire, à des coûts économiques bien inférieurs. Mais il faudra le faire en lien avec les populations locales et sous leur contrôle, sur des projets à taille « humaine » autant que possible, pour éviter les rejets.

D’autres domaines vont peser dans la balance de la réduction des GES, notamment la rénovation thermique des bâtiments à grande échelle ou encore la réduction de la consommation mondiale de viande. Aujourd’hui, 23 à 42 % des émissions de GES sont liées aux productions alimentaires, alors que la malnutrition reste un fléau. Ces émissions ont augmenté de plus de 20 % entre 1990 et 2018.

Il apparaît indispensable également de réduire nos consommations d’énergie et de matières premières, et d’aller vers un autre modèle de développement que celui fondé sur la croissance productiviste et l’extraction infinie, sur la consommation à outrance, sur la maximisation des profits à court-terme. Nous ne pouvons continuer à demander à notre planète davantage que ce qu’elle peut reconstituer.


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