Sondages législatives : 31% NUPES, 26% Macronistes, 20% RN

jeudi 2 juin 2022.
 

Dans notre baromètre consacré aux élections législatives cette semaine on observe une stabilité des rapports de force. L’alliance de gauche, la « NUPES », arriverait en tête avec 31% des suffrages devant la coalition de la majorité présidentielle qui perd un point cette semaine à 26%. Le Rassemblement National, faute de dynamique et d’alliance avec Reconquête reste troisième avec 20% des voix.

A l’instar de la campagne présidentielle qui a connu peu de mouvements brusques dans l’opinion jusqu’à la crise ukrainienne et l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron, cette campagne législative se stabilise. L’alliance des partis de gauche a suscité une dynamique en sa faveur dans les premiers jours de l’union et a modifié sensiblement les rapports de force, s’imposant comme le premier des trois pôles devant Renaissance et le Rassemblement National. Depuis, la campagne connaît peu de moments forts. Le fait que l’offre politique se présente sous une forme simplifiée autour de trois pôles principaux qui correspondent à la tripartition électorale observée au premier tour de la présidentielle explique cette stabilité qui pourrait perdurer jusqu’au premier tour de scrutin. Les effets résultant de la nomination du nouveau gouvernement devront cependant être suivis avec attention.

A ce titre, la nomination du nouveau Ministre de l’Education, Pap N’Diaye, a cristallisé dès sa prise de fonction des réactions très fortes en activant le clivage identitaire. Les représentants des forces identitaires – RN et Reconquête – se sont montrés logiquement particulièrement hostiles et virulents. A l’inverse, on a observé une bienveillance exprimée par la gauche radicale, en premier lieu par Jean-Luc Mélenchon. Cette nomination s’inscrit pleinement dans la stratégie présidentielle de brouillage de l’ancien clivage gauche/droite et dans la volonté pour Emmanuel Macron de cliver sur le volet culturel, espérant peut-être ainsi renforcer son aile gauche et diviser la coalition de la NUPES.

L’autre dynamique qu’il faudra suivre avec beaucoup d’attention concerne l’électorat LR. Celui-ci va-t-il rallier les candidatures de la majorité présidentielle dans une logique de vote utile pour faire barrage à la NUPES dès le premier tour de scrutin ? Pour l’instant, nous n’observons aucune dynamique de ce type, mais il est important de rappeler que cette logique de vote utile qui avait conduit à l’effondrement de Valérie Pécresse s’était fortement accélérée dans les derniers jours, voire dans les dernières heures de la campagne présidentielle.

Les Français très majoritairement opposés à la retraite à 65 ans

Nous avons interrogé les Français sur le recul de l’âge légal de la retraite à 65 ans proposé par Emmanuel Macron. Seul un Français sur cinq se dit favorable à cet allongement. 39% sont même, à l’inverse, favorables à un abaissement de l’âge légal à 60 ans et 35% au maintien à 62 ans. Seuls deux clusters se montrent majoritairement favorables à l’âge de départ à 65 ans : les Libéraux et les Centristes, deux clusters phares de la coalition d’Emmanuel Macron, plutôt hostiles à la fonction publique, aux « acquis sociaux », aux 35h et globalement aux politiques redistributives.

Par ailleurs, une telle mesure clive fortement la coalition présidentielle. Les clusters de gauche modérée qui soutiennent le Président – les Progressistes et les Sociaux-Démocrates – sont très majoritairement favorables à la retraite à 60 ans ou à 62 ans, de même que les clusters dépolitisés ou modérés (Apolitiques, Sociaux-Républicains et Eclectiques) qui ont voté pour le Président.

La mise au premier plan de ce thème, notamment par la NUPES qui propose la retraite à 60 ans a tendance à fragiliser l’électorat du Président. Persister en faveur de la retraite à 65 ans constitue un risque de morcellement de sa coalition électorale, les électeurs de centre-gauche pouvant être alors tentés par les candidats de la gauche unie.

Les clusters populaires (Solidaires, Révoltés, Sociaux-Patriotes, Réfractaires, Eurosceptiques) sont quant à eux, sans surprise, extrêmement hostiles à une telle mesure. Cela pourrait entraîner la constitution d’un « arc contestataire » si jamais la mesure venait à être votée par le Parlement, débouchant sur un front « anti-Macron » qui ne serait pas sans rappeler la coalition qui a porté le mouvement des Gilets jaunes lors de l’hiver 2018-2019.

Elisabeth Borne Premier Ministre : un choix peu clivant

La nomination d’Elisabeth Borne à Matignon fait émerger trois blocs quasiment équipotents : 35% des Français sont indifférents à sa nomination ou ne la connaissent pas, 33% y sont défavorables et 32% y sont favorables. Sa notoriété relative dans l’opinion et son profil technocratique font de cette option un choix assez peu clivant et surtout assez fédérateur d’une coalition électorale dont le plus petit commun dénominateur est la demande de « bonne gouvernance », d’équilibre et de compétence. En conséquence, très peu de Français ont un avis tranché sur cette nomination. Seuls quatre clusters se distinguent par leur opposition nette : les Multiculturalistes, les Révoltés et les Solidaires (trois clusters de gauche radicale) et les Sociaux-Patriotes (cluster identitaire et social qui vote majoritairement RN).

Nous avons également testé l’hypothèse d’une cohabitation amenant Jean-Luc Mélenchon à être nommé Premier Ministre. Si ses trois clusters phares de sa coalition présidentielle, les Solidaires, les Multiculturalistes et les Révoltés se positionnent très majoritairement en faveur de cette option, la grande majorité des clusters est opposée à l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon à Matignon. C’est notamment le cas pour les deux clusters de gauche modérée qui, on l’a vu, sont tentés de voter pour la NUPES : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Seuls 25% et 29% des électeurs de ces deux clusters se disent favorables à une éventuelle nomination de Jean-Luc Mélenchon à Matignon tandis que 35% des Sociaux-Démocrates et 51% des Progressistes indiquent dans le même temps vouloir voter pour la NUPES. On perçoit le paradoxe et le risque pour l’alliance de gauche de « personnaliser » l’élection autour de Jean-Luc Mélenchon, dont la personnalité reste très clivante, tout particulièrement au sein de la gauche modérée.

Le constat s’applique également pour Marine Le Pen. Comme Jean-Luc Mélenchon elle fédère un socle d’électeurs très fidèles qui sont autant attachés à sa personne qu’à son programme. C’est le cas principalement des Réfractaires, des Identitaires, et des Sociaux-Patriotes. Pour autant, une victoire du RN aux législatives et la nomination de Marine Le Pen à Matignon créerait un rejet très puissant dans la majorité des clusters, y compris dans des clusters qui votent en partie pour elle. C’est le cas pour les Anti-Assistanat qui sont 52% à être défavorables à sa nomination, de même que 54% des Conservateurs.


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