Vu d’Espagne : la bataille des législatives françaises

mardi 3 mai 2022.
 

« Les élections législatives de juin détermineront la capacité d’Emmanuel Macron à gouverner dans un système français où la composition du gouvernement dépend d’une majorité à l’Assemblée nationale. Dans la Vème République, il y a eu trois cohabitations avec un président et un Premier ministre issus de partis opposés. »

Publié dans le titre de presse catalan Público, nous vous proposons la traduction de cet article d’Aída Palau Sorolla. Il a été publié sous le titre original « Désormais réélu, Macron met en jeu sa capacité à gouverner en jeu lors des élections législatives de juin ».

Dans le discours qui a suivi sa nouvelle victoire à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a déconcerté son public. Il affirmé que les cinq prochaines années ne seraient pas les mêmes que les cinq années qui venaient de s’écouler. Pour certains, ces mots sont un indicateur qu’il aura pour priorité les questions sociales et climatiques ; pour d’autres, il prédit un mandat dans lequel il gouvernera par décrets car il est possible qu’il ne renouvelle pas sa majorité aux élections législatives de juin.

Depuis que, par référendum, les Français ont approuvé en 2000 le passage du septennat au quinquennat, les élections présidentielles et législatives ont lieu au même moment. En théorie, la dynamique de l’homme politique qui remporte les élections présidentielles signifie qu’il obtient une majorité parlementaire suite aux élections pour renouveler l’Assemblée nationale.

Il y a eu, cependant, des exceptions où la France a eu un président de droite et un Premier ministre et un gouvernement de gauche. Trois cohabitations ont eu lieu dans l’histoire de la Vème République. La dernière fois que cela s’était produit, c’était pendant la période 1997-2002 avec un président de droite, Jacques Chirac, et un Premier ministre et gouvernement de gauche, avec le socialiste Lionel Jospin à sa tête.

C’est cette configuration que souhaiterait voir rééditée le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à ce qu’un front de gauche se présente ensemble aux élections législatives des 12 et 19 juin. De fait, des insoumis, des communistes et des verts négocient pour obtenir la majorité des circonscriptions tandis que les socialistes approuvaient la semaine dernière dans leur Conseil national (sorte de parlement interne) l’ouverture de négociations avec d’autres forces de gauche.

La gauche doit s’allier si elle veut avoir une chance de gouverner

« Pour survivre, la gauche a un impératif aux élections législatives. Ils n’ont pas réussi à s’unir aux élections présidentielles et à cause de cette désunion ils n’ont pas réussi à passer au second tour, mais maintenant ils ont une occasion historique de faire un grand gouvernement de coalition avec la France insoumise, les écologistes, les communistes et le PS, incorporant le social et le climat comme des priorités », explique le politologue français Pierre Lebret, ancien conseiller du gouvernement chilien de Michelle Bachelet (2014-2018).

Si mathématiquement c’est possible, politiquement c’est une autre paire de manches. Il faut trouver un terrain d’entente et laisser les désaccords pour plus tard s’ils veulent vraiment être une force qui pèse à l’Assemblée nationale et imposer une cohabitation comme cela s’est produit avec Jospin et Chirac à la fin des années 90.

« Chirac et Jospin étaient des politiciens de consensus, en plus c’était pendant une période de croissance économique. Maintenant c’est un peu différent car le contexte européen est différent et Macron et Mélenchon sont deux personnalités qui s’affrontent, ce sont des leaders très forts dans leurs partis respectifs. On aurait alors une cohabitation un peu plus mouvementée et avec beaucoup de contradictions », analyse Lebret à propos de ces deux hommes charismatiques qui viennent de la même famille politique, le Parti socialiste français. Mélenchon a été ministre dans le gouvernement avec François Mitterrand et Macron dans l’administration de François Hollande.

Le Pen espère faire sauter le verrou du front républicain

À l’extrême droite aussi, on rêve de ce troisième tour. Marine Le Pen l’a dit clairement dimanche soir. Elle pourrait entraîner derrière elle lors des législatives les électeurs de l’autre candidat d’extrême droite, Éric Zemmour. Il n’a pas d’implantation locale avec son parti. Mais dans ce cas, contrairement à la gauche, si cela est politiquement possible, c’est techniquement peu probable. Et c’est à cause de la nature du système électoral que donne les outils pour élever un barrage à l’extrême droite.

Le mode de scrutin des élections législatives est uninominal à deux tours par majorité. Les candidats qui obtiennent plus de 12,5% des voix passent au second tour. Cela rend difficile pour l’extrême droite d’obtenir des députés car, comme lors des élections présidentielles, un front républicain est alors mis en place, c’est-à-dire que si un candidat du Rassemblement national de Le Pen se qualifie pour le second tour, les autres partis, quel que soit leur camp politique, s’allient pour que le candidat d’extrême droite ne puisse gagner.

« Je trouve très difficile que Le Pen puisse gagner les élections législatives, mais je crois que Le Pen obtiendra plus de députés que la dernière fois en raison de la volonté de Zemmour de s’allier. Ce dernier n’a pas de parti, mais a un mouvement et une force électorale de 7 %, ce qui n’est pas négligeable » conclut l’analyste Pierre Lebret.

L’Assemblée nationale Français compte 577 députés, la majorité étant fixée à 289. Actuellement, le parti de Macron, la République en Marche, compte 267 sièges et, avec ses alliés centristes (MoDem, 57 et Agir, 22), domine la Chambre. Le groupe d’opposition majoritaire est le parti conservateur Les Républicains avec 101 députés, suivi loin derrière par le Parti socialiste avec 28 et la France insoumise qui en a très peu, 17 sièges. Le parti de Le Pen dispose de sept députés.

Traduction : https://lemondeencommun.info/vu-des...


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