Retraite : Les boniments du Président-candidat

vendredi 8 avril 2022.
 

Emmanuel Macron n’a pas coutume d’attacher beaucoup d’importance à la vérité. Encore moins en campagne présidentielle. Sur l’apprentissage à 12 ans, la retraite à 65 ans, le pouvoir d’achat ou McKinsey, Bernard Marx rétablit les faits.

Sur la retraite à 65 ans : quatre bobards pour un enfumage

Que dit Macron sur les retraites lors de son interview à France Inter ?

« De manière concertée et progressive, c’est faire travailler plus longtemps. Et la réalité c’est qu’aujourd’hui, en moyenne, en France, on ne s’arrête pas de travailler à 62 ans. La moyenne doit être à 63,5 ans. Et vous avez plusieurs millions de nos compatriotes qui vont travailler jusqu’à 67 ans. Et qui sont souvent des femmes qui ont des carrières hachées. Il y a une forme d’hypocrisie. Donc on décale progressivement l’âge légal. Ça, c’est à la négociation, mais en gros, on arrivera à 65 ans pour la génération née en 1969, ce qui veut dire que pour quelqu’un qui est à un ou deux ans de la retraite, il ne va pas passer du jour au lendemain à 65 ans. C’est pour permettre les progrès que sont les 1100 euros (de retraite minimum pour une carrière complète) et on tiendra compte également des invalidités qu’il faut laisser à 55 ans ; des carrières longues, qui garderont un avantage ; des métiers qui sont les plus pénibles et sur lesquels on ne peut pas travailler jusqu’à cet âge-là. Il y aura un système de bonus pour partir plus tôt. Je n’abandonne pas la grande réforme, mais je dis en parallèle de ça ce qu’il faut faire maintenant si on veut être sérieux, si on veut pouvoir financer ces progrès sociaux et pas laisser de dettes à nos enfants… »

Mensonge numéro 1. Actuellement, l’âge moyen de départ en retraite n’est pas de 63,5 ans mais de 62,2 ans (62,5 pour les femmes et 61,9 pour les hommes. Il est en augmentation depuis 2010, mais moins fortement depuis 2016).

Mensonge numéro 2. L’âge de cessation d’activité n’est pas le même que l’âge de départ en retraite, compte tenu des droits à la retraite pour carrière longue, des problèmes de santé et du sous-emploi des séniors de plus de 55 ans. L’âge effectif moyen de sortie du travail est de 60,6 ans pour les femmes et 60,5 ans pour les hommes. (Données OCDE 2019).

Mensonge numéro 3. Il n’y a pas plusieurs millions de personnes qui vont travailler jusqu’à 67 ans. Il y en a au maximum 150 000. Dont la moitié cumulent un emploi et une retraite et 40% sont des non-salariés. Selon les statistiques du ministère du travail, il y a en France, 3.840.000 personnes âgées de 65 à 69 ans. Leur taux d’emploi est de 7,5%. Soit une évaluation maximale d’environ 150.000 pour les personnes de 67 à 69 ans. Heureusement le système de retraite français permet à la grande majorité de la population de partir à la retraite avant 67 ans. L’âge de 65 ans à partir duquel on peut partir à la retraite sans décote, même si les durées de cotisations sont insuffisantes, est passé à 67 ans. Il n’existe pas encore de statistique sur l’impact de ce recul. Selon le COR, les départs à la retraite à 65 ans pour éviter la décote représentent environ 12% des retraités d’une génération. Soit moins de 100.000 personnes. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Il est probable que le nombre de personnes qui retarderont de deux ans supplémentaires leur départ à la retraite va augmenter. Mais Emmanuel Macron ajoute un trucage supplémentaire en disant que ces personnes, souvent des femmes, vont travailler jusqu’à 67 ans. Au contraire, elles seront massivement sans emploi et sans chômage.

Mensonge numéro 4. « C’est pour permettre les progrès que sont les 1100 euros (de retraite minimum pour une carrière complète) ». Rappelons que porter la retraite minimum à 1 000 euros pour une carrière complète faisait partie des promesses marconiennes post crise des gilets jaunes. Elle est passée sous le tapis. Si la promesse de 1100 euros de retraite minimum pour une carrière complète était cette fois ci réalisée, cela « coûterait » au maximum deux milliards d’euros. La retraite à 65 ans cela en « rapporterait » 3 fois plus en 2027 et 9 fois plus en 2032. À quoi s’ajouteront les économies sur les carrières longues puisque le candidat-président laisse le flou sur « l’avantage gardé » par celles-ci et que le Président-candidat s’est dépêché en 2017 de démanteler le « dispositif travaux pénibles ».


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