Macron : Explosion des Cabinets de conseil

lundi 4 avril 2022.
 

« On a du talent dans le privé » :début 2021, le ministre de la santé, Olivier Véran tentait d’expliquer aux députés le choix de confier l’élaboration de la stratégie vaccinale à McKinsey. Ce cabinet de consulting entretient des liens serrés avec Emmanuel Macron. Il y a recruté des conseillers ; il y compte des proches. Comme Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public, qu’il a connu à la commission Attali en 2007 et qui contribuera à sa campagne en 2017.

Le 18 janvier 2022, devant la commission sénatoriale (créée à la suite de la polémique suscitée par l’externalisation de gestion de la pandémie aux consultants), Tadjeddine ose : « nous payons l’impôt sur les sociétés en France ». Sauf que, d’après le rapport des sénateurs publié le 17 mars, grâce à l’optimisation fiscale, McKinsey n’aurait rien acquitté depuis dix ans. Tadjeddine enfume, Tadjeddine embrouille les sénateurs qui s’étonnaient d’un travail fumeux facturé 500 000 euros au ministère de l’éducation nationale. Et McKinsey s’en met plein les fouilles.

Mais pas seulement McKinsey : Selon la commission d’enquête, en 2021, l’Etat a versé plus d’1 milliard à divers cabinets de conseil (Boston Consulting Group, Capgemini, EY, PwC…) pour des missions de conseil en stratégie, en organisation ou en informatique. La ministre de la Fonction publique a elle aussi menti : à la commission, en janvier 2022, Amélie de Montchalin indiquait que les dépenses de conseil n’auraient atteint que 140 millions pendant chaque année du quinquennat alors que, en réalité, elles ont doublé de 2018 à 2021.

De fait, les consultants ont participé à la plupart des grandes réformes d’Emmanuel Macron. Si la France avait longtemps résisté à la « consultocratie », depuis la révision générale des politiques publiques (RGPP) de Nicolas Sarkozy le recours aux cabinets tend à devenir un réflexe au sein des administrations. Leurs agents perdent leurs temps dans des ateliers « disruptifs » où on les infantilise avec du lego – pour stimuler leur créativité – voire avec des gommettes. Et la qualité des rendus (notes, rapports…) des prestataires privés laisse beaucoup à désirer, par « manque de culture juridique » ou « absence de rigueur », explique la commission sénatoriale.

Les parlementaires formulent donc plusieurs propositions pour mettre fin à l’opacité des prestations de conseil – comme en publier chaque année la liste – ou encadrer le recours aux cabinets, (« mieux valoriser les compétences internes »). Des évolutions nécessaires mais insuffisantes pour débarrasser l’Etat de ces parasites et lui redonner son pouvoir de planification.

Damien Prat


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