Vladimir Poutine poursuit seul son offensive en Ukraine. Malgré la résistance, Kyiv tombera certainement dans les prochaines heures. L’Ukraine s’apprête à être occupée par les Russes mais les Ukrainiens n’en resteront pas là. Ils se battront pour leur pays et leur indépendance.
Une fois la guerre entamée, elle est un état de fait. Il ne pourra y avoir de solution, ni dans la capitulation devant l’agresseur, ni dans la surenchère guerrière. Voilà trois décennies au moins que le monde est revenu aux errements de la realpolitik et du jeu des puissances. De facto, on n’a jamais eu autant de guerres que depuis que la Guerre froide s’est terminée.
Où la logique de guerre a-t-elle réussi ? La puissance américaine n’a pu empêcher les Talibans de revenir au pouvoir à Kaboul. Le Sahel n’a jamais été pacifié. La Syrie et la Libye restent meurtries. Le Moyen-Orient est toujours une poudrière. La guerre, disait Clausewitz, est la politique poursuivie par d’autres moyens. On en finit par oublier la politique. Et c’est là que le bât blesse.
En temps de guerre, le soutien politique passe par une aide matérielle aux combattants. Et consiste à rendre possible une vraie négociation. Les Ukrainiens ont besoin d’armes. Les Américains et les Européens ne gagneront pas à leur place.
Les guerres se gagnent aussi par la force des économies et la solidité des sociétés. Isoler économiquement l’agresseur est une arme incomparable. Isoler moralement le fauteur de guerre et le mettre au ban des nations devient la reine des batailles. Mobiliser partout où c’est possible les sociétés pour soutenir les agressés est la clef de toute victoire.
C’est aussi la clef des issues positives. Or, dans la foulée du conflit, l’Union européenne se voit en stratège militaire et de défense. Ses Etats-membres renforcent leurs budgets militaires. La Suède et la Finlande veulent intégrer l’OTAN. Ces choix sont dangereux. Ils nous conduisent à une escalade de la violence et nous dirigent vers un avenir macabre.
Voilà quelques décennies que l’on nous installe dans l’idée que l’état de guerre n’est plus une situation d’exception, que rien n’est plus dangereux que l’angélisme, que le renforcement des armées et de la défense passent devant tout autre priorité. C’est au nom de leur statut de puissance mondiale que les États-Unis ont préféré sacrifier les dépenses sociales pour conforter le budget militaire. Cela a-t-il empêché le relatif déclin de la superpuissance américaine ? La démocratie américaine en est-elle sortie grandie ?
On préfère la realpolitik au multilatéralisme, l’OTAN à l’ONU : notre monde en est-il plus sûr ? Emmanuel Macron veut nous proposer cette voie. C’est une folie qui servira de prétexte à la mise en cause de notre pacte social et de notre démocratie. Abandonner le peuple ukrainien serait un déshonneur et ne servirait pas la paix. Choisir la course à la puissance est tout autant une folie.
Date | Nom | Message |